Le Jeu de la Vie

 

 

Auteur : Kitsune
Adresse : a.kitsune@wanadoo.fr – dolly_kitsune@hotmail.com
Genre : space, death
Disclaimer : Tous les persos sont à mouah ^^

Kit’ : Euh, Shizuku a lu le truc en cours d’anglais, quand c’était encore au stade expérimental ^^o Elle a trouvé ça zarb, particulier et très space…Et a dû relire deux fois pour comprendre certains trucs, d’autres restent encore dans le flou…Avis aux amateurs ! ^^o

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L’adolescent pencha la tête, imitant le mouvement du félin. La patte de l’animal se leva. Sa main, fine, fit de même.
Son jeu favori. Face à l’être quadrupède, au pelage d’un noir intense et brillant, aux reflets parfois blancs. Faire comme lui.
Le Chat le fixait sans discontinuer, de ses grands yeux, les prunelles vertes immobiles. Les crocs de la petite bête brillèrent un instant quand la goutte d’une substance un peu collante et d’un rouge foncé s’écrasa sur le sol goudronné de la cour. Il sécha rapidement, exposé au soleil brûlant de l’été.
Le garçon retroussa sa manche gauche. S’il la salissait, sa mère le gronderait. Ses yeux bruns reportèrent à nouveau leur attention sur le Chat. Majestueux, celui-ci se dressa, imité en tous points par le parti adverse.
Il aimait ce jeu. Pouvoir faire comme cet être vivant et libre. Se sentir comme lui, sans être vivant pour autant. Une sensation grisante.
Il posa enfin les ciseaux qu’il tenait dans sa main droite depuis le début. Il n’en avait plus besoin, à présent. Il remis une mèche derrière son oreille avec un petit sourire. Puis soupira lorsqu’il sentit le liquide poisseux s’étaler sur sa joue. Il lui faudrait se débarbouiller, peut-être, s’il rentrait.
Le Chat s’étira, entraînant le garçon à reproduire le mouvement. Celui-ci se redressa plus tôt. Le temps que l’animal se relève, il le toisa longuement. Ses yeux s’étrécirent. Il allongea le bras avec rapidité, attrapant le félin par la peau du cou. Il le plaqua contre i avec vigueur, le maintenant en travers de son corps, fermement. Deux doigts appliqués sur la gorge de la bête. Cette dernière ne bougeait pas.
La danse de dernier jeu ; ce qu’il préférait.
A côté de lui, il empoigna le couteau de cuisine, d’un geste détaché, tranquille. Il brandit la lame aiguisée, laquelle alla s’abattre avec violence sur la cible décidée. Le félin battit l’air de ses pattes un instant.
L’homme regarda la masse abondante de sang déferler sur lui. Le Chat se redressa, puis se dégagea du corps de l’humain, entreprenant de nettoyer consciencieusement son poil sali.
Bientôt la fin du jeu. Dernières imitations.
Le quinquagénaire tendit une main fébrile et couverte d’un rouge intense et cuivré, mimant la patte tendue du Chat. Le couteau avait glissé de nouveau à terre. Il se mit à quatre pattes, en face de la bête aux yeux verts et brillants. Yeux dans yeux. Esprit contre esprit. Une illusion, même infime, d’être « lui ». De devenir « lui ». La tête de l’homme s’inclina lentement vers l’avant.
Le sang ne cessait de s’écouler le long des membres du vieillard. Le dos voûté, il tâchait de vaincre à la dernière partie du jeu. Il plia ses bras un peu ; il rentra ses jambes sous lui également. Ils étaient trop longs. Il lui fallait les raccourcir. Il se tassa un peu ; il était trop grand, sinon.
Le Chat le nargua. Il tira une petite langue rose entre ses crocs. Le vieil homme fit de même.
Ne pas lâcher prise. Faire comme « lui ». Penser comme « lui ». Un de ses genoux se coupa en effleurant la lame effilée du couteau par terre près de sa jambe.
Neige éveillée ; soleil blanc de froid.
Espace pur et satanique entaché de rouge.
Le sol était gelé ; il s’en rendit compte lorsqu’il le heurta de son crâne fragile. Il faisait froid, sa fourrure grise avait beau le recouvrir tout entier, elle ne le protégeait nullement. Son poil collait ; le sang avait séché sur la moitié de son corps.
Le bout des pattes. Poignets entaillés
La cage thoracique. Torse lacéré
L’articulation à mi-patte arrière. Genou coupé
La bête noire se campa sur ses quatre pattes robustes. Elle avait encore gagné au jeu. Le regard vert toisa longuement le vieux chat gris étalé sur le sol aux arbres alentours bourgeonnants.
Le perdant laissa ses paupières lourdes et fatiguées se fermer sur ses pupilles verticales au centre de prunelles couleur noisette.
Il avait lui aussi perdu le jeu de la vie. Comme les autres avant et après lui.
Une fleur venait d’éclore.
Le petit garçon éteignit la lumière de son chevet. Il sourit au Chat noir assis sur le rebord de sa fenêtre. L’animal pencha la tête sur le côté. Le gamin l’imita.
Et l’enfant commença à son tour sa partie du Jeu de la Vie.

 

 

FIN