Au bout du ponton
au bout du ponton
Auteur : Niwa-himé
Genre : romance, yaoi, yuri (pas l’histoire principale)
Disclamer : l’histoire et les perso sont rien qu’à moi !!
Note importante à lire avant tout : cette histoire traite d’homosexualité, autant masculine que féminine (moins pour féminine mais quand même là), si cela vous dégoûte, gêne ou je ne sais trop quoi, faites demi-tour !! Voilà vous êtes prévenu ! ^__^
Merci soeurette à moa pour avoir pris la patience de corriger toutes mes fautes (sennyo : avais-je vraiment le choix ? -_-) nan ^__^
Et sur ce, bonne lecture !
Chapitre 3 : incompréhension et désespoir
_je crois qu’il faut qu’on parle Tsukasa…
Matsu avait fini sa phrase dans un murmure tendre, son regard vert sombre ancré dans celui onyx de son vis-à-vis. Matsu fut surpris d’y lire une intense détresse et de la peur. Il fit quelques pas, réduisant ainsi l’espace qui les séparait. Il leva la main, et dans un mouvement empli de douceur, il caressa la joue légèrement dorée de Tsukasa. Ce dernier, perdu, dévisagea le brun.
_je…je ne comprends pas Matsu
_il faut qu’on parle
_mais…de quoi ?
_de nous
_il n’y a pas de nous
_oh si
_non, ce…
_ne dis pas le contraire Tsukasa ! Tout le monde a compris mais toi tu t’obstines à fermer les yeux pour ne pas voir la réalité en face.
_qu’est ce que tu veux exactement Matsu ?
_ce que je veux ? Je croyais que c’était clair… la seule chose que je convoite ardemment c’est toi…
_arrêtes !
_non, pas aujourd’hui ! Tu ne penses pas qu’il est temps d’éclaircir la situation ! Tsukasa, bon sang, cesse de te replier sur toi-même et ouvre les yeux ! En deux jours tu m’as fait deux crises de jalousie, tu ne penses pas que…
_ce n’était pas de la jalousie…murmura-t-il plus pour lui-même que pour son interlocuteur.
_entends toi, tu hésites dans tes propos, ta voix tremble…Tsukasa, je ne veux pas te faire peur ou quoi que ce soit, je veux juste savoir où est ce qu’on va tous les deux…ça fait plus de trois ans que je t’attends tu sais, et ses derniers jours tu m’as donné l’impression d’être prêt à commencer une relation avec moi…visiblement il semblerait que j’ai tiré des conclusions trop vite, mais…je ne sais plus en fait…j’ai fait une erreur en venant te parler oublie tout ça…
_Matsu…
Tsukasa saisit la manche du brun, le retenant à l’instant où il allait ouvrir la porte et sortir. Matsu se retourna lentement vers son ami et fut abasourdi en voyant son visage inondé de larmes. Il l’attira brusquement contre lui, puis ses gestes se firent plus doux, amoureux. Matsu était complètement décontenancé. Il regrettait d’être venu le voir et était affolé au plus au point. Si Tsukasa ne se sentait pas bien c’était sûrement sa faute, il s’en voulait énormément. Cependant, en même temps une partie de lui était ravie d’être là pour consoler le blond. Il se sentait enfin utile.
Matsu lui chuchota des mots de réconfort, tout en le dirigeant vers le lit où ils s’assirent l’un contre l’autre. Il berça Tsukasa et attendit qu’il se calme en continuant sa litanie de paroles rassurantes et apaisantes. Plus d’une heure passa, avant que les sanglots du blond ne se fassent moins violents. Matsu avait lui-même les larmes aux yeux, son Tsuka d’amour était tellement désespéré qu’il ressentait une grande souffrance à le voir dans cet état. De plus, il devait s’être passé quelque chose de vraiment horrible pour qu’il soit bouleversé à ce point. Inquiet, il posa la tête de Tsukasa sur ses genoux, caressa délicatement les mèches blondes mi-longues. Il décida fermement d’attendre que les pleurs de son petit ange cessent pour lui demander, sans le brusquer, la ou les raisons de cette soudaine attitude qui lui correspondait si peu.
Sans interrompre ses câlineries, il déposa de bref baiser sur son visage, mais n’effleura à aucun moment ses fines lèvres. La respiration de Tsukasa devint moins rapide et ses gémissements s’arrêtèrent peu à peu. Matsu en profita pour lui poser les multiples questions qui se bousculaient dans sa tête, mais tranquillement d’une voix aussi stable et sereine que pouvait lui permettre la situation, en chuchotant les mots à son oreille, comme s’il murmurait des secrets que personne ne se devait d’entendre.
_Tsukasa…dis moi ce qui ne va pas
_...
_s’il te plait Tsuka
_...’y a rien
_ne dis pas n’importe quoi… on n’éclate pas en sanglots comme tu l’as fait s’il n’y a aucune raison
_je ne sais pas
_Tsukasa je t’en pris, je veux savoir ce qui se passe, ce n’est pas normal que tu pleures autant…je te promet de ne pas te juger, si c’est pour ça que tu ne veux pas me le dire, je te soutiendrais et t’aiderais si tu me le demandes…
_...
_promis Tsukasa
_je ne sais plus
_shhhhh Tsukasa, reste calme d’accord…ça va aller…prend ton temps et dis moi ce que tu ressens, ce qui te donne envie de pleurer avec tant de force.
_je suis perdu, Matsu j’ai tellement peur…
_peur de quoi mon ange ?
_je…Matsu, c’est toi, je…
_quoi ? Moi ? Tsukasa je ne comprends pas…
_tu es toujours là, tu es si attentif, si affectueux mais seulement avec moi et je ne comprends pas pourquoi…
_mais Tsuka c’est tout à fait normal si je suis comme ça avec toi
_non, tu…ça me fait peur
_Tsukasa je n’ai jamais voulu t’effrayer…
_pourquoi tu es comme ça rien qu’avec moi ?
_parce que je n’aime que toi…c’est la première fois que je tombe réellement amoureux de quelqu’un, et je ressens un besoin urgent de le montrer, de te le faire voir, tu saisis ?
_non, tu ne peux pas m’aimer
_pourquoi ?
_parce que c’est impossible, je veux pas
_Tsukasa ce genre de sentiments, ça se contrôle pas, et même si tu ne veux pas, tu n’y peux rien si je t’aime, je ne le commande même pas moi alors toi…
_mais tu ne peux pas, je ne peux pas
_tu ne peux pas quoi ?
_ressentir ça, je n’ai pas le droit
_Tsuka sois plus clair s’il te plait, qu’est ce que tu ressens, qu’est ce qui te fait tant peur ?
_je ne sais pas ce qui m’arrive, je ressens des choses bizarres, elles sont irréalistes
_parle moi Tsukasa, je ne te laisserais pas seul dans cet état de toute manière…
_mon cœur, il bat trop vite et il y a comme une espèce de chaleur à l’intérieur qui m’envahi et je me sens bien, excessivement bien et…et c’est pas normal… gémit-il en se repliant sur lui-même alors que Matsu essayait de lui relever la tête pour qu’il puisse le regarder dans les yeux.
_chut…Tsukasa calme toi…regarde moi…je t’en pris mon ange…quand exactement ses sentiments sont présents ?
_c’est quand je suis avec toi…
A cette phrase le brun écarquilla les yeux de surprise. Tsukasa ne saisissait pas ce qui lui arrivait, et ne comprenait pas les sentiments qui l’animait alors que tout cela était pourtant si évident. Emu et tremblant, Matsu serra entre ses bras le blond qui était parcouru de légers spasmes et sanglotait à nouveau, et, avec une main plongée dans ses cheveux, il attira sa tête dans son cou. Tsukasa se laissa faire, ne trouvant pas utile de fuir cette étreinte qui était, inconsciemment, tant désirée.
_bon sang, Tsuka, tu ne te rends vraiment compte de rien, je vais finir par croire que tu es aveugle pour de bon…
_…
_Tsukasa, j’ai besoin de savoir en quoi je te fait peur, en quoi ces sentiments te font peur…je t’en pris répond moi …
_je ne veux pas souffrir, j’en assez
_mais tu ne te sens pas bien lorsque tu ressens tout ça ?
_si
_alors en quoi tu souffres ?
_parce que c’est toujours la même rengaine, on est heureux au début et après on est anéanti…pourquoi doit-on toujours avoir mal ? La vie se résume seulement à des évènements douloureux…
_Tsukasa, dans la vie il y a des moments où l’on est mal, je te l’accorde, mais ces moments là sont très vite oubliés parce qu’à côté, il y a des instants de véritable bonheur où l’on est heureux de vivre, de pouvoir passer du temps avec les êtres que l’on chérit…Tsukasa, tu veux que je te dise, selon moi le but que chacun se fixe dans la vie c’est de trouver la félicité et on la trouve seulement grâce à notre âme sœur, parce que lorsqu’on rencontre enfin celle ou celui avec qui on est sûr de vouloir passer le restant de ses jours, on se sent complet, comblé, et on a qu’une envie, c’est d’être à jamais avec la personne que notre cœur a choisi, on se sent un peu comme tu m’as dis quand on est proche d’elle, et on voudrait toujours la voir sourire, rire, heureuse tout simplement…et moi j’ai reconnu cette personne en toi, tu comprends ce que je veux te dire, au moment où mes yeux se sont posés sur toi la première fois, j’ai su que je voulais vieillir avec toi, que je voulais être la seule et unique personne qui te rendrait heureux…bon sang Tsukasa, tu ne peux pas imaginer à quel point je t’aime.
_Matsu je n’arrive pas à saisir, comment tu peux ressentir ça pour moi ?
_je ne le sais pas, je suis dingue de toi et c’est tout ce que tu dois retenir Tsukasa
_mais, et ce que je ressens moi alors ? je ne sais pas ce que je dois faire…
_tant que tu ne sauras pas y mettre un nom dessus, tu seras un peu perdu, mais ne te mets pas dans un état pareil pour ça, laisse les choses se faire d’elle-même, restes toi et ne te préoccupes pas de tout ça, et quand tu arriveras enfin à savoir quels sont ces sentiments, tu viendra me voir d’accord ?
_...oui
_…tu as l’air épuisé, tu es fatigué ?
_oui, un peu…
_on dort alors
_Matsu…
_je ne te toucherais pas, promis, je resterai juste là et je dormirai, rien d’autre…laisse moi dormir avec toi Tsuka, s’il te plait…
Le blond acquiesça doucement et s’étendit dans le lit, vite suivit de Matsu qui garda cependant une grande distance entre eux. Le regard rivé sur son compagnon, Tsukasa réduisit l’espace les séparant et se colla contre Matsu qui referma instinctivement ses bras autour de lui. Après quelques minutes, la respiration de son ange blond glissant sur la peau de son cou en un doux effleurement se fit régulière. Il en déduisit que son Tsuka d’amour était partit au pays des songes. Matsu se mit à réfléchir sérieusement sur la situation qu’il avait affronté et s’étonna vraiment de tout ce qui avait été révélé. Toutes les scènes qu’il s’était créé avant ce soir là paraissaient un peu utopiques. Il ne savait même pas depuis quand tout cela hantait Tsukasa. Il souffrait peut-être dans son coin depuis leur rencontre et lui, comme un idiot, n’avait rien vu. Il se promit intérieurement de réparer les souffrances que son ange avait dû subir et d’être encore plus à l’écoute et attentionné. Suite à cette résolution, Matsu réalisa enfin le lieu et la position dans laquelle il se trouvait. Il poussa un cri silencieux et s’insulta dans toutes les langues qu’il connaissait. Malgré la promesse qu’il avait faite à Tsukasa et son habitude à ne jamais revenir sur l’une de ses paroles, il se maudit et craint de ne pouvoir respecter son engagement. Jamais il n’aurait dû lui demander, presque supplier, de rester avec lui cette nuit. La chaleur que dégageait le corps de Tsukasa et le fait que ce dernier soit lové contre lui, le perturbait incontestablement. Il en était sûr à présent, il ne pourrait fermer un seul œil de la nuit avec l’objet de tous ses fantasmes pressé contre son propre corps. Dépité, il décida de penser à quelques petites discutions qu’il souhaitait avoir avec son Tsuka d’amour. S’il devait passer une nuit blanche, autant en profiter pour se mettre les idées au clair. Mais il ne manquerait sûrement pas d’apprécier au mieux la situation.
Katsuo faisait les cents pas, enfermé dans sa chambre. Jamais il ne se serait douté qu’Axel pouvait avoir des problèmes. Bien qu’il sache les difficultés qu’il endurait avec sa famille, il ne lui était pas venu à l’esprit que la situation du passé avait pu autant s’empirer. Il devait absolument en parler avec le roux. Il voulait l’aider. Il ne savait pas ce qui le poussait à vouloir le protéger mais dans tout les cas, il ferait ce qu’il pourrait pour panser ses blessures et les lui faire oublier. Peut être qu’en même temps les siennes se cicatriseraient aussi. Sans en prendre conscience, Katsuo souhaitait se faire pardonner pour ses erreurs grâce à Axel. Il avait depuis longtemps sombré dans un profond désespoir. Mais il savait le cacher habilement à son entourage, enfin c’était ce qu’il s’imaginait. Tous ses amis avaient bien vu sa pénible dépression, cependant ils étaient eux-mêmes en proie à l’une d’elle tout aussi dévastatrice. Chacun souffrait dans son coin et se plaisait à penser que leurs douleurs passaient inaperçues. Ils s’étaient en quelque sorte construits un rôle qu’il jouait en permanence. Cela pouvait sembler être irraisonnable de dissimuler ainsi leur souffrance, mais cela leur permettait de s’échapper et d’oublier un peu la douleur. Finalement, leur groupe s’était formé à cause des tourments qui hantaient tous leurs esprits. Ils s’étaient bien trouvés. Ensemble ils fuyaient les problèmes et la réalité, et c’était pour cela qu’ils avaient su être si unis, ils étaient les uns et les autres leurs échappatoires.
Adossé à sa fenêtre, Katsuo leva les yeux au ciel et contempla la lune brillante. Il sentis une goutte tomber sur sa main, confus, il la regarda avant de ce rendre compte qu’elle provenait des larmes qui coulaient silencieusement sur ses joues. Ses mains se crispèrent sur sa tête, il s’accroupit, et le visage enfoui entre ses bras, il pleura doucement et gémit pitoyablement.
_Miaka… Un prénom qu’il n’avait plus osé prononcer depuis longtemps.
Ryuichi avait cessé de jouer de la guitare. Il avait entendu les plaintes de Katsuo et n’aimait pas vraiment faire de la musique sur un fond de lamentation. Les murs du chalet avaient le défaut d’être fin et il pouvait ainsi entendre les sons légèrement trop forts de la pièce voisine. Il réalisa à cet instant que Katsuo l’avait probablement entendu la veille, et il le remercia alors de n’avoir fait aucune remarque à ce sujet. Assis au milieu de son lit et les jambes repliées contre son torse, il se permit de laisser échapper un petit rire sec, amer, presque nerveux. Il prit violement son lecteur CD et écouta le premier disque qui lui vint en main, se coupant ainsi du reste du chalet. Il ne discernait plus aucun son, si ce n’était la musique qui se jouait à ses oreilles. Il croyait ainsi être à l’abri de toute tentation. Mais ses yeux sombres se mirent à luire fortement, et Ryuichi se balança soudainement d’avant en arrière, s’interdisant fermement de pleurer lui aussi. Au bout de quelques minutes, il ne pu se contrôler davantage et brisa le silence en un faible gémissement, suivit de beaucoup d’autres.
Izue baissa la tête, et retint ses larmes. Elle avait appelé ses parents pour les rassurer en leur disant que le voyage pour l’aller s’était très bien passé, mais son père ne lui avait pas laissé le temps de s’exprimer. Il s’était énervé au téléphone et lui avait ordonné de rentrer au Japon. Elle les avait pourtant prévenu de son départ, mais apparemment son paternel ne l’avait pas cru une seule seconde sur le voyage qu’elle avait prévu avec ses amis. Il avait dû être furieux lorsqu’il s’était aperçu qu’elle était parti. Les paroles de son père la blessait énormément à chaque fois. Il était si peu ouvert que cela l'angoissait souvent, surtout au moment où elle pensait qu’elle devrait annoncer à ses parents la relation qu’elle entretenait avec Fuki, quand elle sera officielle. Izue renifla doucement et sécha ses larmes avant que Fuki ne vienne dans la chambre. Mais ce fut peine perdue si elle souhaitait que cela ne se sache pas puisque c’est à cet instant que choisi Fuki pour entrer dans la pièce. Elle lui lança un regard étonné en s’approchant du lit et s’assit à ses côtés. La brune lui prit les mains entre les siennes et attendit patiemment qu’Izue se confit à elle. Ravalant ses derniers sanglots, elle eu juste à dire qu’elle avait téléphoné à ses parents pour que son amie comprenne tout et la serre dans ses bras. Elle voyait parfaitement ce qui la troublait, bien qu’elle-même n’ait pas à s’en soucier. Elle avait en quelque sorte plus de chance, sa famille ne se préoccupait nullement d’elle, donc elle n’était pas du tout gênée et apeurée de leur dire qu’elle aimait une femme. Mais pour Izue c’était tout autre chose, surtout que son amie tenait beaucoup à ses parents et cela lui faisait mal de voir son père si peu compréhensif. Fuki la consola jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Elle resta éveillée durant un temps admirant la beauté de sa compagne mais finie par s’assoupir à son tour.
Axel était dans la cuisine et faisait du rangement. Sa belle mère lui avait hurler dessus avec l’aide de ses deux frères et sa sœur qui avaient saisi l’occasion pour passer leurs nerfs sur lui. Les deux femmes de la maison avaient tenté de cuisiner un petit quelque chose plutôt dans la journée, mais cela avait terminé en vraie catastrophe. Leur repas préparé était immangeable et la cuisine était dans un état lamentable. Son père avait proposé gentiment de les emmener au restaurant. Ils étaient tous allés se préparer avec hâte. Dix minutes avant qu’ils ne partent sa marâtre lui avait demandé de nettoyer la cuisine avant leur départ, et bien sûr s’il n’avait toujours pas fini, il ne viendrait pas avec eux et resterait au chalet pour achever ce qu’il avait commencé. Evidemment avec toute la saleté qu’il y avait, il n’avait pu faire qu’un quart de la pièce et ravi, elle lui avait interdit de les accompagner.
Le comportement de sa belle mère était justifié, bien qu’un peu trop excessif, c’est pour cela qu’il ne lui en voulait pas vraiment. Par contre il se voyait fortement déçu par son père. Axel avait espéré durant toutes ces années que son géniteur prenne sa défense ne serait ce qu’une seule fois, mais il n’ouvrait jamais la bouche et ne contredisait jamais sa marâtre, mais ses frères et sa sœur aussi. Après tout c’était entièrement sa faute si la famille était dans cette situation. Son père avait eu une liaison avec l’une de ses collègues et elle était tombée enceinte. Cette femme était sa mère. C’était grâce ou à cause (il ne savait plus vraiment si c’était une bénédiction ou une malédiction) d’elle qu’il était là aujourd’hui. Lorsque son père lui avait demandé d’avorter, elle avait catégoriquement refusé. Il s’était alors retrouvé avec un enfant illégitime. Il avait été soucieux et nerveux suite à cette nouvelle, cela avait eu des répercutions sur son attitude avec sa femme qui l’avait fait suivre parce qu’elle avait eu un doute sur la fidélité de son mari. Elle avait appris par le détective qu’elle avait engagé qu’il la trompait et que sa maîtresse était enceinte. Elle avait été furieuse. Les mois s’étaient écoulés sans trop de dommages, même si les deux femmes avaient eu de nombreuses altercations. Tout aurait dû se passer à merveille. Sa mère et lui aurait dû vivre ensemble. Mais il y avait eu des problèmes durant l’accouchement et sa mère y avait laissé la vie pour la lui donner à lui. Axel trouvait cela si injuste, mais il n’y pouvait rien. Son père l’avait alors reconnu et voilà qu’il s’était retrouvait dans une famille qui ne le souhaitait aucunement. Sa marâtre faisait tout ce qui était en son pouvoir pour faire de sa vie un enfer. Ses deux frères et sa sœur le haïssaient tout autant, ils étaient d’ailleurs plus âgés que lui et en profitaient pour lui faire les pires misères possibles. Ses frères et sa sœur. Axel n’avait jamais réellement compris pourquoi son père tenait tant à ce qu’il dise qu’ils étaient frères et sœur puisque aucun d’entre eux ne se considéraient comme tel. Enfin, il acceptait d’être traité ainsi. Il comprenait parfaitement les ressentiments que tous pouvaient avoir à son égard. Son paternel avait été assez rude avec lui en ce qui concernait sa mère : il ne lui avait donné qu’une seule photo d’elle, rien de plus. Il était interdit de prononcer une seule parole qui pourrait la rappeler. Axel n’avait même pas été autorisé à voir des personnes de sa famille maternelle. Il était donc contraint de subir chaque jour cette très chère famille dont il souhaitait s’éloigner dès sa majorité.
Bien qu’il soit habitué à leur cruauté, Axel sentis ses yeux s’emplir de larmes alors qu’il ressassait ses souvenirs d’enfance où pas une seule seconde ils n’avaient fait une trêve avec lui. Sa vue se brouillant, il laissa tomber un verre à terre qui se brisa. Il s’abaissa pour ramasser les débris et se planta malencontreusement un morceau de verre dans la main. Des gouttes de sang s’écrasèrent sur le sol et bientôt, elles furent suivit de gouttes d’eau salée. Il resta longtemps assis à terre, sanglotant. Lorsqu’ils rentrèrent tous, ils le trouvèrent dans cette même position. Ils lui jetèrent un regard dédaigneux, et ne prêtèrent plus attention à lui. Sa belle mère se mit tout de même à s’époumoner après lui. En criant, elle l’insulta comme à son habitude, lui rappelant son inutilité, et à quel point il était pitoyable et faible. Axel n’écouta que d’une oreille. Il se releva péniblement lorsqu’elle lui hurla de partir dans sa chambre. Elle le punirait bien évidement le lendemain pour le verre brisé, mais pour l’instant elle ne voulait ni le voir, ni l’entendre.
Son père le regarda s’éloigner avec pitié et tristesse. Axel n’était en rien fautif, il n’avait rien fait de mal, c’était lui qui devrait vivre un enfer et pas son fils. Mais lui-même ne pouvait pas s’interposer et protéger son enfant. Il était affreusement lâche parce que s’il ne s’exprimait jamais, c’était bien par peur de devoir subir par la suite le même traitement qu’Axel. Ce dernier glissa le long de la porte de sa chambre après qu’elle fut close, se recroquevillant, il sanglota doucement, le moins bruyamment possible pour ne pas attirer davantage la colère de sa marâtre.
*************
Comme ils l’avaient prévu, Katsuo et Axel se retrouvèrent au bord du lac. Ils se saluèrent et se sourirent. Bien que la nuit dernière avait été épouvantable pour l’un comme pour l’autre, ils décidèrent chacun dans leur coin de ne rien laisser transparaître sur leur état d’âme et voulurent passer une journée agréable en bonne compagnie. Ils discutèrent alors gaiement, mettant de côté leurs problèmes. Le brun expliqua à Axel qu’il avait dû pratiquement se battre pour que les autres ne viennent pas et les laissent enfin seul. Ils étaient insupportables et surtout irrécupérables. Le roux eut un petit rire à cette remarque. Il prit leur défense en exposant son point de vue à Katsuo. Ils n’étaient pas si méchant et s’amusaient bien volontiers mais sans que leurs jeux ne se répercutent en mal sur qui que ce soit. Et puis il les trouvait sympa. Katsuo prit un air irrité, et dit franchement qu’ils l’énervaient. Mais Axel devina sans grand effort, grâce au sourire qui étirait les lèvres de son aîné, qu’il ne pensait aucune des critiques qu’il avait faite à leur sujet. Marchant l’un à côté de l’autre dans la vaste forêt, ils parlèrent de tout et de rien, oubliant ainsi tous leurs soucis.
Ryuichi entra dans la boutique, agacé. Il avait laissé son lecteur CD tourner toute la nuit et à présent les piles étaient vides. Il avait cherché dans toutes ses affaires et s’était aperçu qu’il avait oublié d’en prendre un stock. Il avait alors demandé à ses amis si quelqu’un en avait mais il n’avait eu que des réponses négatives. Il n’avait alors qu’une solution : aller en acheter. Il s’était rendu dans la chambre de Matsu pour lui proposer de l’accompagner mais ce dernier n’y était pas. Il était descendu tout penaud, et avait appris d’Izue qu’il était partit se promener avec Tsukasa. Ryuichi n’avait pas osé proposer aux deux jeunes femmes de l’accompagner, ne voulant pas les déranger. Apparemment, il allait se retrouver souvent seul. Matsu et Tsukasa semblait s’être rapprochés et allaient passer tout leur temps ensemble. Fuki et Izue passaient déjà tout leur temps ensemble. Et Katsuo avait retrouvé Axel, donc il allait passer tout son temps avec lui, pour rattraper les années perdues. Lui était seul, et il avait horreur de cela. Particulièrement lorsqu’il s’aventurait dans des lieux publics. Certes il n’était plus un enfant et pouvait se déplacer seul. Mais son apparence des plus marginales faisait que les gens le fixaient de manière dégoûté ou craintive. Il n’avait jamais voulu attirer l’attention, quoique peut être un peu, mais il fallait avouer qu’il ne faisait rien pour passer inaperçu. Ses cheveux noirs coupés courts étaient coiffés en pointe qui se finissaient de couleur blanche, et une frange colorée en rouge tombait devant ses yeux noirs. Son style vestimentaire n’était pas des plus classiques aussi. Sa silhouette fine, androgyne, lui permettait de se vêtir de vêtements plus où moins féminins, et il était vrai qu’il aimait assez voir le visage choqué de certaines personnes qu’il croisait dans la rue. Enfin, il était beaucoup critiqué méchamment pour tout cela mais il en avait pris l’habitude et ne s’en préoccupait plus. Il avait été une fois agressé par une bande de jeunes qui l’avait insulté et frappé, c’était pour cela qu’il n’aimait pas sortir seul. Parce que quand il était avec quelqu’un, on ne l’insultait jamais et on ne le touchait pas physiquement, les gens se contentaient de le regarder. Néanmoins lorsqu’il était dans l’obligation d’être en solitaire, et bien il faisait comme il pouvait, mais refusait de se changer et de s’habiller plus « normalement ». Il était lui et ne voulait pas se fondre dans la masse sous prétexte que cela ne plaisait pas à la société.
Après cette brève introspection, il prit ce dont il avait besoin et fit la queue patiemment, en s’amusant de voir le vigile le fixer depuis son entrée pour vérifier s’il n’avait rien volé. Il paya et sortit en souriant exagérément au cerbère du magasin. Il pouffa doucement à l’extérieur, l’expression qu’avait affiché l’homme avait été vraiment très comique. Il heurta violement par mégarde quelqu’un et lâcha son sac qui se répandit sur le sol. Avec un soupir, Ryuichi se baissa et ramassa ses quelques achats. Il fut surpris de voir une main tendue vers lui qui lui donnait deux paquets de piles. Il leva prudemment les yeux vers la personne agenouillée face à lui et qui l’aider à tout ramasser.
Il avait devant lui un jeune homme aux cheveux décolorés, qui devait avoir deux ou trois ans de plus que lui. Il s’étonna d’éprouver du désir pour cet inconnu. C’était très rare qu’il trouve quelqu’un à son goût, et surtout si rapidement. Ils se sourirent maladroitement en se redressant.
_je suis désolé, je ne faisait pas attention, je ne vous avez pas vu
_heu…c’est pas grave.
Cet étranger était vraiment bizarre, il n’avait pas l’air aveugle alors comment se faisait-il qu’il soit aussi aimable avec lui. Et puis c’était lui qui lui était rentré dedans. Ryuichi s’éloigna, troublé, mais fut retenu par une poigne sur son poignet. Il se retourna et vit l’inconnu lui sourire. Il devait attendre des excuses ou autre chose… Il prit une grande inspiration avant de se lancer mais fut coupé par l’autre homme.
_Ryuichi ?
à suivre…
Fictions Originales