Le Jeu de la Vie
Auteur : Kitsune
Adresse : a.kitsune@wanadoo.fr – dolly_kitsune@hotmail.com
Genre : space, death
Disclaimer : Tous les persos sont à mouah ^^
Kit’ : Euh, Shizuku a lu le truc en cours d’anglais, quand c’était
encore au stade expérimental ^^o Elle a trouvé ça zarb,
particulier et très space…Et a dû relire deux fois pour
comprendre certains trucs, d’autres restent encore dans le flou…Avis
aux amateurs ! ^^o
* *
*
L’adolescent pencha la tête, imitant le mouvement du félin.
La patte de l’animal se leva. Sa main, fine, fit de même.
Son jeu favori. Face à l’être quadrupède, au pelage
d’un noir intense et brillant, aux reflets parfois blancs. Faire comme
lui.
Le Chat le fixait sans discontinuer, de ses grands yeux, les prunelles vertes
immobiles. Les crocs de la petite bête brillèrent un instant quand
la goutte d’une substance un peu collante et d’un rouge foncé s’écrasa
sur le sol goudronné de la cour. Il sécha rapidement, exposé au
soleil brûlant de l’été.
Le garçon retroussa sa manche gauche. S’il la salissait, sa mère
le gronderait. Ses yeux bruns reportèrent à nouveau leur attention
sur le Chat. Majestueux, celui-ci se dressa, imité en tous points par
le parti adverse.
Il aimait ce jeu. Pouvoir faire comme cet être vivant et libre. Se sentir
comme lui, sans être vivant pour autant. Une sensation grisante.
Il posa enfin les ciseaux qu’il tenait dans sa main droite depuis le
début. Il n’en avait plus besoin, à présent. Il
remis une mèche derrière son oreille avec un petit sourire. Puis
soupira lorsqu’il sentit le liquide poisseux s’étaler sur
sa joue. Il lui faudrait se débarbouiller, peut-être, s’il
rentrait.
Le Chat s’étira, entraînant le garçon à reproduire
le mouvement. Celui-ci se redressa plus tôt. Le temps que l’animal
se relève, il le toisa longuement. Ses yeux s’étrécirent.
Il allongea le bras avec rapidité, attrapant le félin par la
peau du cou. Il le plaqua contre i avec vigueur, le maintenant en travers de
son corps, fermement. Deux doigts appliqués sur la gorge de la bête.
Cette dernière ne bougeait pas.
La danse de dernier jeu ; ce qu’il préférait.
A côté de lui, il empoigna le couteau de cuisine, d’un geste
détaché, tranquille. Il brandit la lame aiguisée, laquelle
alla s’abattre avec violence sur la cible décidée. Le félin
battit l’air de ses pattes un instant.
L’homme regarda la masse abondante de sang déferler sur lui. Le
Chat se redressa, puis se dégagea du corps de l’humain, entreprenant
de nettoyer consciencieusement son poil sali.
Bientôt la fin du jeu. Dernières imitations.
Le quinquagénaire tendit une main fébrile et couverte d’un
rouge intense et cuivré, mimant la patte tendue du Chat. Le couteau
avait glissé de nouveau à terre. Il se mit à quatre pattes,
en face de la bête aux yeux verts et brillants. Yeux dans yeux. Esprit
contre esprit. Une illusion, même infime, d’être « lui ».
De devenir « lui ». La tête de l’homme s’inclina
lentement vers l’avant.
Le sang ne cessait de s’écouler le long des membres du vieillard.
Le dos voûté, il tâchait de vaincre à la dernière
partie du jeu. Il plia ses bras un peu ; il rentra ses jambes sous lui également.
Ils étaient trop longs. Il lui fallait les raccourcir. Il se tassa un
peu ; il était trop grand, sinon.
Le Chat le nargua. Il tira une petite langue rose entre ses crocs. Le vieil
homme fit de même.
Ne pas lâcher prise. Faire comme « lui ». Penser comme « lui ».
Un de ses genoux se coupa en effleurant la lame effilée du couteau par
terre près de sa jambe.
Neige éveillée ; soleil blanc de froid.
Espace pur et satanique entaché de rouge.
Le sol était gelé ; il s’en rendit compte lorsqu’il
le heurta de son crâne fragile. Il faisait froid, sa fourrure grise avait
beau le recouvrir tout entier, elle ne le protégeait nullement. Son
poil collait ; le sang avait séché sur la moitié de son
corps.
Le bout des pattes. Poignets entaillés
La cage thoracique. Torse lacéré
L’articulation à mi-patte arrière. Genou coupé
La bête noire se campa sur ses quatre pattes robustes. Elle avait encore
gagné au jeu. Le regard vert toisa longuement le vieux chat gris étalé sur
le sol aux arbres alentours bourgeonnants.
Le perdant laissa ses paupières lourdes et fatiguées se fermer
sur ses pupilles verticales au centre de prunelles couleur noisette.
Il avait lui aussi perdu le jeu de la vie. Comme les autres avant et après
lui.
Une fleur venait d’éclore.
Le petit garçon éteignit la lumière de son chevet. Il
sourit au Chat noir assis sur le rebord de sa fenêtre. L’animal
pencha la tête sur le côté. Le gamin l’imita.
Et l’enfant commença à son tour sa partie du Jeu de la
Vie.
FIN