Grottes féeriques
grottes féeriques
Auteur: Westerly
Source: Gundam Wing
Chapitre 5 : Le Tombeau de l'Amour
"Wufei ?"
Son appel retentit dans l'édifice, se répercutant entre les parois du vieux temple abandonné. Ce fut à cet endroit que dix ans plus tôt, l'oncle de Trowa, un vieux mage, trouva le baluchon contenant Wufei, alors âgé de quelques mois. Trowa sourit à ce souvenir. Du haut de ses cinq ans, il avait tenu le bébé quand il marchait pour la première fois, atterissant dans ses bras au moindre écart trop grand de pas. A présent, alors que se profilait son vingt-quatrième anniversaire à l'horizon, il n'était plus sûr que d'une chose : l'amour qu'il chérissait pour Wufei n'était pas qu'un joli sentiment fraternel, non, plus maintenant...
"Wu ?"
Aucun bruit de prévint la soudaine apparition derrière lui. Il ne se rendit compte de la présence du Chinois que lorsque celui-ci l'entoura de sa taille et se colla à son dos.
"Wufei..."
Il ne put que murmurer son nom avec soulagement alors que Wufei se déplaçait lascivement autour de lui sans le lâcher, le laissant lever son bras pour qu'il puisse arriver devant lui, gardant son corps pressé contre le sien. Il enfouit son visage contre la tunique ouverte du jeune Français. Ce dernier se rendit compte que jamais aucune de leurs étreintes précédentes n'avait été aussi intéressée...Trowa attendait ce moment depuis trop longtemps pour qu'ils se hâtent et détruisent le sentiment si fort et partagé depuis tant de temps, dévoilé par leur patience mise à l'épreuve...Puis il sentit les larmes sur sa peau, il sentit les bras l'enserrer plus fortement, il sentit les sanglots le secouer à l'unisson avec l'homme de ses rêves.
-Wufei, qu'y a-t-il mon amour ? Demanda-t-il avec inquiétude, caressant les soyeuses mèches brunes qui chatouillaient son menton.
-Je..J'ai failli mourir, Trowa...J'ai failli partir...Te perdre pour toujours...Et regarde-moi ! Je suis pitoyable ! Un soldat qui pleure au moindre danger...Je me fais honte !
-Wufei !! Je t'interdis de penser ça tu entends ! Cria Trowa en le secouant violemment.
-Mais...
-Tais-toi ! Que la peur de mourir t'aveugle, ça je peux le comprendre, mais ne te dénigre jamais plus de cette façon ! Tu es un des hommes les plus courageux que je connaisse et je suis fier de toi ! Alors cesse, je t'en prie, murmura finalement Trowa en se détournant de lui, des sentiments comme l'incompréhension, la confusion de s'être emporté ainsi et l'amour se bousculant dans son esprit et dans son coeur.
Wufei reste un moment suspendu dans ses gestes et perdu, si ce n'était pas complètement perplexe. Il le contourna à nouveau et captura son regard, se recollant à lui de façon éhontée qui ne correspondait pas à son comportement de tous les jours. Mais voilà, on était pas tous les jours et il avait failli perdre ce qu'il possédait de plus cher alors...Il chercha les bons mots, ceux qu'il faut dire dans de pareilles situations, ceux qui expliquent tout d'un coup, sans aucune hésitation possible...Deux se profilèrent à l'horizon de ses lèvres, il en usa aussitôt comme l'on utilise la première idée d'une grande série lorsqu'on cherche à se prouver quelque chose.
"Embrasse-moi." Et ainsi fut fait.
Ne résistant pas à l'appel de son coeur, Trowa s'accapara les douces lèvres offertes du Chinois.
Le temple fut seul témoin de leur amours, mais ses mille visages millénaires turent leur savoir. Les ébats des amoureux restèrent un secret porté par les sculptures de pierre du berceau de Wufei...
******
-YAAAAAAAAAA!!!!!!!!! Je suis désolé ! Pardon !
Quatre ouvrit brusquement les yeux et tilta un moment avant de comprendre le pourquoi du comment. Il sourit à la vue d'un autre petit blond embarrassé, rouge pivoine, qui tentait tant bien que de mal de baisser le regard de son corps dénudé.
-Je suis désolé de te gêner, s'amusa-t-il, mais au palais, la pudeur n'existe pas entre les hommes, enfin, la plupart du temps. Tu allais au bain ? Questionna-t-il doucement.
-Oui...Mais...
-Si tu es vraiment gêné, je peux te laisser place libre et revenir plus tard, aussi non, je serais ravi de pouvoir discuter avec toi ! Tu m'accompagnes ?
Louis réfléchit un moment...L'aimable Quatre ne le laissait pas indifférent, l'accompagner relevait du pêché de la tentation, refuser serait le froisser après la gentillesse avec laquelle il le lui avait proposé...Il releva la tête pour la hocher vigoureusement en souriant, mais la rebaissa aussi sec en s'empourprant davantage si c'était possible.
-D'accord...Balbutia-t-il en se tortillant sur place.
-Okay, je t'attends alors. A tout de suite.
Louis hocha la tête sans oser relever son regard sur Quatre ; ce qui ne l'empêcha pas de le faire quand il se détourna enfin, le laissant seul dans l'anti-chambre où il devait se dévêtir.
******
Amadeo resta seul après avoir aidé la population de Wingarms. Il s'enthousiasmait encore de la façon dont les gens l'avaient remercié de son aide : les femmes lui avaient baisé le front, les jeunes filles s'étaient inclinées royalement devant lui en de parfaites révérences, les hommes l'avaient remercié oralement en lui tappant gentiment l'épaule avec chaleur et les enfants...ces petits diables l'avaient enlacé fortement, l'embrassant sur la joue parfois ou lâchant quelques larmes dans son cou...il aurait aimé avoir un jour des enfants...Rien que pour ces sentiments dévoilés il faisait bon de vivre, même s'ils résultaient de tant de souffrance, même s'ils n'étaient que tristesse : quelle joie de pouvoir vivre comme eux quelques secondes seulement...Avoir l'impression de vivre comme tout le monde, lui, le descendant damné de la famille de Shinigamir...
-Amadeo ? Appela une voix qu'il appréciait beaucoup.
-Je suis là, répondit-il avec un sourire : il pourrait reconnaître ce timbre chaud, froid et légèrement nasillard n'importe où. Tu peux t'asseoir si tu en ressens l'envie.
Il entendit les cailloux s'entrechoquer près de lui et sentit le frottement des ses vêtements contre le corps à présent à ses côtés.
-Tu vas bien ? Interogea Heero, fixant les rochers à ses pieds. Enfin, je veux dire...Je t'observe depuis un moment et ton expression semblait triste...
-Moi ça va, et toi ?
Heero éluda la question avec un geste de la main.
-Louis est avec Quatre, Duo dans le château avec ma soeur, Hilde et les ministres de mon père, mais je n'ai pas revu Tro et Wu, tu les as aperçus ?
-Wufei est parti au temple dés ton départ et Trowa l'y a rejoint peu de temps après. Ils avaient vraisemblablement des choses à mettre au clair et ils font bien de parler...
-Alors tout va bien...Amadeo ? Appela Heero, anxieusement.
-Oui ?
-..."Dis-lui, demande-lui...L'un des jumeaux est mauvais." /Mais est-ce lui ?/ "Demande-lui, il connaît les réponses."
-Heero ?
-Pourquoi es-tu ici, avec nous, au lieu d'être avec ton frère Zechs à Escapian ?
-En gros pourquoi suis-je son frère damné ? Es-tu sûr de souhaiter la vérité ?
-...Oui.
-Bien...
Amadeo inspira longuement. Les choses se précipitaient mais il en était mieux ainsi...il se positionna plus confortablement contre la colonne brisée jonchant la route. Il fixa un point connu de lui seul et conta brièvement son enfance heureuse...
-...jusqu'au jour où mon père, le jour de nos quinze ans, se déplaça pour recevoir un oracle de la part de la Fée de la Caverne aux Cristaux de Cobalt Pur. Il partit l'avant veille d'un vendredi et ne revint que le dimanche. Sur les vingt soldats qui l'avaient accompagné, cinq seulement se tenaient à ses côtés.
Quand, le soir venu, mon père est apparu, ma mère à son bras, dans la salle du dîner, il m'a longuement regardé, les yeux dans les yeux : et moi, je lui souriais, je n'ai pas cessé de lui montrer que j'étais très heureux qu'il soit rentré. Et il a baissé la tête et fait signe à deux de ses soldats. Sans explication, ils m'ont empoigné chacun d'un côté sous les pleurs et les cris de supplication de ma mère, et ils m'ont chassé du Royaume...J'ai longtemps erré sans but fixe et Zechs m'a ensuite fait rechercher...A l'époque, nous étions comme les deux parties d'une même pièce...Il m'a retrouvé alors que je travaillais das une maison close pour gagner ma vie. Il m'a révélé que l'oracle avait prononcé les mots fatitidiques pour un roi : destruction du Royaume. Il me conta que j'étais destiné à détruire le Royaume de mon père, que j'étais son fils damné...Celui qui apporte la damnation dans son sillage...Elle était pourtant bien loin du compte...Je lui ai souri et je lui ai dit : "Je t'aime Zechs, à bientôt." Je ne l'ai pas revu depuis...
-Etrange comme le destin s'arrange toujours pour se réaliser, tu ne trouves pas ? Demanda Heero en posant sa tête sur l'épaule à sa droite.
-Oui, je pense comme toi, avoua Amadeo sans bouger, tentant de saisir le vent entre ses doigts fins.
-Mon grand-père m'a toujours dit que je serais son digne successeur à sa mort. Il reprochait à mon père de ne pas avoir les capacités de le devenir à sa suite.Alors il m'a éduqué en conséquence...Aujourd'hui, je me rends compte que tout ce qu'il m'a dit est véridique : je suis le protecteur de Wingarms, et mon destin est scellé à celui de Duo, qui lui protège Acarpia...Mais nous sommes des antithèses parfaites...
-Et pourtant, tu ressens quelque chose pour lui, continua Amadeo, tissant les fils jetés par Heero.
-Je ne ressens que du désir pour lui, je veux dire, c'est purement physique, j'en suis persuadé...Enfin, tout ça pour aboutir au fait que je rejette cette partie de moi qui doit endosser les responsabilités d'un Royaume entier, qui doit aimer Duo malgré elle, qui doit sacrifier sa vie...
-Aucune partie de nous-même de doit être chassée Heero, elles ont toutes une place précise en nous et leur présence est d'une importance monumentale. Chacune d'elle forme ton caractère, elles te modèlent selon leur propre moule et tous ces moules mélangés donnent naissance à ton toi intérieur, ton vrai visage, si tu veux... Quoi ? Demanda-t-il en sentant le regard prussien sur lui.
-Rien, répondit Heero en souriant mystérieusement, enserrant ses genoux de ses bras, continuant pourtant d'admirer le blond sans se cacher.
Celui-ci lui rendit son intérêt en haussant ses adorables sourcils délicieusmenet arqués. Il sourit malicieusement en se penchant vers lui avec une lenteur insoutenable qui, bien sûr, permettait au brun de se détourner, mais il ne bougea pas d'un pouce attendant le moment fatidique. Il en fut étonné et ravi, réduisant rapidement les quelques centimètres qui les séparaient encore. Il caressa sensuellement ses lèvres rouges, les parsemant de son souffle chaud pour enfin les déguster l'une après l'autre, avec douceur et attention. Heero se laissa modeler avec grand plaisir...Rien à voir avec le baiser et les paroles de Duo, il se sentait plier comme une jeune liane, son corps ne lui répondait plus et réclamait toujours plus. Mais Amadeo le relâcha, conscient de la maléabilité du corps entre ses mains. Il ne s'écarta pourtant pas et garda Heero dans ses bras. Celui-ci s'y laissa bercer et saisit la natte de cheveux blond cendré pour lentement lui enlever ses mailles, laissant couler les longues mèches entre ses doigts. Puis, tout à coup, il se sentit s'affermir. Il s'arracha à la douce étreinte et se releva rapidement, tendant une main ferme à Amadeo qui le scruta avec un léger air surpris avant de sourire.
-Viens Amadeo, je t'emmène chez moi, dit le Protecteur de Wingarms, son air rebelle plus que jamais présent dans ses yeux et dans ses cheveux indisciplinés.
-Je te suivrais où tu le souhaiteras, dear Prince.
Heero hocha la tête et l'aida à se lever. Puis, il l'entraîna à sa suite, marchant rapidement puis courant à travers la forêt bordant le Royaume
Les arbres se succédaient les uns après les autres et les buissons se ressemblaient tous mais le brun n'hésita pas une seule seconde : il n'était allé qu'une fois chez son vrai "chez lui" mais le chemin était resté gravé pour toujours dans son esprit. Et tandis que se profilait l'ancienne bâtisse devant ses yeux, sa prise sur la main d'Amadeo s'accentua et il ralentit légèrement, conscient que celui-ci n'était pas aussi endurant que lui. Le blond stoppa à côté de lui et le regarda d'un air interrogateur.
Heero le guida alors à l'intérieur de ce qui ressemblait à un temple dédié à un dieu.
Ils aboutirent devant un autel destiné à recevoir des offrandes, un trône prônait au fond de la salle, et sur les murs, une gigantesque fresque racontait l'histoire des protecteurs...
Heero s'approcha de la partie la plus récente, celle de son arrière-grand-père, et celle qui aurait du être peinte par son aïeul. Il eut la surprise d'y découvrir cette dernière...son grand-père devait être venu ici juste avant sa mort...
La peinture représentait le protecteur de Wingarms, avec ses deux lames effilées. Il modelait une chose informe...Puis, cette chose devenait un homme, petit à petit...Mais le Shinigami ne voulait pas que ce projet aboutisse, alors il lança un sort sur l'homme nouvellement né, et celui-ci se retrouva entouré de silhouettes noires, mais le protecteur de Wingarms s'interposa entre Shinigami et sa création, emmenant cette dernière loin à travers le monde, suivi du Dieu de la Mort. Il les retrouva et tua le protégé de son grand-père...Celui-ci mourrut de chagrin. C'était clairement expliqué sur la fresque...Trop clairement...Heero se tourna vers le blond qui regardait d'un oeil attristé la fresque à ses côtés. Il se moula contre lui et l'enlaça fort...Si fort qu'il aurait pu lui briser une côte sans difficulté : mais il savait quand s'arrêter...Il avait appris...
"N'oublie pas petit, le Shinigami est un être cruel, c'est vrai, mais il est juste..."
...
"Vraiment Grand-père ?"
...
"Il devient fou quelque fois...quand il est amoureux, alors il est préférable de lui céder..."
Non, il ne voulait pas céder à Duo...
Maladif, il s'écarta d'Amadeo, les larmes dévalant ses joues pâles, mais il ne les cacha pas...Il traversa calmement la salle poussièreuse et ocre, s'écroulant sur son trône de pierre. Amadeo le suivit du même pas triste. Il s'assit sur ses cuisses et entoura ses épaules d'un bras, relevant son menton de l'autre. Il l'embrassa langoureusement, lui prouvant qu'il partageait ses sentiments...Et là, sur le siège de ses ancêtres, Amadeo le fit sien pour sa première fois...
Quand la nuit encercla les alentours, Heero se dégagea de l'étreinte douce de son amant blond et le recouvrit du haut de sa tunique. Il passa une nouvelle fois devant la fresque "de son grand-père", enfin, disons celle qu'il aurait pu peindre...Si l'ancien Shinigami ne l'avait pas détruit...
Par contre, ce Dieu sombre n'avait pu tuer la création de son aïeul...Mais elle était morte en même temps que lui...Pour renaître juste après...En Amadeo...
Il ravala ses sanglots et sortit au dehors. Il n'y avait que lui qui pouvait le tuer...Et d'un coup faire disparaître les mystérieuses créatures...Alors il se mit à courir, courir à en perdre le souffle, se rapprochant dangereusement du château...
******
Louis s'amusait dans l'eau chaude, il soufflait dans la mousse épaisse et jetait des regards d'envie au corps de Quatre. Celui-ci avait fermé les yeux après leur petite discussion et s'amusait de sentir les prunelles noisettes sur lui. Il attrapa soudain le jeune quand il passa près de lui et il le força à le regarder, mais ce fut tout. Louis attendit qu'il l'embrasse, mais il n'en fit rien. Alors il prit l'initiative de balayer la joue rosée du blond de ses lèvres. Aucune réaction ne s'ensuivit alors il se fit plus entreprenant : se pressant contre le corps tiède de Quatre, il entoura sa taille de ses jambes et se frotta lentement contre lui. Il sentit aussitôt une main se crispé dans son dos et il sourit.
-Quatre ?
Le blond se réveilla, sortant rapidement de sa torpeur.
-Oui Duo ?
Ce dernier ne prit pas garde à la rougeur sur les pommettes de Louis, ni de l'embarras de Quatre.
-J'ai besoin de toi à Acarpia, je préfère que tu rentres. Les hommes ont fini de décharger, ils repartent dans deux heures.
-Mais Quatre !!! Je ne veux pas que tu partes ! S'écria Louis, avec vigueur, l'attrapant par la nuque.
-Je suis désolé, Louis, mais les ordres de Duo prédominent sur mes envies, répondit Quatre avec un air contrit sur le visage.
-Par avec lui, il y a assez de place au château, proposa Duo, avec un sourire satisfait.
-C'est vrai ? Je peux ? Il faut que je trouve Heero et Amadeo pour leur dire au revoir !!! Où sont-ils ?
-Ils sont au...Introuvables pour le moment...Expliqua Duo.
Quatre le fixa curieusement, trouvant que son ami avait changé de comportement depuis sa visite chez cette soi-disante Fée...Mais peut-être se trompait-il.
Il fixa le jeune blond qui l'accompagnerait à présent comme son ombre. Il doutait de pouvoir oublier Treize, mais il s'en tirait plutôt pas mal...Et Louis n'était pas une figure aussi innocente qu'il ne s'y attendait...
******
Heero courait, il franchit la forêt comme un fou, empli d'une haine inextricable. Il ne voyait qu'un obstacle entre lui et son bonheur. Après la mort de son grand-père, il avait ressenti intensément cette perte. Même son père n'avait suscité pas chez lui tant de tristesse et de désespoir. Peut-être sa mère, s'il y réfléchissait...Oui, la tristesse de ne pas la connaître...Cette magnifique Japonaise qui était morte en lui donnant la vie...Combien de questions l'avaient tourmenté lorsqu'il tentait de se souvenir d'un élément la concernant ?
Mais la rage qui l'animait à présent ne s'éteindrait que lorsqu'il aurait le coupable entre ses mains...Enfin, son descendant. Quand il arriva au palais, aucune étoile éclairait le château. Seule une fenêtre dispersait une lueur orangée au dehors. Il franchit la distance qui le séparait de cette pièce et s'arrêta ensuite devant la porte. Quand il se décida à l'ouvrir, il ne vit rien à l'intérieur, puis, la porte se referma dans son dos, et il se retourna aussitôt, pour rencontrer un regard améthyste rageur. Il serra les dents et saisit le col du châtain, l'envoyant valdinguer de l'autre côté de la pièce, faisait suinter le mur de poussière. Mais le Shinigami se redressa sans problème, se retrouvant à nouveau aux prises avec son homologue brun. Ses yeux brillaient de larmes, de détresse et de colère mêlées. Il ne se sentit pas très fier, mais il l'aimait. Alors il ferait tout pour le garder près de lui. Tout.
-Tu le savais !!! Pourquoi ? Demanda Heero d'une voix étranglée, puis, plus assuré et violent : POURQUOI DUO ???
-Tu le sais très bien. Tu m'appartiens.
Duo tordit les poignets fragiles du brun qui écarquilla les yeux de surprise en tentant de se débattre. Mais le châtain s'empara de ses lèvres en le renversant contre le mur, l'enserrant de son propre corps et bloquant ses membres dans leurs tentatives de fuites. Alors il comprit. Son grand-père avait raison, et lui n'avait pas pris garde à ses recommandations : Duo allait le posséder pour lui prouver qu'il ne voulait que lui. Et il ne se sentait pas la force de le repousser : par rapport à ce Dieu, il n'était que misère...
Alors il subit l'étreinte forcée, sans pouvoir le détester pour autant, sans pour autant ressentir du dégoût, et c'était peut-être ça le pire. Mais il ne bougeait pas...Duo se contentait de le serrer contre lui, l'entravant certes, mais sans douleur aucune. C'était juste...une étreinte desespérée...Ils restèrent un très long moment ainsi, sans dire un mot, juste respirant le nécessaire vital d'oxygène. Puis, Heero sentit le châtain se tendre.
-Pourquoi Lui ? Pourquoi l'a-t-il créé ? Pourquoi est-ce lui que tu as choisi ? Même si je n'existais pas, tu devrais le tuer, tu le sais aussi bien que moi...L'ancien Shinigami lui a lancé un sort qui s'est transformé en une véritable malédiction, tu le sais tout comme moi. Chaque fois qu'il sera en danger, ces créatures apparaîtront pout tout liquider sur des kilomètres, te sens-tu prêt à porter la dure responsabilité de tout prendre sur toi ? La moindre colère à son égard peut se transformer en véritable cataclysme, ça ne te fait rien ? Pourquoi Heero, je t'aime cent fois plus que lui, je ferais n'importe quoi pour toi, je te confierais pas vie !
-Juste parce que je suis le protecteur de Wingarms et qu'il en était ainsi depuis un bon moment entre nos ancêtres ?
-Mais...Non...Répondit Duo, incertain sur l'attitude à prendre, ne sachant si c'était vraiment la vérité. Quand je t'ai vu à Acarpia...
-Tu ne m'as vu que quelques minutes.
-Et c'était largement assez, l'interrompit sèchement Duo en le lâchant. Mais ne te méprends pas, je t'aime, ça j'en suis certain. Mais si je ne t'ai pas, personne d'autre ne t'aura. Je ne suis pas du genre à laisser les gens que j'aime avec d'autres en me disant que c'est ainsi que j'assurerais leur bonheur. Ce bonheur, tu le trouveras avec moi, je peux t'en faire la promesse. Même si tu ne m'aimes pas, je saurais te rendre heureux, et peut-être susciter un sentiment proche de l'amour chez toi à mon égard...
-Duo, ne...Commença Heero en baissant la tête, vaincu.
Il savait déjà en arrivant ici que son destin était scellé...Il ne croyait déjà plus qu'il pourrait sauver Amadeo...Mais Amadeo se laisserait tuer par lui. Il le ferait sans alerter ses gardiens, il le ferait car, il n'avait jamais voulu être la réincarnation d'Okaiko, la création de son grand-père, et tuer tous ces gens sans le vouloir le blessait plus cruellement encore que de se savoir rejeté par sa famille, banni par les siens et rien aux yeux des autres. Et il ne s'était jamais rebellé, jamais il n'était passé du côté sombre, utilisant ses pouvoirs pour se venger...Et seul lui était en mesure de le tuer sans qu'il se réincarne : lui, le seul descendant direct de son grand-père...A ce moment, il regretta sincèrement que son père ne soit pas cet héritier du Royaume...Les larmes suivirent d'elles-même...
-Ne pleure pas Heero, gémit Duo en le serrant contre lui.
Mais le Japonais l'attrapa par le col et plongea son regard mouillé dans ses belles prunelles indigo. Il le secoua faiblement, comme vidé de toute force et chancela contre lui, se rattrapant au moment où il tombait. Il fixa ce visage qu'il ne pouvait haïr, ni aimer, pour l'instant tout du moins. Et il l'embrassa. Duo écarquilla les yeux un moment avant de faiblir sous le doux contact du corps pressé volontairement contre le sien et celui, moins agréable du baiser désespéré qu'il lui infligeait. Pourtant, pour lui, l'union qui s'ensuivit prédisait de magnifiques moments futures, même si elle n'était que le résultat d'un désespoir profond chez le Japonais. Il ne pouvait en être autrement. Il voulait le Japonais, par n'importe quel moyen, il l'aurait.
A suivre...
Fics Gundam Wing
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