Au bout du ponton



au bout du ponton Auteur : Niwa-himé
Genre : romance, yaoi, yuri (pas l’histoire principale)
Disclamer : l’histoire et les perso sont rien qu’à moi !!
Note importante à lire avant tout : cette histoire traite d’homosexualité, autant masculine que féminine (moins pour féminine mais quand même là), si cela vous dégoûte, gêne ou je ne sais trop quoi, faites demi-tour !! Voilà vous êtes prévenu ! ^__^

Et sur ce, bonne lecture !


Chapitre 2 : retrouvailles et présentations



Katsuo resta paralysé de longues minutes, incapable de décrocher son regard de celui d’Axel. Il y lisait une question évidente. Axel l’avait-il donc oublié ?

Katsuo vit le roux l’observer intensément, puis tout doucement, les deux prunelles bleues mer s’écarquillèrent. Il plongea alors dans ses souvenirs et se rappela avec plaisir de ces longues mèches rousses, qui voletaient délicatement au contact de la légère brise du soir, et venaient chatouiller sa peau lorsqu’ils s’allongeaient sur l’herbe, Axel reposant sa tête sur son torse. Ses profonds yeux bleus, si joyeux dans leur enfance, semblaient à présent avoir perdu leur gaîté insouciante. Katsuo entendit raisonner en lui le rire cristallin d’Axel, la plus douce des mélodies qu’il est entendu à ce jour. Il retrouvait les traits fins qui avaient tant marqué sa vie. Axel avait grandi. Il n’était plus le petit garçon de 11 ans qu’il avait laissé au bord d’un lac, sur un vieux ponton en bois. Non, il avait changé, son innocence, son être qui inspirait autre fois la joie de vivre, semblait avoir disparu, remplacé par une profonde et douloureuse détresse qui hurlait silencieusement en lui, et se reflétait au fond de ses deux iris bleus. Axel avait cependant gardé son apparence frêle, un peu chétive, et son teint d’ivoire laissait croire à une quelconque maladie qui le hantait, mais malgré cela il n’en restait pas moins mignon.

Perdu dans sa minutieuse observation, il ne s’aperçut que plus tard qu’Axel s’était lentement redressé sur ses jambes, et se tenait maintenant droit devant lui. Son regard encore légèrement écarquillé posait une question muette, un doute visible planait au fond de ses pupilles. Katsuo tenta de se reprendre, et de formuler une phrase censée, mais tout ce qu’il fut capable d’exprimer fut le prénom du rouquin.

Axel reconnut peu à peu le visage qu’il lui avait été familier durant un temps. Il se souvint du passé avec une facilité déconcertante, lui qui pensait avoir perdu ses souvenirs de félicités depuis longtemps, apparemment cela n’était pas le cas. Une vague de bonheur l’envahi, et sa gorge serrée par l’émotion se dénoua enfin face à la certitude qu’il s’agissait bien du brun qui l’avait abordé il y avait de cela 6 ans. Sa voix s’éleva incertaine et tremblante :

_Ka…Katsuo ? Même si Axel était sûr et certain que l’homme devant lui était bel et bien son ami d’enfance, de vacances, il posa la question pour en avoir la confirmation du brun.

_Axel…cela faisait longtemps, n’est ce pas ?

Sous le choc, le roux sentit ses yeux s’emplir de larmes, il porta ses mains à son visage et l’enfoui entre elles avant de tomber piteusement à genoux.

Tsukasa se tourna et vit Katsuo longer le rivage seul, et s’approcher du ponton non loin, et par la même occasion d’une fine silhouette. Intrigué, il ne se soucia plus des autres et suivit les pas de Katsuo. Lorsque Matsu remarqua que sa tête blonde préférée s’éloignait d’eux, de lui, il partit à son tour pour rejoindre Tsukasa. Arrivé à sa hauteur le brun s’adressa à son compagnon :

_Tsuka d’amour ?

_Quand vas-tu cesser de m’appeler par ce surnom ridicule ?

_Qu’est qui t’arrive ? demanda Matsu ignorant délibérément la précédente question de Tsukasa.

_rien.

_Ben… pourquoi t’es partit alors ?

_Katsuo, est allé jeter un œil là bas.

_Et ?

_Il y a quelqu’un, peut être est ce le garçon dont il nous a parlé

_je ne te savais pas aussi curieux mon Tsuka d’amour.

_tu comprend rien

_explique moi alors

_t’expliquer quoi ?

_ce qui se passe dans ta tête

_pourquoi tu voudrais que je te dise ça ? Et puis pourquoi tu me suis aussi ?

_la raison est toute simple Tsuka d’amour

_je n’en vois aucune moi

_vraiment ?

_oui vraiment

_moi qui croyais que c’était évident

_bon tu me le dis oui ou non !

_ok ok …c’est parce que c’est toi tout simplement, je me demande comment t’as fait pour pas savoir ça, c’est pourtant voyant, tout le monde s’en est aperçu mais toi non vraisemblablement...

_je ne te saisis pas Matsu

_je me croyais assez explicite mais vu ta réaction j’en conclu que non…enfin bon…tu sais, je veux vraiment connaître tout de toi et je veux rester avec toi tout le temps, je me suis en quelque sorte attaché à toi, et…

_arrête de dire n’importe quoi !

_je suis sérieux,

_mais oui…

_crois moi Tsukasa, il y a une sorte de chaîne qui nous relie et qui m’empêche de m’éloigner trop loin de toi …en bref, t’es bloqué avec moi pendant longtemps, très très longtemps. ^_^

_t’en as pas marre de sortir que des conneries ?

_non, c’est mon passe temps favori

_t’es exaspérant Matsu…

_je sais, mais c’est pour ça que tu m’aimes !

_je n’ai jamais dis une chose pareille !

_Tsuka d’amour pourquoi tu te montres toujours comme une vierge effarouchée ?

_Je ne…

_si si je t’assure, par certains moments tu es vraiment comme…hé Tsuka d’amour reviens ! Pardon mon petit sucre d’orge je voulais pas te vexer !

_ Va te faire foutre…

_oh que de vilains mots dans une si jolie petite bouche

_MATSU !!!

_Ben quoi ? je dis que la vérité, tes lèvres sont tentantes à un point, c’est…

_Je crois que tu ferais mieux de taire avant qu’il ne se mette à te taper !

_Oh Izue, je t’avais pas vu

_Tu nous ignorais oui !

_mais non Fuki, tu me connais, je…

_justement, on te connaît !

_hé ! Ça veut dire quoi ça ?

_ça veut dire ce que ça veut dire !

Fuki et Matsu continuèrent à se chamailler gentiment, tout en marchant avec les autres vers Katsuo. A l’instant où ils arrivèrent derrière ce dernier, ils virent avec étonnement le jeune homme, qui était debout, dos à l’étendue d’eau, cacher son visage entre ses mains et s’écrouler sur ses genoux. Ils regardèrent la scène sans bouger, encore sous l’effet de surprise. Katsuo avança d’un pas indéterminé vers le roux. Il s’agenouilla à coté du jeune homme désemparé et, sans geste brusque, l’attira doucement dans le creux de ses bras afin de lui offrir un peu de réconfort.

Katsuo comprenait parfaitement l’état dans lequel Axel se trouvait, bien que certaines choses lui échappaient, tel que la souffrance palpable que le roux dégageait. Lui aussi ressentit un besoin étrange de pleurer, mais il arriva à se contenir et resserra son étreinte autour du rouquin qui sanglotait le visage enfoui contre son torse. Relevant la tête après plusieurs minutes, il distingua la présence des autres près d’eux. Il leur demanda d’un regard de partir et cacha son visage dans les mèches rousses, et il ne se soucia plus du tout de ce qu’il l’entourait.

Il resta assis à terre, Axel calfeutré tout contre lui. Une douce chaleur l’envahi comme il n’en avait plus ressenti depuis quelques années. Troublé, il s’interdit le sentiment qui venait de naître en lui et délicatement, il repoussa le roux et lui releva la tête en la maintenant en coupe avec ses mains. Il essuya de ses pouces les larmes limpides qui cheminaient le long des joues d’Axel. Katsuo lui fit un petit sourire auquel le rouquin s’empressa de répondre timidement.

_je suis désolé, je ne sais pas pourquoi je me suis mis à pleurer

_ce n’est pas grave, Axel

_Katsuo…c’est vraiment toi ?

_bien sûr ! Qui cela pourrait être sinon ?

_je ne sais pas, je trouve ça tellement étrange, pas toi ?

_je...étrange ? Je ne comprend pas, Pourquoi…étrange?

_on se revoit au bout de…cinq ans, et durant ce temps je n’ai pas eu une seule nouvelle de toi, et…

_...et ?

_tu te souviens de moi alors que l’on ne s’est vu qu’un an et seulement aux vacances en plus !

_je ne sais pas pourquoi exactement mais je n’ai jamais pu t’oublier, le peu de moments que l’on a passé ensemble se sont imprégnés en moi d’une façon tellement étonnante…en fait je ne saurai expliquer les raisons de tout ça…

_...

_Axel, je suis désolé, tu ne peux pas imaginer à quel point je suis désolé

_Katsuo…j’ai cru que tu n’étais pas revenu à cause de moi

_non, ça n’avait rien avoir avec toi ! Ecoute…je n’ai jamais voulu te perdre Axel, enfin te perdre de vue du moins, mes parents se sont séparés et aucun des deux n’a voulu revenir ici, et comme j’étais encore mineur, il fallait que mes parents veuillent bien me laisser partir mais je n’en ai pas eu l’autorisation, alors j’ai essayé de t’écrire avec l’adresse du chalet, mais ça n’a pas fonctionné puisque tu ne m’a jamais répondu…je me suis dit qu’on avait dû jeter la lettre ou faire je ne sais quoi avec !

_…

_à moins que tu l’ais reçu et que tu n’ais pas souhaité me répondre…

_non ! non je t’assure que je n’ai jamais vu, lu quoi que se soit venant de toi !

_…je suis soulagé alors

_je…

_AXEL !!! Tu rentres tout de suite ou tu restes dehors pour la nuit !

_je…je dois rentrer

_oui j’ai entendu, c’est ton frère, ou ton père peut être?

_oui, c’est mon frère…est ce qu’on va se revoir ?

_pour sûr ! on a des tas de choses à se dire !

_ok, on se voit demain ?

_je ne voyais pas les choses autrement !

Ils se levèrent et se sourirent. Axel partit en jetant de nombreux coups d’œil à Katsuo et salua aimablement le groupe d’amis du brun en passant à proximité d’eux. Tous lui répondirent par un signe de main, même Tsukasa qui n’avait pas pour habitude de le faire. Katsuo les rejoignit en souriant de toutes ses dents.

Ce fut Matsu et Ryuichi qui commencèrent les hostilités, en s’accrochant aux bras de Katsuo. D’ailleurs Matsu ne cessa de répéter à tout va qu’Axel était kawai et eu droit pour cette phrase un regard lourd de reproches de la part de Tsukasa qui ne se rendit même pas compte de ce qu’il faisait, et surtout de ce que cela impliquait. Matsu se précipita vers lui et lui chuchota des mots d’amour à l’oreille, ce qui eu pour effet d’adoucir un certain petit blond qui gardait tout de même un air grognon, et qui n’aurait jamais avoué pour rien au monde qu’il appréciait les attentions de Matsu.

Izue fut moins enthousiaste que les deux piles ambulantes, elle demanda tranquillement ce qu’il s’était passé. Katsuo leur raconta tout, coupé par des réflexions de parts et d’autres.

Il se faisait tard et le voyage les avant tous un peu fatigué, ce fut donc avec contentement qu’ils montèrent dans leurs chambres respectives se reposer.

Chacun étendu sur son lit repensait à la journée écoulé. Fuki et Izue ne s’étaient pas lâchée, comme toujours. Même à cet instant, la jeune femme aux cheveux d’ébène était calée contre son aînée qui la serrait dans ses bras avec force. Izue avait remarqué que son amie était de plus en plus entreprenante et elle la remerciait pour cela. Jamais elles n’auraient pu avancer dans leurs relations si cela avait dû être elle qui fasse le premier pas. Fuki lui offrait de tendres caresses, et sourit en remarquant qu’Izue était réceptive aux câlineries qu’elle lui donnait. Toutes les deux avaient compris ce qui les unissait mais pas une n’avait le courage de l’exprimer clairement, même si les gestes de Fuki étaient très explicites et ne laissaient pas de place à l’imagination. Elles ne dirent rien cette nuit là, appréciant le doux silence installé dans la pièce. Fermant les yeux, elles s’endormirent enlacées.

Matsu était allongé de tout son long sur les draps de son lit et rêvassait un sourire de béatitude plaquait sur ses lèvres charnues. Ces derniers jours avaient été similaires à un rêve. Tout d’abord Tsukasa l’avait laissé le cajoler lorsqu’il avait été malade dans l’avion et lui, avait vraiment adoré le dorloter. Puis Tsukasa était resté collé à lui en sortant de l'appareil et même après. Et enfin l’étincelle de jalousie qu’il avait vu briller au fond de ses onyx quand il avait dit que l’autre garçon était mignon, cela l’avait étonné de voir un tel sentiment chez lui. Mais maintenant que Matsu y repensait cela lui avait fortement plu. Son Tsuka d’amour. Il se plaisait tant à l’appeler par ce surnom, et ce n’était en rien pour le ridiculiser ou autre, mais il trouvait cette façon de le nommer adorable, presque autant que son propriétaire l’était d’ailleurs. Ce fut sur une image de Tsukasa que Matsu s'assoupit.

Recroquevillé sur lui-même, Ryuichi pleurait silencieusement. Il trouvait formidable que chacun de ses amis soit heureux. Ils le méritaient tous. Mais lui ne semblait pas destiné à l’être. Il passait ses journées à sourire bêtement et cela le fatiguait. Depuis son histoire avec Aran, il n’avait pas voulu recommencer une autre relation, même si Katsuo l’avait poussait à voir du monde. D’ailleurs, aucun de ce qu’il avait rencontré n’avait pu le satisfaire complètement, ils avaient tous un défaut qui le gênait fortement et il se retrouvait seul à chaque fois. C’était un sentiment de bien être qui lui manquait. D’autant plus qu’avec des personnes autour de soi qui roucoulaient, ou presque, il était difficile d’oublier ce manque. Il ne désirait pas leur en vouloir, mais une partie de lui persistait à trouver tout cela injuste et les enviait beaucoup. Il avait tellement mal. La douleur nouant ses entrailles, il eu énormément de peine à s’endormir.

Les mains jointes derrière sa nuque, Katsuo observait le plafond sans toute fois réellement le voir. Il avait été tant stressé ces derniers jours que le fait de revoir Axel ne l’avait pas seulement rendu heureux, cela lui avait aussi permis de libérer toute la tension qu’il avait accumulé. Il ne s’était pas attendu à des retrouvailles comme celles-ci. Ils n’avaient pratiquement pas discuté, mais il espérait vraiment trouver le temps pour lui parler calmement le lendemain. Axel. Il l’avait considéré à leur rencontre, et même par la suite, comme un petit frère. Mais en le voyant aujourd’hui, Katsuo avait ressenti un pincement au cœur, et il ne parvenait pas en trouver la nature. Une chose était sûre, il n’aurait jamais ressenti cela pour un frère. Enfin il le croyait, et puis de toute manière il n’avait pas eu de frère, alors qu’est ce qu’il pouvait dire sur les relations fraternelles. Il préféra oublier, cela n’avait pas tant d’importance selon lui. Ses pensées dérivèrent soudain et son visage s’assombrit. Non, il ne voulait pas y penser. Il se l’était promis avant de quitter le Japon, alors il ne se l’évoquerait pas. Il se tourna sur le côté brutalement, perturbé et énervé par la tournure de ses réflexions. Il ferma violement les yeux, et s’obligea à faire le vide dans sa tête et à s’endormir.

Tsukasa avait tiré une chaise vers la fenêtre grande ouverte et s’y était installé. Il était perdu dans la contemplation de la lune, mais aussi dans ses pensées. Il était piégé. Même s’il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour s’éloigner de Matsu, il n’y arrivait pas, et cela l'irrité profondément. Matsu avait ce petit côté insouciant qui l’agacé et lui plaisait à la fois. Il y avait aussi quelque chose d’unique, de bien particulier, qu’il ne trouvait que chez lui et qui l’attirait. Tsukasa était intrigué par Matsu mais aussi troublé. Sans oser l’avouer à qui que se soit, il avait peur de Matsu. Peur de ce qu’il pourrait lui faire s’il venait à apprendre que lui, Tsukasa, devenait chaque jour un peu plus dépendant de lui. Epuisé, il se traîna jusqu’à son lit, se jetant dessus sans ménagement, il s’assoupit.

Axel était assis sur la terrasse du chalet, les yeux rivés aux étoiles qui scintillaient dans la nuit. Il ramena ses jambes sur sa poitrine et posa son menton sur ses genoux. Quand il n’avait pas vu Katsuo durant les vacances du nouvel an, il s’était énormément inquiété et s’était imaginé des tas de scénarios, plus désastreux les uns que les autres. Au bout d’une année d’absence de son aîné, il s’était résolu que jamais plus il ne le reverrait. Mais il devait avouer qu’au fond de lui une lueur d’espoir persistait, et lui faisant croire à une possibilité de retrouvailles. Aujourd’hui, ce dont il rêvait depuis cinq longues années s’était enfin produit. Peut être allait-il avoir droit à un peu de bonheur, comme il en avait eu lors de l’unique année où ils avaient passé leurs vacances ensemble. Katsuo avait été la seule personne à avoir un tant soit peu d’attention pour lui. C’est d’ailleurs pour cela qu’il se souvenait de lui. Axel entendit la voix irritante de sa belle mère l’appeler. Elle voulait sûrement lui demander de faire un tout petit travail avant d’aller dormir selon elle, mais qui lui prendrait des heures pour y venir à bout. Et sa très chère marâtre saisirait l’occasion avec plaisir pour le rabaisser, lui disant combien il était faible et lent. Malgré la fatigue qu’il ressentait, il se fit une raison, il allait encore se coucher à une heure tardive pour être réveillé par sa tendre famille à l’aube. Il se leva avec un soupir las et rentra.

*********

Le réveil fut dur pour Katsuo qui avait passé sa nuit à cauchemarder, ou plutôt à se rappeler des choses qu’il aurait souhaité effacer de sa mémoire. Il alla directement à la salle de bain prendre une douche, cependant il ne s’attendait pas avoir un Matsu suppliant devant la porte close. Katsuo aurait parié que Tsukasa était à l’intérieur. Il descendit finalement à la cuisine et vit Ryuichi tout sourire, un tablier passé autour de ses hanches. Il s’escrimait gaiement à faire le petit déjeuner pour tous. Il prit place au prés de Fuki qui le regarda étrangement.

_quoi ?

_ohayo

_ohayo Fuki

_elle veut savoir si tu vas nous le présenter. Dit alors Izue qui s’asseyait avec eux à la table.

_vous présenter qui ?

_baka, tu sais très bien de qui on parle !

_Fuki ne cris pas, Katsuo est juste à côté de toi et il n’est pas encore sourd, donc inutile de beugler comme tu le fais !

_t’es jaloux ?

_de quoi ? J’ai pas tout suivi là.

_je cris mieux que toi quand tu le fais pour tes chanson Ryuichi !

_hé ! je te signale que ce je fais ne s’appelle pas crier mais chanter !

_j’hésite franchement à vous le présenter

_quoi ? s’écrièrent en cœur Fuki et Ryuichi

_mais pourquoi Katsuo ?

_Izue, regarde moi ces deux là et les deux autres en hauts n’en parlons pas….

_qui sont en bas maintenant ! dit joyeusement Matsu qui rentrait dans la pièce suivit de Tsukasa.

_...et même toi parfois… vous allez lui faire peur si je vous le présente.

_pourquoi ?

_Tsukasa, vous êtes un peu bizarre par moment…

_bizarre ? tu peux parler, t’es pas mieux que nous mon vieux !

_Matsu ce que j’essais de dire c’est que…

_en bref on est pas assez potable pour être présenté à ton copain

_mais non Fuki, c’est juste…

_je ne savais pas que tu avais honte de moi

_Izue qu’est ce que tu vas t’imaginer, c’est…

_et moi qui te connais depuis le berceau je vais avoir droit au même traitement de faveur ?

_Ryuichi…vous me laissez parler ?

_...

_Bon, je veux simplement dire que je ne le connais plus vraiment, et qu’il faudrait que je refasse connaissance avec lui pour savoir s’il ne sera pas effrayé quand il vous rencontrera parce que, avouons le, certaines personnes vous prennent pour des fous... mais parce qu’ils ne vous connaissent pas, donc j’aurai beaucoup aimé prendre du temps pour discuter avec lui, seul à seul, et ainsi lui parler un peu de vous pour qu’il ne soit pas surpris par vos comportements de délurer, mais puisque vous insistez je vous le présenterai aujourd’hui …

_cool ! s’exclama Ryuichi

_j’aimerai que vous ne lui fassiez pas trop peur si possible…

Le reste de la matinée se déroula tranquillement. En début d’après midi, ils allèrent au lac et comme le prévoyait Katsuo, il vit de loin Axel allongé sur le ponton. Il le trouva les yeux fermés, se reposant. Il s’installa à ses cotés mais assis, et Axel, sentant un mouvement proche de lui, releva ses paupières pour laisser place à deux prunelles océanes. Il se redressa et souri à Katsuo, mais son sourire se figea lorsqu’il remarqua les amis du brun s’installer prés d’eux.

Katsuo les présenta et ils se saluèrent gentiment. Face à la gêne évidente d’Axel, ils ne lui posèrent aucune question et parlèrent de tout et de rein. Après plus de deux heures, où Katsuo n’avait cessé de leur demander de partir implicitement, et où les autres s’étaient amusés à ne rien comprendre des sous-entendus faits, ils finirent par céder, ayant pitié de lui. Katsuo les vit donc avec une immense joie les quitter. Un paisible silence s’installa entre Axel et lui. Mais Katsuo le brisa assez rapidement :

_Axel je suis vraiment heureux de te revoir

_moi aussi je suis content

_je…dis moi tout !

_tout ?

_oui, tout ce qui t’es arrivé depuis que l’on ne sait plus revu, dis moi, je veux tout savoir !

_je ne sais pas par quoi commencer, et puis de toute manière il n’y a rien de bien passionnant dans ma vie

_je suis sûr qu’il y a quand même un petit quelque chose, aller s’il te plait, dis un petit truc même sans importance !

_bon…heu en fait je voudrai te poser une question

_je t’écoute

_tu n’as pas pu revenir ici à cause de tes parents c’est ça ? ...mais pourquoi n’es-tu pas venu après, quand tu as eu ta majorité, tu aurais pu revenir non ?

_j’ai eu quelques problèmes, je ne pouvais pas me permettre de quitter le Japon

_des problèmes ?

_rien d’intéressant je t’assure

_ah…

_je ne veux pas en parler Axel, mais peut être pourrions nous en discuter plus tard

_d’accord

Gêné, le roux n’osa plus dire mot. Katsuo encagea une autre conversation moins incommodante, autant pour Axel que pour lui. La journée se passa, et ils retrouvèrent les autres un peu plus loin sur le rivage dans la soirée. Etonnamment Axel s’était vite fait aux caractères plutôt extravagants des membres de leur petit groupe. Ils se détendaient tous, et riaient bien volontiers. Katsuo retrouva avec contentement le rire clair et le sourire d’Axel. Il se réprimanda à de nombreuses reprises pour les sentiments qui germaient en lui. Mais d’un autre côté, lorsqu’il ne pensait pas à l’énervement qu’il ressentait face à eux, ces nouvelles émotions l’intriguaient vraiment. Comment, en une journée, il pouvait prétendre sentir une petite étincelle s’allumer en lui pour Axel. Cela était tout à fait illogique. De plus il avait toujours vu le rouquin comme un frère, alors ces sentiments là étaient faux. Autrement dit, il était impossible qu’ils aient pu changer en si peu de temps pour se transformer en…Non, il n’y croyait pas, donc aucune raison de mettre un nom sur eux, et d’essayer de comprendre quoi que ce soit.

Katsuo fut coupé dans le fil de ses pensées par un juron de Tsukasa. Il regarda alors avec amusement la scène qui se jouait sous ses yeux. Matsu avait très vite fait ses repères et avait abordé deux jeunes femmes qui riaient bêtement devant Matsu séducteur. Tsukasa, assis avec Ryuichi, était visiblement très mécontent de la situation. Même s’il ne l’avouerait à personne, il était incroyablement jaloux. Il se leva, prétendant vouloir sauver les deux demoiselles d’un pervers incontrôlable, et marcha d’un pas ferme vers le trio. Il se pointa droit et la tête haute à côté de Matsu. Sans perdre sa dignité, il regarda les deux filles avec dédain et leur dit tout simplement que Matsu était un déséquilibré mental. Elles répondirent, un sourire de béatitude aux lèvres, que cela ne les dérangeait pas le moins du monde. Son énervement grandissant, Tsukasa leur hurla dessus que Matsu était pris et que même s’il ne l’avait pas été, il ne serait jamais avec une fille dans leur genre, alors deux c’était rêver. Scandalisées, elles partirent en marmonnant tout un tas de choses vis-à-vis du comportement du blond. Fier de lui, il se retourna pour faire face à Matsu, lui fit un grand sourire puis s’éloigna pour se rassoire avec les autres.

Matsu, les yeux ronds, avait vu Tsukasa débiter tout cela et s’en aller tranquillement en le narguant allègrement. Non, on avait dû échanger son Tsukasa avec un autre dans la nuit, ce n’était pas possible. Il se tourna, et la vision du visage rayonnant de son Tsuka d’amour le fascina à tel point qu’il en oublia la stupeur qui l’avait envahi il y quelques secondes à peine.

A ses côtés Ryuichi était en proie à un fou rire. Ses gloussements qui ne cessaient de redoubler gagnèrent vite les autres et ils se retrouvèrent tous à rire gaiement. Ils s’amusèrent encore un peu mais un homme avec un air hautain et très désagréable vint directement aborder Axel.

_Je t’ai cherché partout

_je…

_j’ai pas que ça à faire moi ! Alors vu que tu m’as fait perdre mon temps, tu vas rentrer tout de suite !

_mais je…

_j’ai dit tout de suite ! Tu ferais mieux de te bouger et d’être à la maison dans moins de dix minutes si tu ne veux pas que je m’énerve !

_je rentre, je dis au revoir et je te suis

_je veux bien être gentil parce que t’as pas d’amis à l’origine et que c’est la première fois que je te vois avec du monde, alors je te laisse une minute pour faire tes aux revoirs et tu te magnes pour rentrer ensuite

_merci

Il s’éloigna sous le regard ébahis du groupe. Katsuo l’interrogea du regard mais Axel baissa instinctivement la tête pour éviter une quelconque paire d’yeux.

_heu, ben je dois y aller, ça m’a fait plaisir de vous rencontrer et....

_Axel c’était qui ? L’interrogea Katsuo

_mon…frère

_super le frère hein ! s’exclama Fuki

_il est vache, ouais ! Poursuivit Matsu

_Pourquoi tu le laisses te traiter comme ça ? demanda doucement Izue

_c’est compliqué…

_putain, il t’as pratiquement traité comme une merde alors même si c’est compliqué, il n’a pas le droit de te parler ainsi ! Tu devrais réagir ! S’emporta furieusement Tsukasa, ce dernier était vraiment étonnant depuis le matin, il avait facilement accepté Axel, et personne ne s’y été attendu.

_ce n’est pas aussi simple, il y a des choses qu’il ne vaut mieux pas faire, au risque des conséquences…

_hey je viens d’avoir une idée ! Même si c’est ton frère vous avez pas l’air de vous porter dans le cœur, alors si tu veux on peut le choper et lui faire sa fête pour te venger ! dit avec Ryuichi en frottant les deux mains.

_non c’est bon, je crois pas que ce soit quelque chose à faire…bon je dois partir alors,… ben au revoir.

_Axel, on se revoit demain ?

_si tu veux Katsuo

_ok, alors on se retrouve au ponton et après…après on improvisera, d’accord ?

_D’accord à demain

_A demain ! S’exclamèrent ils tous à l’unissons.

Aucun ne voulu relever ce qu’il venait de se passer en voyant le visage soucieux qu’affichait Katsuo. Ils discutèrent un peu sans grand enthousiasme en revenant au chalet. Katsuo ne se préoccupa pas des autres et monta directement s’enfermer dans sa chambre. Ils s’installèrent dans le salon et parlèrent un peu d’Axel. Lorsqu’ils l’avaient vu la première fois, ils avaient été assez surpris de le voir éclater en sanglot, il leur avait paru tellement fragile à cet instant que c’en était un peu déboussolant. Ils avaient commencé à le connaître, et l’avaient rapidement apprécié. Au-delà de sa timidité, il était quelqu’un d’ouvert, sensible, fragile et délicat, enfin c’était l’impression qu’ils avaient eu de lui et pour le moment tout disait qu’ils ne se trompaient pas. Ils avaient eu un certain ressentiment envers ce frère qui ne méritait nullement ce grade tant il avait été odieux avec le roux.

Ryuichi monta à son tour, il souhaitait jouer un peu de la guitare avant que tout le monde ne dorme. La conversation dériva doucement vers l’actualité et Tsukasa profita de ce moment pour s’éclipser. Il était mal à l’aise, depuis qu’ils étaient rentrés au chalet Matsu semblait vouloir lui poser une question, et il pressentait qu’il n’allait pas du tout aimer cette fameuse question.

Il crut être en sécurité lorsqu’il allait fermer la porte de sa chambre mais une main l’empêcha de la clore. Il leva ses deux onyx vers le visage sérieux et résolu de Matsu, le suppliant silencieusement de le laisser tranquille. Mais le brun n’en teint pas compte et ouvrit la porte en grand, il entra lui aussi dans la chambre, ferma la porte et s’y adossa. Il garda la tête baissée de longues minutes. Durant lesquelles Tsukasa le regardait anxieux et se mordillait la lèvre inférieure, signe qui démontrait une certaine tension chez lui. La voix virile et déterminée de Matsu s’éleva dans la pièce, brisant ainsi le silence oppressant qui s’était installé.

_je crois qu’il faut qu’on parle Tsukasa…


à suivre…



Fictions Originales