Axis

 

Auteur : Jonsim
Genre : Yaoi, hétéro, yuri, lime, aventure, fantastique.

Base : The Gundam Wing’s characters aren’t mine (once again !).

Traduction : Les personnages de Gundam Wing ne m’appartiennent pas, Axis est toujours à moi.
La réunion d’une famille et la création d’une grosse, très grosse n’équipe, qui promet de faire des dégâts !!! Wouahahahhahaaaha !


Chapitre 4 : Mystères et boules de gommes ?

 

Tôt le lendemain matin, seuls deux des pensionnaires de l’habitation étaient debout, fidèles à leurs habitudes, et se rencontrèrent dans la cuisine.
« Bonjour Wu Fei.
- Bonjour. La nuit a été tranquille. Aucun ennui ?
- Aucun… »
Wu Fei sourcilla. Sa main droite demeura en suspend quelques secondes alors que la gauche retenait la porte du réfrigérateur. Il contempla Heero alors que ce dernier préparait le café avec des gestes lents, pensif. Il ne le reconnaissait plus ou plutôt il comprenait ce qui se passait. Il pouvait ressentir ce qu’éprouvait son ami et était prêt à parier sa chemise (blanche, en l’occurrence, l’une de ses fameuses tuniques) qu’il n’avait pas dormi, qu’il avait même très certainement veillé sur le sommeil de son « bien-aimé » toute la nuit, empli d’appréhension et d’angoisse.
« Comment a-t-il dormi ? » Demanda-t-il d’un ton calme en déposant le beurre et le pain sur la table avant de se diriger vers le placard.
Heero ne releva pas le nez pour lui répondre, se passa les doigts des deux mains dans les cheveux puis laissa ses mains posées sur sa tête le regard dans le vague.
« Comme un bébé…Dit-il à mi-voix et Wu Fei se rapprocha, alerté, lorsqu’il le vit baisser la tête.
- Heero ! » Pensa-t-il en posant une main réconfortante sur son épaule.
Des larmes roulaient sur les joues du jeune homme sans même qu’il cherche à les retenir et s’était la première fois qu’il se montrait vulnérable à quelqu’un d’autre que Duo. Heero ne rejeta pas la main. La marque d’affection de son ami était la bienvenue tout comme la légère pression qu’il exerça avec ses doigts. Ils se connaissaient bien.
La cuisine était silencieuse. Seules s’entendaient les gouttes du café qui se faisait dans la cafetière électrique. Le ronronnement du réfrigérateur. Le grille pain renvoya ses toasts. La bouilloire chauffait doucement.
Un chant s’éleva à l’extérieur, rompant la tristesse et l’intensité du moment et les deux jeunes hommes relevèrent la tête, surpris. Une femme chantait. Sa voix était magnifique et Wu Fei se sentit subitement vibrer. Il lâcha l’épaule de Heero et se précipita à l’extérieur suivi de ce dernier.
Ils n’avaient jamais rien entendu de plus pur, de plus beau et de plus mélancolique. Cela aurait pu correspondre à l’humeur du moment et pourtant il n’en était rien. La jeune fille qui chantait, s’exprimait en une langue qui leur était inconnue et il leur semblait néanmoins comprendre le sens de ses paroles. Surtout Heero. Il lui semblait connaître ce langage pour l’avoir appris et quelque chose venait de s’enclencher dans sa mémoire. Cette chanson évoquait une lointaine contrée pourtant proche, de doux instants et de merveilleuses promesses de paix après une lutte sans merci.
Wu Fei courait presque. Il savait que celle qu’il entendait ne pouvait être que Dotty. La voix était douce, lui correspondait. Il le savait. Il l’avait su, d’instinct.
Merveilleuse, magnifique et magique. Il n’avait pu trouver que cela sur l’instant pour la qualifier lorsqu’il l’avait vue puis plus il avait passé de temps en sa compagnie plus il avait oublié ces qualificatifs idiots, ridicules pour simplement la trouver belle, douce et tendre. Forte. Elle possédait une immense force intérieure.
« Nous allons chez nos voisins Wu Fei ! Lui signala Heero, prudent devant le muret.
- Je m’en fous ! » Déclara le jeune chinois, qui prit appui dessus d’une main pour envoyer ses jambes réunies au dessus en une fois, d’un bond souple, avant de poursuivre sa course et il la vit, au bord de la piscine, les pieds dans l’eau, alors qu’elle achevait son chant.
Il ralentit, s’arrêta puis avança de trois, quatre pas hésitants, le cœur pris dans un étau.
Elle était assise contre un homme, lui aussi installé au bord de la piscine, les pieds trempant dans l’eau claire. Elle avait appuyé sa tête sur son épaule et lui avait son bras passé autour de la taille de la jeune fille. Le regard de Wu Fei ne pouvait plus se détacher du couple et de l’homme, de sa stature, de sa longue chevelure noire et souple, tressée, aussi longue que ne l’était celle du Shinigami. Ils leurs tournaient le dos.
« Joue ! Joue pour moi, oni-san ! Demanda tout à coup la jeune fille qui se redressa pour se tourner légèrement avec un très joli sourire et l’homme tourna un peu la tête avant d’accepter d’un hochement de celle-ci. Oh merci Axel !
- Il semblerait que tu te sois trompé sur son compte, mon ami. Déclara à voix très basse et pour lui seul, Heero, qui suivait également la scène à ses côtés mais pour une tout autre raison. Nous sommes ici en présence de celui que nous ne connaissons que sous le nom d’Axel. Elle le considère comme un frère, Wu. Tu n’as aucun souci à te faire.
- Oui, mais lui, comment la considère-t-il ? Murmura le jeune chinois, angoissé.
- Baka ! » Souffla son ami, exaspéré par tant de bêtise et de manque de confiance en soi.
Ils se turent. Celui qui, en toute vraisemblance, ne pouvait autre qu’Axel, élevait quelque chose à sa bouche et ils ne pouvaient voir ce que c’était.
Ce fut au tour de Heero d’être saisi par la beauté de ce qu’il entendit. Son regard s’agrandit et il avança, comme hypnotisé, vers le couple. Un air joué à la flûte venait de s’élever, un morceau typiquement japonais, très clair et mélancolique, pur. Chacune des notes paraissait se détacher dans l’air léger du matin, flotter un instant ou plutôt voler, oui, voler. Il pouvait les voir, chacune d’entre elles, s’envoler. Il s’était arrêté, fasciné, subjugué par la force de la vision qui s’imposait à son esprit en écoutant cette musique. Une musique divine, aérienne, pour une vision parfaite d’un monde nouveau dans un matin ensoleillé comme celui -ci. Ce n’était qu’un très doux appel vers la liberté, l’imitation, à s’y méprendre, de la mélodie du chant d’un oiseau.
Elle cessa brutalement, aussitôt ensuivie d’un cri, d’un appel effrayé, et il se secoua, surpris, avant de porter le regard vers le joueur de flûte qui venait d’inexplicablement s’effondrer sur le rebord de la piscine. Dotty était penchée au dessus de lui et Wu Fei arrivait à son secours. Il se dirigea vers eux, nota un léger mouvement de recul ainsi qu’une expression de surprise sur le visage de son ami vite réprimée puis il se pencha en posant un genou.
« Que faut-il faire Dotty ? Demanda-t-il avant de poser son second genou, interloqué, de se pencher un peu plus et de saisir la main qui se tendait vers lui.
- Rien…Dit le jeune homme, légèrement haletant, étendu sur le dos, d’une belle voix chaude, un peu plus grave que celle de Duo, qui trahissait une souffrance intérieure qu’il tentait de masquer, et son regard pers, frangé de courts cils noirs se plissa un court instant lorsque Heero saisit sa main. Je vais déjà mieux. Ce n’était que passager.
- Cette ressemblance ! Bredouilla Heero, éberlué. C’est impossible !
- Je vais chercher Shan ! Leur dit Dotty qui s’était entre temps relevée. Il est à l’ombre et vous avez ici de quoi lui donner à boire ! Si jamais…
- Tout ira bien ma douce ! Murmura Axel puis il eut un sourire fatigué son regard demeurant hors de portée du regard de Heero qui le dévisageait toujours, un peu pâle, encore surpris de sa découverte. Je suis en bonne compagnie. »
Le compagnon de Duo avait devant lui une version adulte de ce dernier, avec quelques différences de traits. Il y avait encore la différence de couleur des yeux et celle de la chevelure. Mais leur ressemblance était indéniable, jusqu’au physique mince et souple. Axel était sans doute plus athlétique que ne l’était Duo et plus grand. Cependant quelque chose n’allait pas et il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il avait pourtant besoin de formuler l’aboutissement de son raisonnement.
« Vous êtes frères. » Déclara-t-il, en contrôlant le ton de sa voix.
Axel ferma les yeux et déglutit péniblement. Il avait suivi tout le cheminement de pensée du compagnon de son jeune frère avec émotion et à présent qu’il le sentait si proche, il souffrait davantage de son absence. Ce vide il l’avait enduré des années. Il serra les mâchoires alors que les larmes lui brûlaient les paupières et inspira puis il attendit d’être calmé.
Heero avait énoncé cette vérité sans attendre de réponse. Il savait qu’il avait raison. Ce fut Wu Fei qui parla. Il s’exprima avec une rare courtoisie, d’une voix exceptionnellement douce, veillant à ne pas heurter les sentiments et les émotions de leur hôte bien involontaire puisqu’ils avaient imposé leur présence et ce qu’il dit choqua Heero.
« Je suis plus qu’honoré de faire la connaissance du frère aîné de Duo et je suis admiratif devant tant de pugnacité. Dit-il doucement. Néanmoins, lors de vos recherches, comment savoir, car vous avez dû vous retrouver confronté à ce problème, si les jeunes gens que vous retrouviez, étaient bien votre frère ? Vous avez perdu la vue lors de l’accident qui vous a tous deux séparés, n’est-ce pas ?
- Les signatures mentales. Répondit Axel, qui souleva les paupières sur son regard aveugle et Heero comprit alors ce qui l’avait perturbé, sa fixité. Je me basais sur leurs signatures mentales. Je n’avais pas besoin de leur parler. Je savais. »
Il tenta de décoller ses épaules du sol en remontant son bras libre pour prendre appui sur son coude, grimaça puis se sentit décoller avec surprise, soulevé par un bras puissant. Il tourna son visage vers celui du jeune homme qui venait de l’aider et sentit son souffle un bref instant sur ses lèvres. Si lui ne s’en formalisa pas, il ressentit le trouble qui saisit Heero et sourcilla, ennuyé. Il ressemblait trop à Duo.
A leur mère. En partie seulement. Ils devaient avoir la forme de son regard.
« Décris le moi ! Demanda-t-il adoptant volontairement le tutoiement, complice, en conservant le visage levé vers le sien, souriant, et il tapota amicalement la poitrine de Heero du poing. Allez, vas-y. Je sais que nous présentons quelques différences. J’ai bientôt vingt ans et lui en a un peu plus de dix sept, je le sais ! Tout ce que je peux te dire c’est que mes yeux sont de la couleur de ceux de ma mère et j’ai les cheveux aussi noirs que mon père les avait. Je ne sais pas à quoi je ressemble. Je ne peux m’en faire qu’une vague idée d’après le peu de souvenirs que j’ai et une photo que je possède mais je ne la vois pas. On me l’a dit. Cette photo, je l’ai conservée pour lui.
- Sa chevelure est…Elle… »
Heero baissa la tête. Il retenait contre lui, adossé contre lui, un homme, non un homme-enfant comme son Duo. Il se sentait à la fois impressionné et perturbé. Troublé par les similitudes et cependant certain de ses sentiments pour son compagnon.
Il y eu quelques sons étouffés, un mouvements, plusieurs personnes s’agitèrent autour d’eux. Il ne remarqua rien, perdu dans ses pensées. Il ne nota pas la main d’Axel qui se levait, son sourire ébloui. Il ne vit même pas la personne qui venait d’arriver et qui s’agenouillait avec lenteur auprès d’eux, qui prenait la main tendue d’Axel, qui se penchait sur lui et qui enroulait son cou de son bras libre alors que sa chevelure défaite s’étendait en un châle soyeux sur son dos et tout autour d’eux. Il ne réagit que lorsqu’il vit les deux têtes l’une contre l’autre et qu’il entendit Duo pleurer.
« Duo ! Murmura-t-il, le cœur brisé.
- Duo, shhh, petit homme ! » Balbutia Axel, pas très fier.
Epuisé par les crises à répétition qu’il endurait depuis quelques jours et empathe, il fut soudain incapable de gérer son émotion ainsi que celles de son frère et ce jeune homme qui se tenait auprès d’eux. Il se réagit de la même façon que Duo et se retrouva rapidement au bord des larmes.
« Tu vas me faire pleurer aussi ! Nous nous sommes retrouvés ! Bredouilla-t-il tandis que Quatre et Trowa s’approchaient, en particulier Quatre qui affichait un visage angoissé. Non ! Je ne partirais plus ! Ne pense pas à ça ! Arrête de penser à…
- Axel ! S’écria-t-on d’un côté alors que ce dernier devenait livide et Angel ainsi qu’un grand roux s’étaient précipités arrivant de la maison.
- Duo ! S’exclamait-on de l’autre, tandis que le jeune homme glissait avec un soupir sur le côté mais Axel le retint d’un bras puissant surprenant tout le monde.
- Ecoute moi ! Nous sommes liés, il faut que tu contiennes tes émotions, Shinigami ! Dit-il d’un ton ferme, avant d’inspirer avec force, puis de se retenir de sa main libre à Heero, qui les retenait tous deux contre lui. Aide le à s’asseoir, il va remettre de l’ordre dans ses idées. »
Moins de vingt minutes plus tard, assis tous trois sur le canapé du salon, Duo entre eux deux, Heero et Axel suivaient, chacun à leur façon et légèrement perplexes, l’animation qui régnait dans la pièce. Seul Duo semblait s’en amuser et partait de temps à autres dans des gloussements étouffés lorsqu’il n’en riait pas franchement.
« Dans quelle galère me suis-je embarqué ? S’interrogeait son aîné, amusé malgré tout des réactions du jeune homme, et il ne pouvait que ressentir de sa part une formidable joie de vivre à l’heure actuelle, sans oublier ce qu’éprouvait Duo pour son compagnon. Il l’aime tant. Malgré ce qu’ils vivent tous les jours. Ce garçon est surprenant. Dire que j’ai tout à apprendre de lui, d’eux. Je ne me souviens que d’un tout petit garçon cocasse, chaleureux, affectueux et tendre. Ce qu’il est demeuré mais il a beaucoup changé. La dureté et la cruauté de Shinigami sont présentes, sous jacente, prête à bondir pour le protéger. Il doit apprendre à mieux contrôler sa part de l’Ombre. »
Les inviter à prendre le petit déjeuner chez eux et du coup se retrouver à manger à dix à table était considérée comme étant une mission délicate pour certains. C’était cela qui faisait rire Duo et sourciller Heero, qui créait autant d’agitation. Certains étaient aux fourneaux, Dotty et Trowa, d’autres, tels Shan, un grand roux impressionnant, Timothy, son compagnon, surnommé Tim par tous, et Quatre, mettaient la table dans la grande salle à manger.
Le dénommé Tim avait posé quelques problèmes d’identification aux Gundam Boys et ils n’avaient su, au premier abord, comment se comporter avec lui mais il les mit immédiatement à l’aise en leur proposant quelque chose à boire.
A première vue, Tim ressemblait à une jeune fille, avec ses longs cheveux blonds dorés, l’extrême finesse de ses traits et sa structure osseuse délicate. Il était, de plus, vêtu d’une sorte de longue tunique vert pâle, en réalité un kaftan, assorti à la couleur de ses yeux ce qui n’arrangeait rien.
Son teint était très clair. Porcelaine était plus le terme adapté et il avait de très longs cils, d’immenses yeux, une peau fine, une mignonne bouche, petite et rose. Tout en lui paraissait si féminin, jusqu’à ses gestes, gracieux, mais non maniérés, délicats et naturellement gracieux. Il était tout simplement ravissant.
Il s’était tout naturellement entendu et de suite, avec Quatre alors que Shan, son compagnon, ce rude gaillard d’un mètre quatre vingt douze, s’était immédiatement trouvé un ami en Trowa.
Il y avait certaines similitudes entre ces quatre là qui faisait qu’ils ne pouvaient que bien s’entendre. Cependant, Tim avait trouvé un autre ami en la personne de Wu Fei. Ils étaient tout deux des lettrés et cela suffisait à les rapprocher. Tim parlait également couramment le chinois et possédait plusieurs ouvrages que le jeune homme ne possédait pas.
« Eh bien ! On a pas fini de les entendre bavarder ces deux là ! Commenta Duo, après avoir avalé sa bouchée, le menton appuyé sur sa main, amusé.
- Je suppose que cela les changera de tes bavardages ! Habituellement c’est toi qui tient le crachoir mon vieux ! Déclara tranquillement son frère, taquin, qui avait dirigé son visage vers lui et Duo lui sourit même s’il savait qu’il ne pouvait le voir.
- Ca me changera moi ! Dit-il, d’un ton heureux. La vache ! Vous ne vous rendez pas compte ! Votre arrivée me procure de sacrées vacances ! Je vais pouvoir me consacrer à mon homme et pas seulement au bien être de tous ! C’est cool d’être égoïste pour une fois !
- Je le savais ! S’exclama Wu Fei en colère, qui avait suivi l’échange. Tu as toujours fait le clown pour nous !
- Arrête tes conneries, Wu Fei ! Mon frère ne supporte pas les charges émotionnelles trop fortes en ce moment ! Déclara Duo d’un ton urgent en entourant Axel de ses bras alors que celui-ci serrait les mâchoires, les mains agrippant le rebord de la table avec force, très pâle. Respire Axel. Respire… »
Ce fut comme dans un rêve qu’Axel sentit le visage de son frère se présenter sous le sien baissé. Duo souriait et il rapprocha son visage pour déposer un baiser sur son nez.
« Tu m’embrassais le nez. Murmura-t-il, d’un ton rêveur. Je ne me souviens que de cela. Un visage très jeune, des yeux bleus et verts et un bisou sur le nez lorsque je tombais. Je devais tout juste marcher. Non. Non, ne pleure pas… »
Axel craquait. Après toutes ces années, il cédait aux pleurs. Il réfugia son visage dans l’épaule de l’homme qu’était devenu son frère et se laissa aller au moment de faiblesse salutaire en l’enserrant dans ses bras, oubliant tout ceux qui se trouvaient autour d’eux. Il avait simplement besoin de libérer ce trop plein d’émotion.
Ses pleurs, âpres et douloureux, touchèrent et bouleversèrent tout ceux qui se trouvaient autour de la table. Dotty sortit accompagnée de Wu Fei et leur exemple fut bientôt suivi par tous les autres. Le dernier à sortir fut Heero que Duo rassura d’un coup d’œil. Son frère et lui devaient rester seuls.
« Mieux ? S’enquit-il dans sa langue maternelle alors qu’Alex reprenait son souffle et se mouchait avant de se rejeter contre le dossier de sa chaise.
- Oui, merci… Répondit ce dernier à mi-voix dans la même langue. Excuse moi. Tu dois avoir une bien piètre opinion du grand frère que je suis sensé être ! »
Duo fixait son frère avec fascination en se disant qu’avec lui il allait de surprise en surprise et qu’il n’avait certainement pas fini de découvrir d’autres facettes d’Alex. Ce qui venait de le frapper était son accent irlandais, plus marqué que celui d’Angel. Puis quelque chose lui revint en mémoire, sans doute en raison de cela. Le visage d’un homme. Il eut un léger vertige, se rattrapa au rebord de la table, scruta les traits d’Alex qui pivota la tête vers lui, le regard élargi.
« Je me demandais quand cela allait te revenir…Murmura-t-il alors qu’une larme glissait sur sa joue et Duo sentit ses propres larmes lui monter aux yeux.
- Tu ressembles à papa ! Dit-il dans un souffle, le cœur martelant sa poitrine douloureuse. Seigneur ! Il m’aura fallu tout se temps et te voir pour m’en souvenir ! Tu as les yeux de papa, sa chevelure…Tu lui ressembles c’est fou !
- Je ne sais toujours pas à quoi tu ressembles ! Déclara Alex après avoir péniblement dégluti, d’un ton contrôlé, qui gardait ses mains posées à plat sur la table devant lui, toujours légèrement pâle.
- Les traits de mon visage sont presque similaires aux tiens mais mes cheveux sont châtain clair et mes yeux sont…Commença Duo, d’une voix tremblante, qui réalisait que lui aussi ressemblait à leur père, mais il fut interrompu par son frère.
- Semblables à des améthystes, pures et sans taches, brillantes, lumineuses, au clair matin, le regard des fleurs de ma pensée, un regard que je n’oublierais jamais, forget me not…Poursuivit et acheva ce dernier alors que l’adolescent le contemplait bouche bée puis il sourit.
- C’est joli ! Dit-il appréciateur, avec un large sourire.
- Notre père a écrit cela. Un poème pour notre mère. C’est d’elle dont tu tiens la chevelure et le regard. Tu es beau, petit frère, je le sais, Heero m’a aidé à te voir. Avoua Alex avec un sourire sincère et Duo se surprit à rougir. N’aie crainte, je ne suis pas de ceux qui usent de leurs capacités pour jouer les voyeurs ou abuser ceux qui n’en possèdent aucunes. Il existe des lois pour les New Types, des lois que nous avons ratifiées entre nous et que nous respectons. Nous n’utilisons nos capacités que contre nos ennemis. Je sais ce que tu veux me demander mais non pas maintenant, je ne veux pas parler de cela maintenant.
- Tu lis vraiment dans les pensées ! A ce niveau là c’est affolant ! Soupira Duo, déçu, qui avait eu l’intention de lui demander quels étaient ses « pouvoirs ».
- Gamin ! Le taquina son frère, amusé, avant d’avancer une main pour lui saisir le nez en se penchant et Duo recula mais Alex fut plus rapide.
- Hey ! S’exclama le jeune homme et son aîné se mit à rire.
- Tu es par trop impatient Daniel ! Déclara Alex avec un large sourire avant de lui relâcher le nez et le regard de Duo s’agrandit.
- Co-co-comment m’as-tu appelé ? Demanda-t-il estomaqué.
- Daniel. Ton vrai nom. Daniel Edward Mackensie et nous ne sommes pas irlandais mais écossais. Lui révéla son frère avec calme en s’appuyant contre la table. Tu as visiblement eu un réflexe inconscient en voulant prendre le nom que tu portes actuellement et qui se rapproche de celui d’origine. »
Le jeune homme se tut puis se passa une main sur le front d’un geste rapide en sourcillant. Duo le surveillait depuis quelques secondes et avait noté sa fatigue. Alex soupira, puis posa ses deux mains à plat sur la table en repoussant sa chaise.
« Pourrais-tu m’aider à rejoindre ma chambre ? Demanda-t-il en se redressant avec lenteur. Je…
- Al ! » S’écria Duo effrayé en le voyant s’effondrer comme une masse et il s’élança.
Il n’eut que le temps de le retenir avant que celui-ci n’atteigne le sol et appela à l’aide d’un ton angoissé. Alex était si pâle et il ne sentait presque pas son pouls. Il ne voulait pas perdre le seul être qui lui restait au monde, Heero mis à part, et qu’il venait de retrouver. Il ne comprenait pas pourquoi, paraissant si solide, son frère développait des crises de « mal d’évolution ». Il ne comprenait pas ce que cela pouvait être et pourquoi il devait souffrir de la sorte. Cela semblait être un passage obligé, un cap dans le développement de ses capacités.
« Tu as mis le doigt dessus »
Alex le contemplait, étendu dans son lit, simplement recouvert d’un drap. Il avait été transporté de la salle à manger par Shan jusque dans sa chambre puis examiné par Tim qui semblait avoir des connaissances en médecine. Ils avaient ensuite été laissés seuls. Heero était présent, il se tenait discrètement assis au pied du lit alors que Duo était assis sur le bord du lit auprès de son frère.
« Je vis une évolution un peu difficile en ce moment parce que je vais atteindre ma vingtième année et que je… Comment traduire cela sans paraître trivial ! Soupira le jeune homme en ouvrant les mains dans un geste traduisant l’embarras et Duo sourit.
- On a compris. Ce n’est qu’une question d’hormones ! Dit-il avec un grand sourire. La jolie Angel, c’est cela ?
- Grands Dieux ! Non ! Que vas-tu imaginer là !? Certainement pas !! Protesta avec vigueur d’instinct Alex avant de doucement rire. Angie ? Non, c’est une petite sœur. Enfin petite, elle n’est plus si petite et elle peu même s’avérer mortellement dangereuse pour toute personne qu’elle aurait choisie pour cible ! »
Il avait rajouté cela avec une lueur de fierté dans le regard. Heero, un peu plus loin eut un sourire. Angel devait être une combattante efficace pour que son frère l’estime aussi capable.
« Pour tout t’avouer, si je suis sexuellement opérationnel, je mène une vie d‘ascète. Pas de temps pour le sexe et encore moins pour l’amour ! Avoua Alex après s’être éclairci la gorge, légèrement embarrassé. Mon évolution se faisant tout les cinq ans, mon corps et mon esprit doivent être en harmonie. Hum, ce n’est pas le cas. Cependant… »
A ce moment là, Duo constata avec surprise la coloration que prirent les joues de son frère puis il vit son sourire gêné et sa main venir se poser sur sa cuisse avant que ce dernier ne la lui tapote gentiment.
« Je suis absolument désolé, j’ai fait ce que j’ai pu. Je ne voulais pas que cela arrive mais cela c’est fait bien malgré moi, j’étais avec vous lorsque…euh…Tu comprends ? Emit-il contrit et de plus en plus rouge.
- Hein ? Coassa bêtement Duo les yeux comme des soucoupes pendant que Heero se contenait à grand peine de rire, après s’être un instant éclairci la gorge lui aussi. Kess tu veux dire ??
- Dan ! Gémit son frère de plus en plus embarrassé et littéralement pivoine, qui se frappa le front. Bon Dieu ! Il faut que je te le dise comment ? J’étais dans ta tête pendant que tu faisais l’amour à Heero ! Est-ce assez clair ? »
Un rire tonitruant se fit entendre pendant que Duo, interdit et au moins aussi rouge que ne l’était son aîné, fixait ce dernier interloqué, désorienté et se sentant plus que décalé.
« Surréaliste ! Fou ! Tout ce qui m’arrive est zarb à mort ! Super et dingue à la fois ! J’ai un frangin que je trouve super, que j’ai aimé dès le premier contact et dès le premier regard et ce type peut faire des trucs… des trucs…Eh mais il est rentré dans ma tête pendant que… que je … et l’autre qui rit comme un régime de bananes !! Ah il est beau le Heero ! C’est la totale décongélation !! » Pensa-t-il alors que la moutarde lui montait au nez et il s’apprêtait à les tancer vertement, les sermonner, bref à leur faire passer un sale quart d’heure lorsqu’il nota leurs expressions en se tournant vers eux.
Il les contempla, l’un après l’autre. Heero avait cessé de rire. Il se remettait de son fou rire, renouait le lien de cuir autour de sa chevelure en bataille après avoir rassemblé celle-ci. Il releva la tête puis adressa un sourire splendide à Duo qui le lui rendit, incapable de faire autrement. Le sourire était sincère et spontané et ma foi, il s’agissait de son fiancé, l’homme le plus tendre et le plus sexy de la terre.
Il reporta son regard sur son frère dont la rougeur avait progressivement disparu et qui attendait, anxieux. Duo se pencha incapable de lui en vouloir, et lui posa une main sur la joue.
« Je t’aime. » Dit-il simplement.
Puis il posa ses lèvres sur celles d’Alex en un long baiser chaste. Il n’avait voulu que cela et il eut mille, dix mille fois plus.
Il sentit les mains de ce dernier se poser avec lenteur sur ses bras puis il y eut une sorte de déclic qui se créa quelque part au niveau de l’arrière de sa tête.
Au centre de celle-ci, à l’intérieur, un point blanc lumineux naquit, minuscule au début.
Hurlements.
Dans la chambre.
Dans le salon.
« Quatre ! » S’exclama Trowa, angoissé, qui retenait contre lui son compagnon qui hurlait de terreur et de douleur à la fois tandis que Shan se précipitait en désignant les escaliers du menton à son compagnon.
« Va ! Je me charge de lui ! Ils ont besoin de toi là haut ! Angie est avec Dotty !
- Il va falloir s’aligner et sur cinq esprits à la fois ce ne sera guère simple ! Lui jeta Timothy en grimpant les escaliers quatre à quatre, étrangement plus masculin d’aspect que d’ordinaire.
- On fera avec, on en a vu d’autres ! Lui renvoya Shan avec humour.
- Ah oui ? Avec Alex en axe principal ? Ironisa son compagnon avant de disparaître en haut des marches.
- Fait attention à toi ! Murmura Shan, inquiet, connaissant la puissance dévastatrice de l’esprit de leur ami. Je t’en prie ma vie, fais attention !! »
Blanc. Blanc. Blancheur, immaculée, puissance, ivresse, douleur, souffrance, peur. Peur de faire mal.
« Je n’ai pas peur. »
Duo savait qu’il n’avait pas de corps physique dans cet endroit blanc mais il pouvait sentir et il sentit des mains et une présence. Il les reconnut. Il se trouvait avec quelqu’un qu’il avait connu enfant, depuis si longtemps que sa mémoire, restituée, ne pouvait que l’identifier.
Il sentit les bras l’entourer et se réfugia contre lui en toute confiance. La peur s’évanouit laissant place à la paix et à la force, au calme et au bien être.
« Moi aussi je t’aime petit frère, tu m’as manqué. »
Il sentait son corps, fort et doux. Sa présence, protectrice. Son pouvoir, ses pouvoirs.
« Oui je sais. Mais tu n’es pas Shinigami pour rien. Ce n’est qu’une partie de tes capacités et Quatre les a senties en toi. Tu es New Type. Tes capacités sont bloquées pour des raisons compréhensibles. Tu n’as plus besoin de te dissimuler. Laisse aller. Je te tiens. »
Laisse aller. Duo laissa « sortir », littéralement exploser sa propre lumière et émit un cri de souffrance lorsque son aura, intense, lumineuse, apparut autour de son corps, oscillant entre le vert et l’indigo.
« Bien ! Murmura Timothy, en sueur, qui était agenouillé près du lit et qui avait une main posée sur le front de chacun des frères. Maintenant les gars, je vous fais confiance, vous êtes en alignement parfait ! Alex, reviens et charge toi de ton frère, je dois venir en aide à Heero, il est en stase. »

 

A suivre...