Au bout du ponton
au bout du ponton
Auteur : Niwa-himé
Genre : romance, yaoi, yuri (pas l’histoire principale)
Disclamer : l’histoire et les perso sont rien qu’à moi !!
Note importante à lire avant tout : cette histoire traite d’homosexualité, autant masculine que féminine (moins pour féminine mais quand même là), si cela vous dégoûte, gêne ou je ne sais trop quoi, faites demi-tour !! Voilà vous êtes prévenu ! ^__^
Merci soeurette ! Comme toujours tu m’as été d’une grande aide ^_^ (sennyo : je sais, je sais #^_^#)
Et sur ce, bonne lecture !
Chapitre 5 : confessions
Katsuo trembla légèrement et ferma lentement ses paupières. Qui était Miaka ? La question tant redoutée avait été posée. Il aurait souhaité ne jamais en avoir la réponse. Il prit une grande inspiration, espérant que cela lui donnerait un courage suffisant pour tout raconter à Axel, et doucement, rouvrant ses yeux, il se lança dans un long récit.
_Je vais répondre à ta question mais tu ne m’interromps pas, ok ?...bien, alors je commence… Miaka était une jeune femme que j’ai connu à mes dix sept ans. Elle était magnifique, je l’aimais beaucoup, vraiment beaucoup, mais pas comme elle l’aurait voulu…c’était une très bonne amie, peut-être même ma meilleure amie, mais elle… elle me voyait autrement… j’aurai pu l’aimer comme elle m’aimait, mais je… je n’aime pas vraiment les femmes, tout comme Tsukasa, Matsu et Ryuichi d’ailleurs, enfin pour eux je pense que tu l’avais déjà deviné…quant à moi, et bien, maintenant tu le sais… je suis homosexuel…enfin une chose de dite, je sais que ce n’était pas ta question mais…laisse moi parler s’il te plait, je ne me sentirais pas capable de continuer sinon… merci… pour en revenir à …Miaka… elle voulait qu’on sorte ensemble, et à cette époque je n’avais jamais connu de femme… je n’en ressentais pas l’envie, je ne m’intéressais qu’aux hommes… on a beaucoup parlé… elle était vraiment très entêtée… je lui ai expliqué que je n’étais pas attiré par les femmes, que ça ne venait pas d’elle… elle croyait que c’était elle qui clochait… elle m’affirmait que je ne pouvais pas dire non définitivement aux femmes si je n’avais pas essayé au moins une fois… elle m’a proposé de tenter l’expérience avec elle… j’ai accepté, ça ne me coûtait rien… enfin c’est ce que je croyais, si j’avais su ce qui allait arriver ensuite, je m’en saurais bien passé… je lui ai dit que je lui donnerai ma réponse définitive après, elle voulait savoir si c’était réellement impossible qu’il y ait un « nous »… on a couché ensemble une semaine après notre discution… j’avais fermé les yeux… je m’en rappelle très bien… bon sang, en réalité je n’ai pas pensé à elle quand on l’a fait, c’était très cruel je sais, mais je n’y pouvait rien… en plus, elle m’a dit que j’avais murmuré le nom d’un mec… celui sur qui je craquais à l’époque... encore aujourd’hui je ne comprends pas comment elle a fait pour ne pas m’en vouloir…je le lui avais demandé d’ailleurs… elle m’avait juste répondu que c’était elle qui avait insisté pour qu’on le fasse, donc elle n’avait pas à me reprocher quoi que ce soit, elle disait être la seule responsable de sa douleur… elle pleurait quand elle m’a dit tout ça… je me sentais tellement mal pour elle, je ne savais pas quoi faire… par la suite on a convenu de rester amis… on a oublié cette nuit, on a fait comme s’il n’y avait jamais rien eu… seulement on avait été stupide, tellement stupide… on ne s’était pas protégé… on était jeune, insouciant, et on croyait que rien ne pourrait arriver de grave, ni l’un ni l’autre n’était malade alors rien à craindre… toutes les excuses que je pourrais me trouver ne me serviront à rien de toute manière, on pense toujours que ce genre de choses n’arrive qu’aux autres, on pense toujours que l’on est trop bien pour mériter un tel sort, je ne pensais pas le mériter, du moins je l’aurais espéré… elle est tombée enceinte… quand je l’ai appris, j’ai vu ma vie s’effondrer… on n’avait que dix sept ans… on avait des projets plein la tête, on rêvait de tant de choses, et tout s’est effondré… pour nous deux… à cause d’une nuit… d’une seule putain de nuit… on était trop jeune pour assumer tout ça, on ne savait pas comment ça allait se passer… on était complètement perdu et paniqué… elle a mis ses parents au courant avant moi, elle avait plus de courage, elle en a toujours eu plus que moi… j’étais terrifié à l’idée que les miens le sachent… ses parents ont refusé qu’elle avorte, ils étaient contre l’avortement, alors celui de leur propre fille, c’était hors de question de simplement y penser… moi, j’ai refusé de la laisser tout assumer toute seule… elle m’a dit de ne rien dire aux miens, qu’elle saurait s’en sortir, que ses parents l’aideraient… elle était sûre que tout était de sa faute… elle pensait que si elle n’avait pas tant insisté, on n’aurait jamais couché ensemble, et on ne se serait jamais retrouvé dans cette situation… mais je ne voulais pas la laisser se débrouiller seule… avec mon enfant… c’était le mien aussi, et je devais assumer… j’étais responsable, j’aurais dû me protéger, on nous le répète tout le temps, peut-être pas assez finalement… et puis même si je manquais de courage, je n’étais pas un lâche… mon père a hurlé et ma mère a pleuré quand je leur ai annoncé… j’avais foutu ma vie en l’air… j’ai pris mes responsabilités, je me suis déclaré aux parents de Miaka comme étant le père et voulant tout assumer avec elle… ils n’ont rien dit, ils se sont contentés de me regarder avec haine et mépris… je les comprenais, j’avais gâché la vie de leur fille, même si elle, elle m’assurait non… je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir coupable, j’avais participé à bousiller deux vies : la sienne et la mienne… c’était suffisant pour me haïr moi-même… j’espérais seulement ne pas gâcher celle de notre enfant… j’ai arrêté mes études et j’ai pris un job, durant les mois qui ont suivi j’ai fait tout ce que j’ai pu pour être là pour elle… mes parents ne me parlaient plus, et les siens parlaient mariage… ils ne voulaient pas qu’elle accouche sans être mariée… c’était l’horreur, mes parents ne voulaient avoir aucun contact avec Miaka et sa famille, et étant donné que j’étais mineur, il me fallait leur autorisation pour que l’on puisse se marier… après environ cinq mois, ils ont fini par capituler… leur colère s’était apaisée mais leur déception était au comble… j’avais déçu mes parents, cela m’anéantissait encore plus que je ne l’étais déjà… je les aime énormément et je n’aurais jamais souhaité les décevoir un jour, c’était la pire chose que je pouvais imaginer faire… on a préparé le mariage, enfin nos parents l’on fait, surtout ceux de Miaka. Les miens y étaient très réticents, ils… je ne sais pas comment mais ils savaient déjà pour mes préférences… Le jour du mariage est arrivé plus vite qu’on ne l’aurait pensé… on était complètement perdu… on se noyait et personne ne faisait rien pour nous lancer une bouée… on avait organisé un mariage traditionnel bien entendu… Miaka et moi avions été séparés ce jour là… elle devait arriver en voiture avec son père, et moi avec le mien… quand je suis arrivé, elle n’était pas encore là… on a attendu, de toute manière je n’avais que ça à faire… quand l’heure où la cérémonie devait enfin commencer a sonné, elle, elle n’était pas là… son père est arrivé, il était seul et affolé… Miaka était partie, elle avait laissé un mot… c’était… enfin, elle… elle demandait pardon… elle me demandait pardon… ses parents disaient qu’elle avait pris la fuite, qu’elle avait perdu son courage et qu’elle était devenue lâche… j’avais une boule qui c’était formée dans ma gorge et mes yeux me piquaient… je m’en rappelle comme si c’était hier… je ne pouvais pas détacher mon regard de cette lettre… j’avais une étrange sensation qui me broyait les entrailles… j’avais peur… je ne savais pas pourquoi mais j’avais vraiment peur… on est parti à sa recherche… les heures ont passé et toujours rien… on ne l’avait pas trouvé. Le lendemain, le père de Miaka a été appelé à l’hôpital… je l’ai accompagné… je me sentais de plus en plus mal… une fois là-bas, le médecin nous a dit que c’était pour identifier un corps… on ne comprenait pas trop pourquoi on était là, mais on a suivit sans rien dire… il y avait un silence angoissant… quand… quand il nous a montré le corps… il y a eu comme… un vide, je ne sais pas trop comment l’expliquer, plus rien n’existait, il n’y avait que ce corps, il était si près de moi… son père… il a fait une crise cardiaque… et moi… moi, je suis resté figé… j’étais incapable de prononcer le moindre mot, de faire le moindre mouvement, j’avais seulement conscience des larmes qui coulaient silencieusement sur mes joues… je ne m’étais même pas rendu compte que le père de Miaka s’était effondré à mes cotés, ni des médecins et infirmiers qui l’avaient pris en charge… mes yeux étaient fixés sur ce corps face à moi, je ne voyais que ça… le médecin n’avait pas pris le temps de le recouvrir, il s’était empressé de venir en aide au père de Miaka… elle semblait si sereine… les yeux clos… les lèvres bleues… sa peau était si pâle… sans vie… j’ai… inconsciemment, j’ai avancé ma main… elle était froide, si froide… après je… je ne sais plus vraiment ce qui s’est passé… tout ce que je savais c’est que je… je l’ai tué, c’est moi qui l’ai tué… si seulement j’avais pris mes précautions… si je m’étais protégé… elle ne serait sûrement pas morte… j’étais emprisonné dans une sorte de brouillard, tout était vague, je n’entendais que des bourdonnements, je ne voyais que le corps, le reste était flou… j’avais le sentiment de pas être présent, je ne vivais pas cette scène, je la regardais, j’en étais seulement témoin, j’étais réduit au rôle de spectateur alors que j’avais l’un des rôles principaux, je… je me sentais vide, je ne ressentais plus rien. Ils m’ont mené ailleurs, je ne sais plus où, j’étais comme un pantin qu’ils manipulaient à leur aise. Le médecin nous a dit…il a dit qu’elle s’était… suicidée… elle… elle s’était jetée par la fenêtre d’un immeuble …elle est morte…elle et l’enfant… ils étaient morts…ils sont morts…par ma faute, à cause moi… je n’avais même pas soupçonné qu’elle avait l’intention de faire ça… je l’ai tué… je ne suis qu’un assassin…
La voix de Katsuo se brisa en un sanglot, et il se recroquevilla sur lui-même. Peu après le début de son récit, des larmes s’étaient mises à couler doucement le long de ses joues. Axel avait tenté de le serrer dans ses bras pour lui montrer son soutien, mais il avait esquivé l’étreinte que le roux lui offrait. Il avait souhaité l’arrêter, lui dire de se taire s’il ne voulait pas en parler, mais Katsuo l’avait incité à ne pas ouvrir la bouche et à écouter. En le voyant éclater en sanglot distinctement, Axel s’approcha du brun, ignorant volontairement la tentative de Katsuo de s’éloigner de lui, il l’entoura de ses bras, le serrant contre lui, espérant lui apporter un minimum de réconfort avec cette douce étreinte. Au début clairement réticent, Katsuo se laissa finalement aller. Il s’écroula complètement dans les bras d’Axel et pleura à chaudes larmes sur l’épaule du roux. Ce dernier raffermit sa prise sur son ami et passa calmement, presque instinctivement, une main dans les mèches brunes, en un geste tendre et apaisant.
Le rouquin avait lui-même les larmes aux yeux et se retenait tant bien que mal de les laisser suivre leur cours. L’histoire de Katsuo l’avait profondément remué, il avait été tellement touché par cet homme au creux du désespoir. La souffrance du brun était si palpable, chacun des mots qu’il avait prononcé avait été dits avec tant de douleur et de détresse, mêlées à une profonde tristesse. Sa voix avait tremblé plus d’une fois. Axel s’en voulait, il avait ravivé de pénibles souvenirs, et jamais il n’aurait dû demander qui était la femme que Katsuo avait appelé durant son cauchemar. Le roux avait été étonné de découvrir que les gémissements qui l’avaient réveillé provenaient de son ami endormi à ses cotés. Le regarder se débattre dans son sommeil et enfermé dans ce qui semblait être un mauvais rêve, l’avait encouragé à le sortir de ce songe qui le torturait. Il avait failli pousser un cri en voyant Katsuo se redresser si soudainement, mais il se l’était empêché, se mettant vivement une main devant sa bouche. Lorsqu’il avait vu dans les onyx du brun l’attente d’une question, il avait immédiatement demandé qui était Miaka. Il le regrettait à présent, il aurait dû se contenter du « ça va » classique après tout cauchemar, et non pas la question qui plonge le concerné dans un souvenir horrible et difficile à supporter.
Axel murmura des mots qui se voulaient apaisants à l’oreille du brun, et ne cessa de passer sa main dans la chevelure de son ami pour calmer doucement la crise de larmes qui submergeait Katsuo bien malgré lui. Celui-ci s’était accroché au T-shirt du roux comme un naufragé à une bouée, refusant de lâcher la prise sur sa dernière chance de survie.
Plus d’une demi-heure passa avant que les tremblements et sanglots du brun ne se fassent moins violents. De fines rivières salées continuèrent à couler cependant, mais vaincu par la fatigue qui s’était brusquement abattu sur ses épaules, Katsuo ne pu résister à l’appel de Morphée et s’endormi à l’abri, dans les bras d’Axel, le visage enfoui dans son cou. Le rouquin le garda contre lui et le berça jusqu'à ce que le sommeil le gagne lui aussi.
**********
Ses paupières s’ouvrirent lentement de peur, inconsciemment, d’être aveuglé par des rayons de soleil qui auraient réussi à filtrer à travers les rideaux tirés. Cependant Katsuo ne fut nullement ébloui, la seule chose visible pour ses yeux encore endormis fut une étendue de peau nacrée. Il prit alors brusquement conscience de ce qui c’était passé pendant la nuit. Les souvenirs de son récit et son état lui revinrent de plein fouet telle une violente claque. Il frissonna légèrement et se serra davantage contre le corps pressé contre le sien. Ses onyx s’écarquillèrent lorsqu’il réalisa enfin la position dans laquelle il se trouvait. Il avait ses bras autour de la taille d’Axel et le visage au creux de son cou. Le rouquin, lui, avait passé ses bras autour de ses épaules et une de ses mains se perdait dans ses cheveux. Ne voulant pas réveiller une fois encore son ami, Katsuo se cala un peu plus confortablement contre la gorge du roux.
Il s’était confié à Axel et il ne le regrettait pas. Il n’en avait jamais parlé avant et il découvrit à cet instant que cela lui avait fait du bien, il avait eu besoin de se confier à quelqu’un mais personne ne l’avait entendu demander implicitement de l’aide. Axel l’avait écouté et l’avait réconforté lorsqu’il s’était mis à pleurer, il lui en était redevable. Le roux ne se rendait peut-être pas compte de l’importance de ses gestes cette nuit, mais il lui ferait savoir combien il avait apprécié son comportement. Katsuo ne savait combien de temps il était resté plongé dans ses réflexions, mais il en fut sorti par une main caressant doucement ses mèches brunes. Il pensa alors à la réaction d’Axel, d’après son comportement actuel il pouvait être certain qu’il ne le rejetait pas. Il avait eu peur un moment qu’il ne le trouve abominable pour avoir fait cela à Miaka. Il eu envi de se dégager de cette étreinte pour savoir si le roux ne le prenait pas en pitié. Mais son envie de poursuivre cette agréable caresse le contraint à rester dans les bras d’Axel, pas que cela lui déplaise.
Il eu un soupir de bien-être et se pressa un peu plus contre le corps étendu à ses côtés, à ce geste, la main égarée dans ses cheveux cessa tous mouvements. Une plainte sourde se fit entendre, et Katsuo s’aperçut, honteux, qu’il en avait été l’auteur. Un faible rire lui parvint aux oreilles et il ne pu s’empêcher de marmonner un « je vois pas ce qu’il y a de drôle », qui fit redoubler le rire d’Axel. Katsuo s’écarta un peu et ancra ses prunelles sombres dans celles océanes de son ami.
_ça…ça va ?
_oui…merci Axel
_je n’ai rien fait…
_si, tu es là, tu m’a écouté, et tu m’a consolé, c’est déjà beaucoup, crois moi
Katsuo reposa sa tête contre le cou d’Axel, un sourire jouant sur ses lèvres. Le roux se tendit lorsque son ami re-nicha sa tête là où elle avait été à peine deux minutes plutôt. Il avait cru que le brun s'éloignerait de lui complètement étant donné qu’ils étaient tous les deux éveillés, mais il n’en était rien. Il hésita longuement avant de rendre l’enlacement que Katsuo exerçait sur lui. Finalement Axel se relaxa et referma les yeux en quête d’un peu de repos.
Tsukasa s’étira de tout son long dans son lit et poussa un soupir à fendre l’âme. Il n’avait aucunement envie de se lever ce matin là. Il avait fermement décidé la veille d’avoir une conversation avec Matsu. Il fallait qu’il trouve un endroit calme, où ils seraient seuls assez longtemps pour pouvoir tout lui dire. Il se sentait vraiment comme un crétin, le brun allait sûrement le prendre pour un idiot quand il lui parlerait, mais il avait besoin de lui confier ses craintes. Il se devait de prendre le risque, après tout Matsu avait fait le premier pas sans aucune incertitude, alors si le brun avait été capable de lui parler, lui le pourrait forcément. Il était bizarrement certain qu’il se ridiculiserait. Cela faisait presque deux heures qu’il traînait dans son lit, enfin c’était ce qu’il croyait. Il voulait retarder le moment fatidique le plus tard possible. Il saisi sa montre posée sur la table de nuit et y jeta un bref coup œil. Déjà midi vingt cinq. Tsukasa comprit soudainement pourquoi son ventre gargouillait inlassablement. Il devait se lever. Il devait le faire. Il n’allait pas rester allongé toute la journée tout de même. A la réflexion, cette idée lui plaisait beaucoup. Il ne verrait pas Matsu et ainsi, il éviterait la fameuse conversation. Il s’était promis de lui parler ce jour là, alors s’il ne le voyait pas, il échapperait à sa décision prise la veille. Voilà une belle perspective qui le fit sourire. Il ne s’était jamais promis de la reporter donc s’il suivait son programme, qui était de fuir Matsu, il s’en sortirait pour cette fois.
Quelqu’un frappa à sa porte, coupant ainsi le fil de ses pensées. Il redressa sa tête et attendit. Au bout de quelques minutes, il entendit la voix de Matsu l’appeler doucement à travers la fine planche. Il laissa sa tête retombée lourdement et poussa un nouveau soupir. C’était mal parti. Comment pourrait-il éviter Matsu si celui-ci venait le voir ? Le brun lui demanda s’il pouvait entrer et, n’obtenant toujours aucune réponse, il franchit le seuil de la chambre de Tsukasa, malgré le fait qu’il n’en ait pas eu l’autorisation. Le blond ferma précipitamment les yeux, feignant d’être endormi. Matsu s’avança dans la pièce faiblement éclairée et s’assit sur le lit, à côté du corps étendu. Il sourit en remarquant la position de son cadet, allongé sur le ventre les bras déplié, en croix, les jambes écartées, la tête tournée sur le côté, vers le brun, enfouie dans son coussin.
Matsu passa délicatement sa main sur la joue de son ami et haussa un sourcil à la réaction de celui-ci. Tsukasa avait sensiblement froncé les sourcils et avait appuyé sa pommette contre sa main. Il aurait sans doute cru ce geste inconscient s’il n’avait pas vu ce froncement de sourcil. Il repoussa quelques mèches blondes du visage soi-disant endormi. Tous les muscles de son amour s’étaient tendus à son contact. Tsukasa simulait d’être assoupi, c’était une évidence. Bien. Il jouerait le jeu. Du moins jusqu’à ce qu’il se décide à arrêter sa comédie, à lui dire ce qui lui arrivait et le pourquoi de cette paresse inhabituelle.
Matsu s’appuya sur le haut du lit, et entreprit de douces caresses sur la nuque et les cheveux du blond. La peau de Tsukasa était couverte de chair de poule sous les assauts de la main du brun. Il était hors de question qu’il ouvre les yeux. Il dormait, point. Peut être devrait-il faire semblant de se réveiller. Pas pour le moment, il voulait profiter des câlineries de Matsu. Il avait complètement perdu la conception du temps, lorsqu’il sentit Matsu se glisser contre lui. La bouche du brun frôla son oreille et une vague d’anticipation le traversa avant que la voix de son ami lui parvienne en un faible murmure.
_Tsuka d’amour…je sais que tu ne dors pas…
_...
_tu ne veux pas me parler ?
Tsukasa ne pu s’empêcher de le lui confirmer d’un mouvement de tête
_ah…je peux savoir pourquoi ?
Nouveau mouvement de tête de droite à gauche.
_bon…j’ai fais quelque chose de mal, qui t’as déplu ?
_non…la voix du blond se fit entendre, étouffée par l’oreiller.
_tu parles enfin, j’ai cru qu’on t’avait arraché la langue durant la nuit, ce qui aurait été fort dommage parce que ta langue m’intéresse de très près vois-tu…
Matsu attendit une réplique pour le remettre à sa place, mais rien ne vint. L’anxiété le gagnant, il essaya de faire parler son ami.
_Tsukasa…dis moi ce qui ne va pas ?
_rien…
_pourquoi agis-tu comme ça alors…
_parce que
_quel argument…je ne sais plus quoi dire là, parce que, c’est tellement peu vague que j’ai tout compris…
_garde tes commentaires pour toi
_seulement si tu me dis ce qui ne va pas…
_je…je ne te dirais rien ! Matsu le regarda étonné. Le blond s’était redressé et avait pratiquement crié cette dernière phrase.
_Tsukasa, tu m’inquiètes, tu sais ?
_désolé…
_de quoi ?
_heu…
_t’es pas croyable, tu t’excuses et tu ne sais pas pourquoi…
_tu m’énerves…
_je sais, mais c’est pour ça que tu m’aimes
_...
_Tsukasa ?
_quoi ?
_tu m’inquiètes vraiment
_pourquoi ?
_tu n’es pas comme d’habitude
_je…Matsu ?
_oui ?
_est ce que je peux attendre ce soir pour te parler ?
_bien sûr ! Enfin j’aurais aimé le savoir maintenant mais si tu préfères ce soir, de toute manière l’importance c’est que tu me le dises pas vrai ?
_oui…
_j’ai hâte d’être à ce soir alors !
_pas moi…
_hein ?
_rien
_bon…tu te lèves ?
_je sais pas, je suis bien dans mon lit
_Tsukasa, ne fais pas le gamin !
_pour une fois que c’est moi…
_allez, debout !
_t’es chiant…
_je sais… t’as faim ?
_oui
_tu vois, t’as une raison de te lever !
Tsukasa sortit de son lit en pestant contre Matsu qui le tirait sans ménagement par la main, hors de la chambre. Ils descendirent se tenant encore la main, et s’attablèrent avec les autres. Le blond fut un peu mal à l’aise de voir qu’il était le seul encore en pyjama. Cependant personne ne fit aucune remarque sur sa tenue, et il en fut soulagé.
Un téléphone sonna stoppant la conversation qui avait débuté depuis l’arrivée des deux jeunes hommes. Tous les regards se tournèrent et fixèrent un seul et même individu. Ryuichi, qui ne remarqua pas le silence qui s’était instauré, releva son visage jusqu’alors baissé, se sentant observé.
_quoi ?
_tu sonnes
_hein ?
_Fuki veut dire que ton portable sonne…repris tranquillement Tsukasa
_ah…
_tu ne réponds pas ? questionna Izue
_ben je mange
_et ? l’incita à poursuivre Katsuo
_si c’est important on me rappellera…
Et sur ce, il pris une nouvelle bouchée de son plat sans plus se préoccuper des autres. Le déjeuner se termina dans la bonne humeur, et ils continuèrent à parler de tout et de rien.
En fin d’après midi la sonnerie du portable de Ryuichi retentit de nouveau. Il se décida à répondre et il fut énormément surpris d’entendre la voix de Nathaniel résonner au creux de son oreille.
_...Nathaniel ?
_oui c’est moi…j’ai cru à un moment que tu ne me reconnaîtrais pas
_qu’est ce que tu veux ?
_oui moi ça va et toi ?
_heu ça va
_c’est bien alors…je t’appelle pour savoir si t’as prévu quelque chose ce soir ?
_heu non j’ai rien prévu…
_c’est super…tu ne peux pas me refuser une petite sortie en ville donc
_et bien…
_j’ai dis que tu ne pouvais pas refuser
_alors si tu m’y obliges…c’est d’accord
_cool…on se retrouve où
_je sais pas, et je te rappelle que je connais rien d’ici …
_bon, dis moi à quel chalet tu es…
_pourquoi ?
_pour venir te chercher andouille !
_hey ! M’appelle pas andouille !
_ok ok, reste calme, pense à ton cœur
_mon cœur va très bien, et puis pourquoi tu me parles de mon cœur ?
_s’énerver, c’est mauvais pour le cœur, et toi t’as l’air d’une personne qui s’énerve souvent, très souvent en fait, donc c’est pour ça que…
_tu sais pas faire des phrases courtes…
_bon vu que ce que je te raconte ne t’intéresses pas on va changer de sujet… tu m’expliques où tu es ?
_là c’est toi qui t’énerves
_non
_si
_non
_si
_merde…
_heu…
_j’ai plus de batterie ça va couper
_ah
_je suis pas chez moi alors t’as intérêt à me dire vite fait où tu habites pour ces vacances sinon c’est raté pour ce soir
Ryuichi lui expliqua rapidement l’emplacement du chalet et ils n’eurent pas le temps de se dire à quelle heure le décoloré passait le chercher que la communication cessa. Il rangea son portable et accrocha le regard moqueur de Katsuo.
_ne dis rien…
_hier tu pensais qu’il ne te téléphonerait jamais et il t’appelle dès le lendemain de votre rencontre…si c’est pas beau ça
_Katsuo…je t’avais dis de te taire…
_oh, désolé
_ouais, t’as l’air absolument désolé…
Katsuo et Ryuichi partirent dans une de leurs indénombrables chicanes, sous le regard défaitiste des autres et assez amusé d’Axel. Il avait eu l’occasion de les voir ensemble qu’une fois avec tous les autres, lors de sa rencontre avec le groupe. Ces deux là avaient d’ailleurs passé tout leur temps à se chamailler gentiment.
Un peu avant la nuit tombée, Nathaniel, qui avait été le sujet de toutes les conversations cet après midi là, était venu chercher Ryuichi comme il l’avait prévu.
Sans le saluer, le musicien le saisit par le bras et s’éloigna à grand pas loin du chalet, entraînant avec lui Nathaniel, quelque peu déboussolé, ne comprenant pas la raison de ce comportement si empressé.
Matsu les regarda partir vivement et pouffa en voyant la moue outrée de Katsuo. Il rentra à l’intérieur, grincheux. Matsu le suivit et ne vit pas Tsukasa dans le salon. Intrigué, mais surtout surpris que le blond se mette ainsi à l’écart, il fit rapidement le tour du chalet, et ne le trouva nulle part. Il sortit et entreprit de le rechercher.
Matsu marcha jusqu’au lac sans trouver la moindre trace du blond. Il longea la rive et aperçu enfin son ami. Il avança jusqu’au bout du ponton où était assis Tsukasa, et s’approcha suffisamment pour qu’il puisse lui chuchoter quelques mots à l’oreille.
_je t’ai cherché partout… tu sais, tu ne devrais vraiment pas t’éloigner comme ça sans prévenir personne… enfin surtout sans me prévenir moi
_pourquoi ?
_je me suis inquiété, je ne savais pas où tu étais et je dois avouer que je me suis un peu affolé
_affolé ?
_oui, mais je ne sais pas trop pourquoi…qu’est ce que tu fais ?
_je réfléchis
_à quoi ?
_rien d’important…
_...ce matin tu m’as dis que tu me dirais ce qui n’allait pas, alors si tu veux toujours en parler, je t’écoute
_tu…tu me promets d’être honnête avec moi ?
_je le suis toujours Tsuka
_Matsu…
_je te le promet
_…jure moi aussi que tu ne te moqueras pas ?
_je te le jure
_bon, tout ce que je vais te dire est une simple hypothèse, ok ?
_ok…
_alors… supposons que ce que tu m’as dit l’autre jour dans ma chambre, ne me soit pas sortit de l’esprit depuis, et que je n’arrête pas de remuer tout ça dans ma tête… si jamais je comprend enfin les sentiments que j’ai pour toi, et si j’arrive à les nommer distinctement sans pour autant en être vraiment très sûr… on suppose toujours d’accord ?
_oui, oui
_bon… si à la réalisation de tout ça, je me mets à avoir peur… mais pas la même peur que j’avais la dernière fois, un autre type, tu vois ?
_à peu prêt, mais quel genre de peur exactement tu ressentirais ?
_heu… plusieurs sortes en fait…
_dis moi
_... celle de te perdre par exemple…
_me perdre ? Comment ça ?
_et bien… toujours en supposant… tu pourrais me quitter si on se mettait ensemble
_pourquoi voudrais-tu que je me sépare de toi si on forme un véritable couple, chose que j’attends depuis des années ?
_heu… peut être que tu m’abandonnerais parce que pendant tu m’attendais, tu te serais imaginé des choses à mon sujets qui n’étaient pas réelles, donc tu partirais parce que je t’aurais déçu… ou alors tu t’apercevrais finalement que je ne suis pas si bien pour toi… tu pourrais aussi te lasser, au bout d’un moment, tu ne pourrais plus me supporter, tu ne me trouverais plus si intéressant et tu me laisserais…ou encore je pourrais ne pas te satisfaire sur le plan physique, et là aussi tu partirais ou tu me tromperais, ce qui me ferais très mal… et tu pourrais aussi me délaisser parce que si ça se trouve, ce que tu crois être de l’amour n’est qu’un mélange de désir physique et de désir de possession parce que ton ego est blesser, je suis le seul qui t’es réellement résisté alors que tu me voulais semble-t-il, ardemment… et en me possédant tu remonterais donc ton ego…
_… waouh, c’est très…
_ce ne sont que des suppositions hein !
_encore heureux ! Parce que là, tu aurais vraiment très peu confiance en moi…
_pourquoi tu dis ça ? J’ai confiance en toi…
_ce ne sont que des suppositions, non ?
_bien sûr !
_bon et bien dans toutes tes hypothèses, tu n’as pas ou très peu confiance en moi…
_Matsu, je ne comprends vraiment pas ce que tu racontes…
_c’est pourtant clair…bon je vais reprendre les choses dans l’ordre, ok ?
_hm
_bien… alors, pendant que je t’attendais comme tu l’as dis, toi et moi on est devenu ami, non ?… même si moi j’espère plus depuis le début… enfin bon… le fait est que pendant qu’on était ami, tu as su te montrer très adorable, mignon mais aussi très chiant, gamin et j’en passe… tout ça pour dire que je t’ai vu dans tes meilleurs jours, comme dans tes plus mauvais… je sais parfaitement que tu as un sale caractère, donc je ne pourrais jamais te quitter sous prétexte que je ne te connaissais pas vraiment et que je m’attendais à autre chose… ensuite, je suis sûr et certain que tu es bien pour moi… comment je le sais ? C’est mon cœur qui me le dit tout simplement… et mon instinct me dit, lui, que mon cœur ne se trompe pas… pour l’hypothèse dans laquelle je me lasserai… c’est tout bonnement impossible… pourquoi ? Parce que j’ai passé plus de trois ans à tes côtés en te supportant et sans jamais penser une seule seconde que tu était inintéressant… j’ai toujours voulu savoir tes opinions sur tel ou tel sujet à ce que je sache… pour les relations physiques, ce n’est pas mes priorités contrairement à ce qu’on pourrait croire… on peut toujours trouver une solution et en parler dans le cas que tu as énoncé… une chose est sûre, je ne te tromperais jamais, ce n’est pas du tout mon style… je ne suis pas un lâche, si je ressens le besoin d’aller voir ailleurs, j’en parle à mon partenaire, je fonctionne comme ça moi… enfin bon, honnêtement, je doute fortement que je n’apprécierais pas nos nuits d’amour… ou journées… pour en revenir à tes suppositions, je t’aime, et ça, tu ne peux pas en douter, parce que c’est un amour véritable, profond et passionné… je sais ce que je ressens pour toi, et je ne te permet pas de douter de mon amour, tu n’en as vraiment, mais alors vraiment pas le droit… pour le désir physique, ça c’est inévitable, j’ai envi de toi depuis le premier jour… je ne vais pas te mentir, au début je t’ai aborder seulement parce que j’avais envi de toi, et le fait que tu m’ais repoussé m’a incité à te vouloir plus que tout… seulement, quand j’ai commencé à te connaître je me suis rendu compte que je tombais amoureux de toi, et ça ne m’a nullement dérangé d’ailleurs… le sentiment de possession est bien présent, mais pas pour les raisons que tu as énoncé, je veux t’avoir rien que pour moi, et c’est un peu normal parce que je t’aime, et que ça me fait mal de te voir avec un autre, et de toute manière je suis très jaloux, et c’est bien connu ces deux sentiments sont souvent, voir toujours, liés, donc voila… et en ce qui concerne mon ego, je ne suis pas le genre de type qui va faire des avances durant trois longues années pour satisfaire son ego… je crois que j’ai répondu à toutes tes hypothèses, non ?
_oui…
_est ce que mes réponses te conviennent ?
_oui, enfin je… je ne comprends pas pourquoi tu m’as dit que je n’avais pas confiance en toi
_dans tout ce que tu as supposé, tu doutes clairement de mon amour à ton égard, et si tu ne crois pas que je t’aime, et bien ça veut dire que, inconsciemment peut être, tu ne me fais pas confiance… tu ne fais pas confiance en mes sentiments, donc en moi…
_je n’avais pas pensé à ça… je me disais juste que c’était assez impensable que tu puisses m’aimer comme ça c’est tout…
_pourquoi ?
_parce que tu peux avoir n’importe qui, et à la place tu t’encombres de moi ? Ça me parait irréaliste
_je ne m’encombre pas de toi Tsukasa… les autres me paraissent tout à fait inutile mais pas toi, toi tu m’es indispensable…
_je pense que je commence un peu à te comprendre… mais c’est encore assez flou pour moi
_si tu veux que je t’éclaire, je suis là… tu veux savoir autre chose ? Tu n’as plus d’autres doutes ?
_non, je… c’est bon
_c’est à ça que tu pensais ce matin, et que tu voulais me dire seulement ce soir ?
_oui
_il n’y a rien d’autre ?
_non
_sûr ?
_oui, oui
_bon, alors voila une bonne chose de réglée…
_merci
_je suis ravi d’avoir pu répondre à tes questions Tsukasa… tu as froid ?
_non ça va
_tu trembles un peu… viens, on rentre au chaud…
Matsu se leva et tendis une main au blond qui la saisi sans aucune hésitation. Il l’aida à se remettre sur ses deux jambes, et le plus jeune des deux repris la parole avant qu’ils n’aient fait un pas.
_Matsu ?
_hm ?
_tu… tu m’aimes vraiment, hein ?
_… bien sûr ! Quelle question ! Je t’aime Tsukasa…
_... d’accord… on y va ?
Le brun resserra sa prise sur la main de son ami qu’il n’avait pas lâché. Il se retourna et s’apprêta à partir, mais Tsukasa tira brusquement sur sa main, l’obligeant à lui faire face à nouveau. Il pensa un instant que le blond aller lui poser une nouvelle question, mais aucun son ne vint. Les yeux de Matsu s’écarquillèrent de surprise sous le geste si inattendu de la part de Tsukasa.
à suivre…
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