Tueur à gages



Auteur : Westerly ( pas forcément une fille…)
Opposant : Mais…
West : C'est pas paske y a un y que chuis une fille ! T'as cas chercher le sens dans le dico !
-…
-Maintenant ferme-la ou je te châtre !
Source : Mon imagination débordante de délire en ce moment….
Toute ressemblance avec des personnages, de fiction existante, réels ou autres serait purement fortuite.
Genre : Yaoi et peut-être lemon mais j'en suis pas encore là vous devez comprendre…Et puis c'est pas sûr du tout…Mafieux en tout cas…
Je vous avertirais au cas où vous seriez des âmes sensibles !
+de l'auteur : Une question, amis lecteurs/lectrices, je connais beaucoup de filles qui lisent ce genre de fic(yaoi, lemon…), et qui les écrivent, y aurait-il des garçons ?
[Serais-je le seul ? Snif ! J'vais chercher un mouchoir !!!]


PREMIERE PARTIE : MEURTRE A CONTRECOEUR



-Ouah ! Ouah !
-Allez-y les chiens ! Arrêtez-le !!! Prends à droite ! Il ne doit pas nous échapper !!!!

Pang ! Pang !

-Shit…Je suis touché…Qu'est-ce que c'est que ça ?

L'homme entra avec difficulté dans la villa qui se trouvait juste devant lui, là au fond des bois.
Il se retrouva dans un vaste hall mais aucune porte ! …
Sa blessure l'étourdissait, sa tête devint lourde, il entendit à peine la voix masculine qui le menaçait.

-Qui êtes-vous ? Que venez-vous faire ici ?

Il s'écroula dans un bruit sourd et un gémissement rauque, maculant de son sang le carrelage blanc de la vaste pièce.

-Il manquait plus que ça…
-Cherche bien il ne doit pas nous échapper !! Les voix provenant du dehors n'avaient pas l'air amicales…
-Il va falloir nettoyer tout ça et vite !
-Toc ! Toc ! Toc ! Police ! Ouvrez !
-J'arrive ! Oui, bonjour. C'est pour quoi ?
-Excusez-nous Monsieur, mais nous recherchons un dangereux criminel. Vous n'avez aperçu personne dans les environs ?
-Non, et puis, je dispose d'un système de sécurité inviolable que j'ai moi-même créé si l'envie prenait à quelqu'un d'entrer sans y être invité…(Que j'aurais du laisser en marche d'ailleurs ! Se maudit-t-il intérieurement.) Vous voulez peut-être vérifier ?
Proposa-t-il avec magnanimité.
-C'est très gentil à vous de nous le proposer.
-Vous ne faites que votre travail…Continua l'homme, légèrement sarcastique.

Il tira sur une corde ; une femme d'une cinquantaine d'années, rondelette et joufflue, une gouvernante sans doute, arriva prestement, l'air guilleret et l'expression bienveillante.

-Lucy, mène ses messieurs de la police à travers la maison et ouvre leur toutes les portes.
-Veuillez me suivre messieurs…

Elle partit sans plus attendre suivit d'un seul policier. L'homme ne s'en offusqua pas : il avait l'habitude…

-Il est vraiment dangereux ?
-Il vient d'assassiner le ministre des affaires étrangères. Personne ne l'a vu, mais il est blessé, mon coéquipier l'a touché lors de notre course poursuite…

Vous avez une magnifique propriété…

-C'est exact, j'emploie d'ailleurs quatre personnes. Une gouvernante, un jardinier de son métier et deux forgerons également garçons d'écuries.
-Combien de chevaux ?
-18, et 5 poulains…Sans compter mes étalons…
-Il n'y a rien ici…Mais vous avez un grand parc, et des abris ? Demanda le policier en revenant accompagné de la gouvernante.
-Appelle Jimmy et Charlie, qu'ils montrent à ses messieurs le parc dans ses moindres détails, sil te plaît Lucy.
-Oui. Et pour votre dîner ?
-Apporte-le dans la grande bibliothèque. Bien, au revoir et bonne continuation dans votre enquête.
-Merci à vous, Monsieur … ?
-Trinnt. Au revoir…

L'homme monta dans l'immense bibliothèque, délogea cinq des livres des différents étalages, dans un ordre minutieux que seul lui connaissait et une porte d'acier s'ouvrit silencieusement. Il s'y enfouit et la laissa ouverte.
L'homme qu'il venait de cacher était allongé sur un lit. Il s'avança près de lui et retira la serviette qui retenait le sang tant bien que de mal et observa attentivement le logement de la balle.

-Monsieur, j'ai apporté l'eau et le reste. Voulez-vous que je vous aide ?
-Non, et puis, je ne sais pas s'il est dangereux…Merci c'est gentil…
-Pourquoi l'avoir aider ? Demanda Lucy avec inquiétude.
-Il ne ressemble pas aux autres…Ferme la porte derrière toi et remet les livres en place avant de partir s'il te plaît…

Lucy s'en alla sur cette phrase aussi mystérieuse que les autres de son jeune maître et ami.
Lorsqu'il chercha la balle, il eut un rictus amusé.

-Presque dans le cœur…

Le jeune homme inconscient devait avoir entre vingt et vingt-cinq ans. Une coupe de cheveux bruns retombant sur les yeux devant et courts derrière, laissant apercevoir une nuque fine et une peau cuivrée. Il avait cru apercevoir deux prunelles bleutées lors de son arrivée mais il n'en était pas très sûr. Ses fines lèvres frémirent lorsqu'il sortit la balle. Il recousit la plaie et couvrit le blessé d'un drap blanc après le nettoyage de son torse musclé et secoué de spasme à ce moment.
Quand il revint de sa douche un quart d'heure plus tard, il n'était toujours pas réveillé… Il entendit la clochette de la bibliothèque retentir.

-Que veux-tu Lucy ?
-Les policiers sont partis, voici votre dîner et Charlie demande si vous avez besoin de ses services.
-Oui, amène-lui ceci, dit-il en lui confiant la balle. Qu'il la fasse fondre…Ensuite demande à Jimmy de monter.
-Vous mangerez ce que je vous ai préparé ? Demanda le petit bout de femme avec obligeance.

Il lui adressa un sourire d'excuse avant de lui tourner le dos et de déposer le plateau sur une table près du lit. Il sentit une main experte arranger son col de chemise.

-Vous devriez prendre soin de vous, ce n'est pas sage de négliger votre vie ainsi mon petit…Si votre père me voyait, il me battrait pour vous laisser ainsi…
-Ne t'inquiète pas Lucy, c'est juste une mauvaise passe…Ca ira mieux dans quelques temps…

C'est ce qu'il disait toujours depuis sept mois…Ce problème le rongeait de l'intérieur, avait fait disparaître sa gaieté et sa joie de vivre, même si ce qu'il faisait était dangereux, et maintenant il se laissait dépérir…
Quand il ouvrit les yeux, il aperçut l'homme dans un fauteuil à côté de lui, endormi. Ses traits reposés rendaient son visage, déjà angélique, un rien joyeux. Ce fut comme une illumination, son cœur bondit dans sa poitrine qui devint soudainement douloureuse. Il se calma et termina sa contemplation. Ses lèvres fermes étaient fermées, ses yeux : clos, sa chevelure, plutôt courte, laissait s'échapper deux mèches au devant de son fin visage. Sa chemise violette s'ouvrait sur un maillot blanc donnant sur un pantalon de stretch noir décontracté et des baskets de la même couleur unie. Un pendentif représentant un cobra la gueule ouverte ornait sa gorge diaphane offerte à sa morsure.
Il ouvrit les yeux, conscient d'un regard sur sa personne. L'autre admira ses prunelles vertes et brillantes.

-Bonjour, enfin bonsoir…Salua-t-il en passant machinalement une main dans ses cheveux et sur ses habits légèrement froissés par sa petite sieste.
-Enchanté… Je vous remercie de m'avoir soigné et caché…

Ses yeux bleu océan parcoururent la vaste pièce équipée utilement et non futilement. Deux sofas, une télévision, quelques lampes, un bureau multimédia, un téléphone, une cheminée, une photo…

-Je préfèrerais que l'on se tutoie, si ça ne te gêne pas, on ne doit pas être d'une tranche d'âge très différente. Je m'appelle Cirio Trinnt, j'ai 22 ans et cette villa m'appartient.
-Je suis Rye Magio, 24 ans.
-Si tu as faim…Cirio désigna le plateau d'un geste désinvolte de la main.
-Et toi ? Demanda Rye en prenant avidement le plateau à ses côtés.
-Je…J'ai déjà mangé, mentit-il, pas très fier. Que te voulaient ses flics ?

Rye croisa les yeux interrogateurs de Cirio. Il réfléchit quelques minutes avant d'ouvrir la bouche pour répondre, mais Cirio le devança.

-Ne réponds pas si tu n'en as pas envie, je veux juste savoir si tu as tué ce ministre.

Rye eut le réflexe de mentir, comme d'habitude, mais quand le mensonge monta dans sa gorge il y resta coincé.

-Oui…Il regarda son hôte avec inquiétude mais quel ne fut pas son étonnement lorsqu'il le vit se lever et l'observer.
-Tu dois être très fort…Murmura Cirio pensif. Il retira le linge frais qui recouvrait la blessure.
-Presque dans le cœur, dirent-ils d'une voix. Ils se sourirent tandis que Cirio continuait.
-C'est moi qui t'ais " opéré "… La balle n'était pas très enfoncée…Ca a été facile.

DRING !!!

-C'est quoi ? Demanda Rye, méfiant.
-Jimmy…Cirio partit vers un pan de mur métallique et composa un code sur un petit clavier numérique.

Un homme d'une trentaine d'années entra suivi d'une femme qui avait l'âge d'être sa mère.

-Voici Jimmy Karpaccio, forgeron et garçon d'écuries et Lucy, ma nounou…Présenta-t-il en souriant quand celle-ci secoua la tête d'un air faussement exaspéré.
-Au moins vous, vous avez bon appétit ! Ca fait plaisir à voir !
-Voici Rye Magio, il sera notre invité pour quelques temps.
-Vous n'avez pas encore pris un seul repas de la journée Cirio ! Ce n'est pas une attitude raisonnable ! Vous allez vous laisser mourir de faim devant moi et mes bons petits plats, préparés avec amour ? Demanda-t-elle accusatrice.

Cirio baissa la tête, les yeux brillants de larmes, la raison de son attitude le blessait plus que les paroles de la petite femme inquiète pour lui. Il se détourna et demanda d'une voix totalement impassible évitant le regard triste de Lucy :

-Charlie a terminé ?
-Oui, c'est fait.
-Tu as replacé le système de surveillance ?
-On ne peut plus mieux.
-La prochaine fois je n'oublierais pas de le remettre…Ces flics…Commença-t-il avant de se retourner.

Son visage était las, mais aucune larme ne venait ébranler sa neutralité.
Rye s'étonna de tant de contrôle, lui n'avait jamais pleuré, mais les émotions fortes passaient toujours par ses poings.

-Je sais que tu ne devrais pas bouger mais l'air frais te feras du bien. Personne à l'horizon ? Demanda-t-il à Jimmy.
-Personne. Palach est sortie, il y a deux heures, et elle n'est toujours pas revenue tandis que Ram s'occupe du jardin.
-Bien, aide-moi à le supporter pour le sortir d'ici il ne doit pas bouger son épaule…

Une fois qu'il fut debout Lucy lui enfila une chemise bleu ciel, douce et parfumée.

-Elle appartient à Cirio mais depuis quelques mois il perd beaucoup de poids et ses chemises deviennent trop larges…
-Tu dois être contente, ça lui va parfaitement. Excuse-nous, si tu le veux bien, tu l'ennuieras avec ma vie plus tard.

Il entrèrent dans la bibliothèque et Cirio referma la porte et replaça tous les livres sous les yeux étonnés de Rye.

-Je vous prépare un dîner ? Osa timidement Lucy qui regrettait d'avoir blessé son petit maître, si doux et non-rancunier.
-Oui, met le couvert dans la grande salle. La préférée de Palach.
-D'accord, promenez-vous bien.
-Bonne fin de soirée Madame, salua Rye en inclinant la tête, avant de partir, entraîné par les deux hommes.

Il se sentait apte à marcher tout seul, mais la sensation de bien-être que lui procurait le doux corps de Cirio contre lui, ôtait de son esprit l'idée de les prévenir qu'il pouvait se déplacer de lui-même.

-Ils sont magnifiques…Tous t'appartiennent ?
-Oui, à part les cinq juments de Charlie. Lorsque mon père l'a engagé, il s'est installé ici avec sa femme, Lucy.
-Ils vivent dans la maison ?
-Oui, ce sont eux qui m'ont élevé quand mon père travaillait pendant de longue période à l'étranger.
-Et ta mère ?
-Elle est morte, il y a sept ans.
-Pardon, je ne voulais pas raviver des souvenirs aussi malheureux.
-Le malheur n'existe pas. La terreur existe, la fatalité existe, la tristesse, les remords aussi…
-Moi je n'ai pas connu mes parents, j'ai vécu mon enfance dans la rue avec des voyous. Je suis devenu un chapardeur, puis un voleur, revendant au plus offrant les produits que je volais, raconta Rye pour changer de sujets, la vie de Cirio devait être étonnement compliquée, bien que la sienne…
-CIRIO !!! CIRIO !!!

Une voix de jeune fille résonna dans le jardin fleuri. Le vieux Ram sourit quand il la vit se démener pour parvenir près du jeune homme. Celui-ci ouvrit les bras pour recevoir un baiser qui atterrit sur ses lèvres. Il s'assit à terre et pria sa sœur et Rye d'en faire autant.

-Bonjour Monsieur.
-Appelle-moi Rye.
-Rye ma petite sœur, Palach. Palach, voici Rye, heu...Un ami...
-Pas si petite que ça ! Tiens ! C'est un cadeau, pour ton anniversaire, de ma part et de celle de Lucy.
-Mon anniversaire ? Il l'avait oublié, complètement oublié.
-Ben oui ! On est le 16 avril ! Tu l'ouvres ? Demanda Palach impatiente.

Cirio resta un moment sous le choc. Il avait oublié le jour de sa naissance, cela devenait très grave, il devait se reprendre…

-Tu vas nous faire poireauter combien de temps Cirio ? Demanda à son tour Rye, s'apercevant du trouble transparent de son " ami. "
-Je l'ouvre…Il sortit une magnifique chevalière en argent représentant l'éternel cobra, le même que sur le pendentif, et l'enfila.
-Tu l'aimes ?
-Je l'adore mon ange, dans mes bras !

Il l'enlaça tendrement. Il n'avait plus que ce bout de chou à protéger, il ne lui restait plus qu'elle…

-Je t'aime Cirio.
-Je t'aime aussi…

Elle regarda intensément le jeune homme et lui demanda :

-Vrai ?
-Bien sûr !
-Je vais aider Lucy à préparer un gâteau ! Dit-elle en se levant prestement, toute joyeuse.
-Bonne idée, veux-tu qu'on rentre Rye ? Demanda-t-il en se tournant entièrement vers le jeune homme.

Son prénom résonna magnifiquement dans la bouche de Cirio et il s'arrêta de respirer un moment.

-Oui…Je suis un peu faiblard, murmura-t-il comme pour lui-même.
-Désolé de t'avoir gardé si longtemps dehors dans ton état. S'excusa Cirio se sentant coupable.
-C'est rien, j'ai beaucoup aimé. (Etre avec toi, sentir ton odeur, admirer ton si beau visage…)


-C'est grand !!! Et ça sent drôlement bon ! Tu as de la chance d'avoir de si bonnes cuisinières !!!
-Exact, mais je ne m'en rends pas bien compte, il paraît…
-Cirio !
-Palach ?
-Tu viens t'asseoir à côté de moi ?
-Comme tu voudras Princesse Polochon !
-T'es pas drôle ! Je suis pas un polochon ! Cria-t-elle boudeuse.
-Lucy ?! Viens voir un peu par-là…
-Qu'y a-t-il ?
-Depuis quand fais-tu des choses derrière mon dos, petite cachottière ?
-Mais…

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'elle recevait un baiser léger comme une aile de papillon sur la joue. Elle rougit doucement et captura la main baguée de Cirio.

-Merci pour ta patience ma petite Lulu. A table maintenant ! Où sont Charlie, Ram et Jimmy ?
-Dehors…Ils ont un cadeau pour vous.

Ils se rendirent donc à l'extérieur. Un magnifique étalon se démenait comme un diable dans le petit enclos. Noir virant sur le bleu, les sabots blancs, crinière au vent, il semblait être apparu de la mythologie, tout droit d'une légende, d'un rêve. Cirio faillit faire une attaque.

-Est-il dressé ?
-Non. On a même eut du mal à l'amener ici…
-Comment s'appelle-t-il ?
-Météore.

Cirio s'avança vers Ram et Jimmy et les étreints amicalement. Il enlaça ensuite Charlie, comme un fils enlace son père. Charlie eut la larme à l'œil. Il observa Cirio se diriger vers l'étalon, enjamber la barrière et s'avancer vers lui. Ils avaient essayé mais impossible, il ne se laissait pas approcher facilement…
Tandis qu'il marchait de l'avant Cirio repensa à son premier cheval. Un étalon également, offert par son père. Celui-ci semblait plus craintif et peureux ou malheureux ? Comme lui-même…Bien qu'il se persuade du contraire...
L'animal ne bougea pas rassuré par la personne calme et l'aura qui se dégageait de cet humain qui semblait capter ses sens. Il fit un pas vers lui tandis que Cirio continuait à un rythme lent, fixant la bête de son regard vert émeraude.
Libertin aux idées précises, Cirio aimait plus que tous ces animaux robustes et fiers. Il ne les domptait pas, il les mettait en confiance avec lui et avec eux-même.

-Météore, pourquoi ce prénom mon gros ? T'es rapide ? Questionna-t-il en tendant la main vers l'avant. Le cheval eut un sursaut de recul, bien que le geste de Cirio fut doux. Il se cabra et se rabattit à côté du jeune homme qui dut se pousser pour ne pas être assommer. Il le fit calmement pourtant et lorsque le cheval partit au galop pour s'éloigner, il s'en retourna vers la maison.
-Il doit être sérieusement touché…Tu as vu ses réflexes ? Il voulait fuir dés mon entrée. Son ancien maître devait le battre à distance…
-Tu as raison Cirio, et vu la façon dont il s'est cabré, je dirais une perche ou un fouet, dit Rye en suivant le petit groupe rentrer dans la maison.
-Tu t'y connais…J'ai pensé la même chose, mais ses sabots étaient relevés, ils lui lançaient des pierres…Les malappris…Cracha-t-il en serrant les poings.
-Ne t'énerve pas Cirio, demanda Palach en agrippant sa main.

Tu as toujours les mains aussi douce…Charlie a les mains dures et elles grattent…Et en plus sa moustache pique. Et toi tu es doux…

-Mais Charlie fait un métier qui épuise ses mains et plus difficile que le mien.
-Seulement d'un certain point de vue, précisa le concerné en s'asseyant au bout de la table.
-Et que fais-tu comme travail ?
-Tu ne dois pas savoir, petite curieuse !
-Pourquoi ? CIRIO !!!

Le dîner se déroula dans une ambiance bienfaisante, personne ne demanda rien sur Rye, mais ils l'intégrèrent sans difficulté dans leur conversation. Lucy ne cessait de soupirer tout bas que Cirio ne mangeait pas assez. Rye s'en rendit compte également, de même que quand ils racontaient des histoires à mourir de rire il souriait poliment, sans cesse tourné vers sa sœur qui l'accaparait entièrement. Rye la jalousa un peu. Il se rendit compte qu'elle l'aimait, pas comme une sœur aime un frère, non, plus fort que ça. Cirio la taquinait et l'énervait à la traiter de petite sainte-nitouche. Il l'aimait comme sa sœur, c'était indéniable.

-Bonne nuit princesse.
-Bonne nuit mon beau prince…

Palach s'enferma dans sa chambre en regardant tout de même son frère avec son étrange ami.

-Veux-tu que je te prépare une chambre ou préfères-tu rester là-haut ?
-Ne te déranges pas, à part si tu préfères y rester seul…
-Non.

Cirio referma la porte derrière lui.

-Le code est 154, si tu veux sortir pour une quelconque raison, tu es chez toi.
-Tu es quelqu'un d'étrange…Tu me fais confiance alors que ces flics me coursaient pour le meurtre de ce ministre que j'ai vraiment tué, et en plus tu me dis que je suis fort…
-La seule raison que je peux te fournir pour l'instant c'est que je n'ai aucun intérêt à avoir des embrouilles avec les flics…
-Tu vas me livrer ?
-Non. Pourquoi le ferais-je ?

Cirio s'installa sur un des sofas et pianota sur son PC avant d'y insérer une sorte de pellicule photo-numérique.

-Magnifique la façon dont tu es parti de la réception…
-Quoi !? Tu as des preuves ? Mais comment ?
-Je fais le même boulot que toi…Je te connaissais avant que tu n'entres dans ma maison. Je n'étais pas très sûr car je n'avais pas encore vu les vidéos que j'ai installées pour t'admirer et la photo que j'ai aperçue furtivement sur le bureau du sénateur n'était pas très ressemblante…
-Tu es aussi…C'est impossible ! Cria Rye qui n'en revenait pas. Pas toi ?!
-Pourquoi ?
-… Tu es si doux et si gentil…Si sincère, si beau…Tu ne peux pas être CT ?

Il recula le moment où son cerveau reconnaîtrait que c'était pourtant la vérité. Il détourna les yeux de tristesse. Il savait par quoi il était passé.
Cirio crut que c'était du dégoût devant l'homme qu'il était. Il retira la pellicule et lui jeta.

-Tiens ! Et je n'ai pas fait de sauvegarde…Bonne nuit…Il déboutonna sa chemise, s'allongea et fixa le plafond.

Rye la jeta dans la cheminée où un faible feu lançait de rares rayons dans la pièce, instaurant une lumière tamisée. Il s'allongea sur l'autre sofa et réprima un gémissement quand sa peau se froissa au niveau de sa blessure. Ils s'endormirent ainsi, bercés par la chaleur de l'âtre et le crépitement des flammes.

-Non, …, non, non non non non ! Ne m'abandonnes pas ! Cirio se réveilla, en sueur.
Encore ce cauchemar…Murmura-t-il, épuisé.

Des larmes coulèrent le long de la courbe de ses joues et tombèrent sur le sol. Deux mains tendres relevèrent son menton. Rye fondit quand il vit son expression bouleversée. Sans réfléchir, il s'empara de ses lèvres humides et l'embrassa intensément. Il ne se rappela pas avoir ressenti un tel plaisir en une nuit entière avec ses anciens amants. Il crut que Cirio allait s'écarter mais au contraire, il se serra plus fort contre lui enfouissant son visage contre son épaule valide et laissant libre court à ses sanglots. La sonnette retentit et Rye s'écarta de lui. Il le regarda. Cirio lui fit signe d'aller ouvrir. Quand Palach arriva, il n'y avait plus aucune trace des larmes de Cirio. Elle se lança dans ses bras et pleura à son tour tout en parlant par à-coups. Elle devait avoir fait un cauchemar elle aussi…

-Il l'a tué…couteau… cœur…

Cirio la serra à l'étouffer, se retenant de pleurer devant elle. Il savait pertinemment ce qui la faisait souffrir.

-Tu ne m'abandonneras jamais Cirio ?
-Bien sûr que non !
-Tu m'aimes ?
-Je t'aime ma petite princesse, maintenant retourne te coucher…Tu as cours demain…
-Oui, bonne nuit Rye.
-Dors bien…Lui répondit-il avant de se rasseoir.

Je me souviens de la première fois…Que j'ai révélé à quelqu'un que j'étais gay. Il n'a plus voulu que je le côtoie de peur que je fantasme sur lui…

-Moi, il m'a montré du doigt mais il avait fini par accepter, le jour de sa mort : c'était mon père…


-Ta sœur t'aime, plus que nécessaire…Elle ne connaît pas ta tendance ?
-Non... Mais ce n'est pas ma sœur…C'est la fille d'un homme qu'a tué mon père…Elle ne le sait pas. Si je lui disais, elle me haïrait.
-Ce n'est pas toi qui l'as tué
-Non, mais j'aurais pu…Je me dégoûte moi-même…
-Tout le monde sait ce que tu fais dans cette maison ?
-Ils sont tous au courant de tout. Je l'ai juste annoncé à Jimmy, ça ne le dérangeait pas puisqu'il sortait de prison et voulait retourner droit. Ils savent que je ne suis pas du mauvais côté comme mon père, mais je tue quand même des gens…

Les larmes revinrent, celles du remord, celles de la tristesse. Ce qu'il avait fait quelques mois plus tôt le rongeait intérieurement, l'empêchait de vivre normalement parmi les gens qu'il aimait.

-Moi, je me dis que c'est un métier comme les autres. Il y a plus de risques, et de difficultés morales, mais ce sont seulement les personnes fortes dans leur tête qui y parviennent. Le blème, c'est qu'on ne peut arrêter sous peine d'être tué…

On m'a dit que tu avais besoin de repos, enfin le Patron me l'a dit…Cirio ? Calme-toi…
Rye le prit dans ses bras et le berça tout en lui parlant.

-Tu sais, ils n'ont pas voulu me dire ce qui t'ais arrivé, alors je ne sais rien, mais sache que tu ne me dégoûtes pas. C'est un métier sanglant et marquant, mais il faut que quelqu'un le fasse. Tueur pour le gouvernement, c'est un peu comme pilote de Gundam pour les colonies dans ce manga hyper-connu.
-…Je connais…
-Tu crois au coup de foudre ? Demanda Rye, avec une idée derrière la tête.
-T'as trop lu New-York New-York…
-C'est immanquable ce bouquin !
-T'as raison, comme les fics sur Internet…
-Immanquables !!!
-…Tu es très doué…Pour changer de sujet. Mais je suis crevé, mort.
-Et moi en plus j'ai un mal de chien au cœur…
-Les coups de foudre, c'est meurtrier…Bonne nuit.
-Dors bien…

Cirio se leva à l'aube et demanda un solide petit déjeuner à Lucy qui frôla l'asphyxie à force de garder la bouche ouverte sans respirer. A sa grande surprise, il dévora tout et sortit en vitesse pour se rendre dans l'enclos de Météore.

-Il a une bonne influence sur lui ce petit Rye…
-Doucement…Tout doux, tu es très doué, tu sais…

Cirio frotta l'encolure de l'animal fier qu'il tenait à la bride. Il lui avait fait faire quinze fois le tour du parc, en marchant à ses côtés. Lucy l'avait surveillé de la fenêtre de la cuisine, contemplant le sourire ravi du jeune homme quand Rye sortit à sa rencontre.

-Tu as fait du bon travail…Bonjour…
-Salut Rye ! Bien dormi ? Demanda Cirio en enlevant la bride du cheval qui resta cependant près de lui.
-Oui, sauf que je ne m'attendais pas à ton départ si tôt.
-Je voulais le faire trotter dans la fraîcheur du matin et l'habituer à ma présence.
-Moi j'ai eu du mal à m'en passer…Avoua Rye tout sourire.

Cirio enjamba la barrière et marcha le long de l'enclos aux côtés de Rye suivi de Météore qui tentait de se faire remarquer de son maître. Celui-ci l'ignorait intentionnellement, bien qu'il concentrait toute son attention sur le jeune homme à ses côtés.

-T'as une touche…
-Oui, il s'intéresse à moi…
-Tu viens déjeuner ?
-Dés qu'il me montrera plus explicitement qu'il veut mon amitié.
-Ca marche de la même façon avec les coups de foudre ? Demanda Rye en saisissant la main du jeune homme.

Cirio croisa le regard océan et y trouva du désir, qu'il partageait incontestablement. Rye se pencha vers lui et saisit son visage aux creux de ses paumes. Il l'embrassa légèrement avant d'approfondir son baiser sous la pression de Cirio contre son corps. Météore choisit ce moment pour lécher la nuque de son maître.

-Météore ? Que veux-tu ? Tu veux te promener ? Demanda Cirio en se tournant vers son étalon gardant la main de Rye dans la sienne et rougissant légèrement.

Il caressa l'animal qui hennit doucement.

-Je te monterais ce soir. Allons retrouver les autres pour le petit déjeuner.

Pour la personne à la fenêtre, il n'y avait aucun doute possible, Cirio l'avait abandonnée pour ce garçon…
Quand ils s'installèrent à la table de la cuisine, Lucy leur servit un petit déjeuner en souriant si visiblement que Cirio comprit aisément la raison de cette bonne humeur…Palach entra, blanchâtre. Elle picora quelques miettes de pain et resta insensible aux appels de Lucy qui s'inquiétait de son attitude. La jeune fille fixa Rye dans le blanc des yeux. Celui-ci saisit le sens de ce regard et remarqua avec stupeur qu'elle n'était pas aussi jeune qu'il l'avait imaginé…Environ seize ans…Un beau brin de fille…Elle sortit en crispant dédaigneusement la bouche quand Lucy entrava son passage.
Une fois partie, Cirio se leva et s'excusa.

-Je vais lui parler.
-Cirio, soit compréhensif, pria Lucy en s'installant devant son couvert.
-Oui…Il sourit à Rye qui terminait son plat, se doutant de ce qu'il allait arriver.
-Cirio ? Je dois me rendre en ville, notamment pour mon boulot…
-Tu veux bien qu'on en parle après ?
-Pas de problème…
-Palach ?
-Que veux-tu ? Demanda-t-elle méchamment.
-Qu'on parle, comme un frère et une sœur.
-Nous ne sommes pas frère et sœur.
-C'est vrai, alors parlons comme des amis très proches.

Cirio capta un sanglot étouffé venant du lit où Palach était enfouie. Il s'approcha du lit et s'y installa. Elle se redressa et lui fit face. Son visage portait la marque d'une tristesse rancunière qui le toucha nettement. Il se sentait responsable d'elle, il la protégeait de tout : son travail, ses amis, ses " patrons " eux-mêmes n'avaient pas idée de son existence. Aujourd'hui, il devait la protéger de lui-même…

-Qu'as-tu princesse ? Pourquoi es-tu si désemparée ?


-Cesse de jouer ce jeu ridicule…Tu me fais pitié ! Tu crois que je n'ai encore rien compris ? Je ne suis plus une gamine Cirio !

Elle se leva brusquement et entreprit de remuer le jeune homme dont elle s'était éprise dés le premier regard…

-Je ne vois pas où tu veux en venir…Laissa-t-il échapper en soupirant de lassitude.
-C'est moi qui te rends si las ? Je t'ennuie tellement ?
-Tu m'inquiètes, tu me rends sensible, trop…
-Arrête de mentir !
-Tu crois que je te mens, c'est vrai ? T'ai-je déjà, rien qu'une seule fois menti ? Je t'ai souvent caché la vérité, mais jamais le mensonge n'a traversé mes lèvres !
-Menteur !!! Tu m'as juré que tu m'aimais et tu ne m'aimes pas !

La main de Palach claqua sèchement sur la joue de Cirio qui se figea sous le choc.
La jeune fille laissa échapper un sanglot désespéré et embrassa les lèvres entrouvertes abandonnées. Cirio détourna la tête tandis que Palach sortait en courant de la pièce.

-Je ne t'ai pas menti Palach, je t'aime comme un frère, pas aussi fort que toi tu crois m'aimer…

Rye s'approcha de la jeune femme en pleurs. Il s'accouda à la barrière de l'enclos de Météore et attendit. (Le déluge ?!)

-Qu'est-ce que vous voulez !!!
-Rien, enfin si. Ce n'est pas de la faute de Cirio…
-De quoi vous parlez ? Bien sûr que c'est de sa faute ! Et pis pourquoi j'vous parle d'abord ?! C'est vous qu'il a embrassé !
-Mais en quoi ça peut te gêner ? Tu es sa sœur ? Non ?
-Non, ce n'est pas mon vrai frère, il m'a recueillie, c'est tout !
-Et toi tu l'aimes, mais lui il est homosexuel, en amour il aime les hommes, ça ne veut pas dire qu'il ne t'aime pas en amitié…
-Pour qui te prends-tu à me faire la morale ?
-Un ami, qui tient à Cirio. Ce n'est pas de la morale…
-Tu le connais depuis combien de temps, je ne t'ai jamais vu avant hier ?
-C'est vrai, on s'est rencontré hier seulement, mais je suis attiré par lui.

Tu vois, je ne te cache rien, qu'aimes-tu chez lui pour l'aimer autant ?

-Hier seulement ? Je ne le savais pas aussi rapide…Un coup de quoi ? De chance ? Ou c'est juste pour le sexe ? Il est plutôt mignon Cirio hein ? Nargua Palach mesquine et désobligeante.
-Tu penses vraiment ce que tu dis ? Tu me déçois beaucoup. Je ne pense pas qu'avec ses pensées tu sois bien pour Cirio. Lui qui est si gentil et bienveillant à ton égard, sensible et sincère, je ne crois pas qu'il mérite ses odieuses paroles.
-Tu as raison, admit Palach en baissant la tête, honteuse. Cirio est si bon avec moi…Mais ça m'a fait mal, au cœur…De vous voir, ainsi, dans les bras l'un de l'autre…
-Je le comprends aisément, mais tu devrais scruter cet organe et définir les sentiments que tu éprouves pour lui…Peut-être te trompes-tu…

Rye enfonça ses mains dans ses poches en grimaçant quand son épaule s'affaissa. Il se rendit dans la chambre de Cirio, derrière la bibliothèque. Il le trouva devant la fenêtre, en jean blanc, rangers et blouson de cuir, un casque à la main. Ses cheveux blonds rayonnaient au soleil, tandis qu'un nerf crispait sa mâchoire.

-Tu voulais sortir ? Rappela-t-il en rencontrant le regard interrogateur de Rye. Il dévia vers le casque posé sur le lit.


-Oui, je dois passer chez moi, répondit Rye en saisissant le casque.
-Suis-moi.

Cirio pressa le pas et obligea Rye à en faire de même. Ils atterrirent dans un garage sous-terrain, peuplé d'une limousine noire, d'une bagnole de ville simplette, d'une superbe porche gris métallisé et d'une Honda d'un noir onyx.
Cirio se dirigea vers celle-ci et la monta. Rye s'assit derrière lui et s'agrippa à son ventre.
Cirio serra les dents pour ne pas frémir de plaisir : ce fut dur, mais il y parvint.
Leur route fut assez longue vu que Cirio habitait au milieu d'une forêt lui appartenant. Quand ils arrivèrent en ville Cirio s'arrêta devant un drugstore et acheta quelque chose que Rye ne put apercevoir.
L'appartement de Rye n'avait rien de vraiment personnel. C'était propre, certes, mais aucun objet superflu. Rien de personnel, juste un sac de voyage sur une chaise dans un coin et une photo de femme à son chevet…Celle-ci retint l'attention de Cirio qui saisit le cadre tandis que Rye rangeait ses affaires.
La femme était jeune et très jolie, des yeux aussi bleus et des cheveux aussi bruns que Rye. Ce dernier aperçut Cirio penché sur la photo, les cheveux retombant sur les yeux verts, curieux…

-Ma mère…
-J'avais compris, elle te ressemble beaucoup…
-C'est une photo que j'ai depuis ma naissance. Personne ne m'avait dit que je lui ressemblais…
-C'est pourtant vrai, assura Cirio en remettant l'objet à sa place. Que fais-tu ?
-Passe-moi mon passeport et mes papiers sur cette table, veux-tu ?
-Tu vas partir ? Demanda Cirio un peu inquiet.
-S'ils m'ont vu, je suis cuit. Je vais chercher ma paye et me mettre à l'ombre pendant quelques jours.
-Où ?
-Je ne sais pas. Un quartier assez loin du centre, si tu veux bien on ira dans une agence tout à l'heure ?
-Pourquoi ne resterais-tu pas chez moi ? Proposa rapidement Cirio pour ne pas s'entendre dire ce qu'il avait dit.
-Je…
-Je suis sérieux, ça me ferait plaisir. Et puis ma propriété est bien gardée, s'il y a un problème…
-Merci…C'est sympa. Avec plaisir alors ! Le temps de finir mon sac et de régler mon loyer…
-Je t'attends dehors, c'est trop étroit ici…Ah ! Cha colle !!!
-Hein ?
-J'ai du caramel plein les dents ! Ha ! Ha ! A tout de suite !
-Sacré Cirio ! Des caramels…A son âge ! Un vrai gamin !
-Hé ! Pas mal ta bécane !
-La tienne vaut également le coup d'œil…

L'homme qui l'avait abordé devait avoir la trentaine tout juste. Habillé de la même façon que lui mais tout en noir, lunettes et longs cheveux bruns, il avait un physique agréable et une expression séduisante.
L'autre pensait à peu près la même chose : les cheveux blonds, le regard vert et la silhouette parfaite l'avaient attiré plus que la Honda noire aux vrombissements réguliers.

-Je m'appelle Max et je participe à des courses de motos, pas très légales mais c'est un moyen rapide de se faire du fric. Tu courses… ?
-Cirio ! Non mais je pourrais, pas pour le fric, j'en ai pas besoin…Peut-être pour les sensations ?
-Pourquoi pas ? Tu veux mon adresse ? S'empressa Max en fouillant dans sa poche.
-Cirio tu veux bien ranger mon sac ?
-Passe-le et grimpe ! On rentrera jamais avant la nuit aussi non. Heu…Max, c'est ça ? On aura peut-être l'occasion de se revoir mais là on est assez pressé. Alors au-revoir !
-Qui sait ? Salut !
-C'était qui ce type ? Demanda agressivement Rye, jaloux et ne le cachant pas.
-Un motard qui appréciait ma Honda.
-Qui appréciait plutôt un dénommé Cirio à l'allure avenante.
-Qu'est-ce que tu racontes ? Moi attirant ? Te fiche pas de ma gueule ! Accroche-toi! Je décolle !
-Attends… VROUM !!!!!
-Bien sûr que t'es attirant ! T'es même très mignon ! En plus t'es classe !
-Et je suis riche !
-Je ne pensais pas à ce critère de description qui ne se voit pas au premier coup d'œil.
-Attention à la marche !

Rye manqua de se croûter mais Cirio le rattrapa et l'enfourna dans l'ascenseur.

-Trentième étage.

Les portes se fermèrent et ils montèrent tranquillement, personne n'appela des autres étages…

-Par contre, t'es un peu petit…Risqua Rye en souriant de ses 1m85.
-C'est vrai, mais ce n'est pas gênant du tout…C'est même très pratique…Et puis 1m78, c'est pas si petit que ça ! -Non…Cirio, tu trembles…Remarqua Rye tout en se rendant compte de l'agitation de son ami.
-Hein ?

Cirio inspecta ses mains et vit que Rye ne mentait pas. Il avait d'ailleurs des frissons et des sueurs froides.

-Tu es anxieux ?
-Un peu…Ca fait un bail que je suis pas venu. La dernière fois…
-C'était pour demander ta démission.
-Oui.
-Et ils n'ont pas accepté.
-Non. Et puis il faut dire que Mark est une vraie armoire à glace.
-Pour un garde du corps, c'est nécessaire.
-Je me suis déjà engueulé avec lui, un conseil : n'essaye pas. Je suis resté trois jours à l'hôpital à regarder un plafond blanc et ses dents encore plus blanche. Et pis…
-Quoi ?
-C'est un gay…
-Hein ? Mais…Oh ! Il n'a pas… ?
-Non, mais il ne s'est pas gêné pour me le faire comprendre. On arrive…
-Courage petit soldat !

Rye passa un bras autour des épaules de Cirio et soupira.

-Ca va être dur d'oublier ce que tu viens de m'apprendre. Si j'éclate pas avant la fin, je me décernerais l'oscar du meilleur dissimulateur à moi-même !

Cirio secoua la tête, faussement désespéré.

-T'es irrécupérable…(Et tu sais pas tout…)

toc toc toc …

-Entrez !
-Rye, je vous attendais…Cirio ? Mais que faites-vous là ?
-Vous voulez dire avec lui ? Demanda Cirio en s'installant dans un fauteuil de cuir [véritable…], et regardant le sénateur étonné et irrité.
-Donc, vous vous connaissez…
-Depuis hier, oui.

Cirio se leva et se rendit près de l'immense baie vitrée du bureau, manifestant ainsi la fin de sa participation dans le dialogue.

-Rye ? Que s'est-il passé ? Vous n'êtes pas revenu après votre mission…
-Exact, des flics déguisés en civils m'ont pourchassé tandis que je leur faussais compagnie.

J'ai été touché par une balle et j'ai atterri chez Cirio qui m'a cordialement soigné et caché.

-Votre mission a été un succès, voici votre paye et un supplément pour votre prochaine mission. Le ministre lui tandis une enveloppe que Rye ne saisit pas de suite, interloqué.
-Ma prochaine mission ? Mais…
-Oui ?
-Je croyais qu'avec le bruit de la mort du ministre et la probabilité que ces flics m'aient vu, je resterais au verre un petit moment…
-Vous vous basez sur des probabilités. Nous vous payons pour que vous fassiez votre travail pas pour que vous preniez des vacances…

Rye vira au rouge pétant et se redressa de tout son long devant le sénateur prétentieux. Il le toisa dangereusement avant de lui tourner le dos et de le regarder de nouveau.

-Naturellement, je m'acquitterais de cette mission comme je l'ai fait avec les autres.

Mais sachez qu'on ne joue pas avec moi, c'est-à-dire avec ma vie sans en subir les conséquences.

-Ne vous avisez pas de me menacer jeune homme. Vous pourriez le regretter…
-Et c'est moi qui menace ?
-Ce n'est pas moi qui vous confie vos missions, je ne fais que les transmettre…

Maintenant Cirio, peut-être pourriez-vous m'expliquer votre présence en ce lieu ?
Rye se tourna également. Il faillit défaillir quand le corps de Cirio lui apparut à contre jour.
Sa beauté était quasi surnaturelle avec cette blancheur irréelle autour de lui. Son nez se découpait dans la lumière vive et ses mèches tombantes entouraient son si beau visage, telles deux protectrices d'une blondeur divine.

-Comment va Larzemoy ?
-QU !!!!!!QUOI ????????????????

Le ministre s'assit, l'air lui manquait. Il défit son col étouffant et tenta de réfléchir : en vain.

-Ne soyez pas si surpris. C'est mon métier que je sache de découvrir les choses les plus importantes de mes ennemis ou de mes amis…Leur point faible, leur numéro de portable, leur maîtresse du moment, le restaurant qu'ils fréquentent fréquemment. Tout quoi !

Cirio se mit en face du sénateur encore tout retourné et lui lança un regard méprisant.
Rye aperçut au fond de ses yeux…Une lueur…Une lueur diabolique, criminelle.
Ce n'était plus Cirio. Il comprenait pourquoi ses anciens coéquipiers avaient tant eu la frousse de bosser pour le gouvernement avec lui…

-Je ne révèlerais rien, si je vois immédiatement le ministre…Est-ce possible ?
-Ouu….Ouiii….

Le sénateur prit le combiné du téléphone et appela sa secrétaire.

-Il va vous recevoir tout de suite…
-Très bien ! Au fait, où est Brutus ?
-Je suis là Cirio.

Mark, le garde du corps personnel du ministre apparut sur le seuil de la porte et c'est d'un sourire narquois qu'il les accueillit.

-Suivez-moi, le ministre est à l'étage au-dessus…

Ils pénétrèrent dans l'ascenseur spacieux silencieusement, laissant le sénateur seul ruminant sur son humiliation. Rye nota le bras en écharpe du garde et l'expression indifférente de Cirio qui évitait son regard.

-Cirio, préfères-tu que je reste dehors ? Demanda-t-il simplement.
-Tu peux rester, je n'ai plus…Presque plus rien à te cacher…Mais si tu es ennuyé à l'idée d'assister à ce qui va se passer, reste ici.

Rye ne reconnut pas la voix distante et froide, mais il mit ça sur le compte de l'endroit où ils se trouvaient. Par contre ses yeux…

-Bonjour Monsieur le ministre ! Couché Brutus aussi non je te pète l'autre bras, prévint Cirio en apercevant Mark juste derrière lui. Celui-ci ne recula pas néanmoins mais retira la main de dessous sa veste.
-Mr Trinnt ! Que me vaut cette visite ?
-Détrompez-vous, ce n'est en aucun cas de la courtoisie. Et je ne désire en aucun cas parler futilement avec vous.
-Alors quel est le but de votre visite ?
-Je veux que vous m'accordiez ma démission.

Rye s'étonna que Cirio fasse tant de raffut pour ça mais il ne s'attendait pas à la réaction du ministre qui éclata d'un rire sinistre.

-C'est impossible, se ressaisit-il.
-Et avec ma parole de ne rien dévoiler ?
-Impossible. Même avec une centaine de promesses écrites. Vous ne voulez pas comprendre ?
-Je comprends très bien…Si… Si vous n'acceptez pas, je cesserais de toutes façons, se résigna Cirio en se dirigeant vers la sortie.
-Cirio ! Pourquoi vouloir arrêter ? A cause de ce qui s'est passé en octobre ?
-En partie. Et en partie parce que j'ai déjà beaucoup de sang sur les mains et que je n'en supporterais pas davantage.
-Rye ? Que faites-vous en sa compagnie ?

Rye, rester dans l'ombre pendant la discussion des deux hommes s'avança et répondit :

-Cirio est mon ami.
-Vous êtes donc du même avis sur la question, n'est-ce pas ?

Au grand étonnement de Cirio, Rye prit son parti alors que rien ne l'y obligeait.

-C'est exact.
-Bien, bien, bien…

J'accepterais votre démission si vous effectuez une dernière mission. Je vous l'enverrais dans deux mois.

-Je n'ai pas de domicile fixe, pour l'instant je suis chez Cirio, alors envoyez-le à l'adresse habituelle, chez Anna.
-Fort bien. Alors vous êtes d'accord ?
-Pour moi c'est OK, clama Rye cachant son hilarité devant la déception évidente de Mark devant sa révélation. [Pas de chance ! Cirio est à moi ! Na ! Na ! Na !]
-Cirio ?
-Hn…C'est non négligeable, mais ça dépend uniquement de vous. Ferez-vous ce que vous dites en ce moment ?


-Oui.
-Tu le crois toi ?
-Rye, s'il ne nous a pas dit la vérité, il le regrettera amèrement.
-…[y rigole pas…] Ca te tient vraiment à cœur de démissionner ? L'envie de commencer une nouvelle vie ?
-D'expier mes péchés…Tous ces meurtres…C'est horrible…Même si je cesse ce métier le souvenir m'empêchera de vivre normalement…Jusqu'à la fin.
-Rentrons veux-tu ? Je crois que ma blessure s'est réouverte…
-Allons-y ! Ca va quand même ? Tu ne risques pas de t'évanouir en route ?
-J'en sais rien, c'est assez douloureux.

Ils grimpèrent sur la Honda et Cirio s'assura que Rye restait éveillé le long du chemin, jetant souvent des coups d'œil inquiet dans ses rétroviseurs. Rye était livide mais il tenait bon.

-Lucy ! Apporte-moi la trousse à pharmacie en haut ! Lu…

Il aperçut la petite femme à terre, inconsciente.

-Cirio…Que se passe-t-il ?? Gémit Rye en s'appuyant de tout son poids sur lui.
-Lucy est à terre…Qui est là ? Sortez de votre cachette !
-Vous êtes habile, Cirio c'est ça ?

Quatre hommes habillés de noir sortirent d'un coin de la pièce retenant Palach prisonnière.
Rye écarquilla les yeux reconnaissant vaguement deux des types. Mais il perdait beaucoup de sang…

-Si vous n'opposez aucune résistance, nous repartirons comme nous sommes entrés. Rye seul nous intéresse. Et tu sais pourquoi Rye. Tu es dans un sale état…Tu as de la chance nous sommes venus abréger tes souffrances…

Le mafieux sortit une arme de son ceinturon et le pointa sur Rye mais Cirio s'interposa.

-Il va y rester, et en plus je ne veux pas de sang dans cette maison, ni devant ma sœur.
Relâchez-la !

Cirio fulminait, ses yeux avaient repris leur agressivité et ses nerfs se contractaient douloureusement.

-C'est que tu nous impressionnerais presque. C'est étrange, je n'ai trouvé aucune information sur toi dans les archives, c'est comme si tu n'existais pas. Mais ton système d'alarme n'était pas activé, on a eu une chance inouïe.

Durant cette déclaration le type s'était déplacé en long et en large et avait fini par saisir les cheveux de Palach et l'attirer vers l'avant. Celle-ci ne pleurait pas. Elle serrait les dents et suivait attentivement le cours de cet entretien. Le 9mm était pointé sur sa tempe mais elle n'y pensait pas.

-(S'ils osent toucher Cirio, je les tue…)
-Alors la sœur ou …Au fait vous êtes quoi ? Des amis ?
-Cirio…Laisse-moi, c'est une affaire entre eux et moi…Je ne veux pas que vous soyez blessé.

Palach lut une lueur d'intense amour dans le regard de Rye qui ne quittait pas Cirio.

-Cirio, écoute ton ami, au moins il est raisonnable…Il s'est assagi au cours du temps.
-Rye, à présent tes problèmes sont les miens depuis que tu as franchi le seuil de cette maison.

Si vous voulez vraiment le supprimer, il faudra me passer sur le corps !

-Pas de problème ! On va te démolir !!! Rugit le type énervé.

Il lâcha Palach et pointa son arme vers lui.

-Tu fais moins le fier ??
-TOUCHE PAS A MON FRERE !!!!


Palach s'élança sur lui et arracha son flingue en cassant son poignet. Les autres brandirent leurs armes, mais trois couteaux sifflèrent dans l'air et se plantèrent avec un bruit déchirant dans les bras armés qui lâchèrent de suite leurs armes.
-T'es plutôt habile grand frère, félicita Palach en pressant la plaie de Rye qui devenait transparent…
-Tu n'as pas perdu la main non plus…Ca peut aller pour lui ?
-Dépêche-toi d'en finir avec eux, je le monte en haut…
-Vas-y !

Il se tourna vers les quatre types, tous blessés au bras droit. Ils les observa un long moment et fut interrompu par Jimmy, Ram et Charlie qui entrèrent avec fracas.

-Cirio ! On a entendu des coups de feu ! Tout va bien mon petit ? Demanda Charlie en inspectant la pièce.
-Ca peut aller. Voulez-vous bien raccompagner ces messieurs jusqu'à la sortie et rebrancher l'alarme ensuite ?
-Bien sûr, ayez l'amabilité de nous suivre, convièrent ensemble les trois hommes en menaçant les intrus avec leurs propres armes.
-Lucy ? Lucy ?

Voyant qu'elle ne s'éveillait pas il la porta jusqu'au sofa. Il observa cette femme qui avait remplacé sa mère dés qu'elle était tombée malade, qui n'avait jamais voulu le tutoyer comme un fils. Elle ouvrit les yeux et s'étonna d'être là avec son jeune maître penché sur elle, soucieux.

-Ca va Lucy ? Ils ne t'ont pas blessée ?
-Non, mais où…Et Palach ?
-Ca va, ils sont partis et Palach va très bien. Par contre, je dois vite remonter en haut, la blessure de Rye s'est réouverte.
-Alors vas-y.
-Ca va Rye ? Essaie de t'allonger, Cirio va arriver.

Palach l'aida et enleva sa chemise ensanglantée. Elle maintint un linge frais sur la plaie pour stopper l'hémorragie.

-Tu as changé…
-Qu'est-ce que tu racontes ? Tais-toi et serre les dents.
-Tu as réfléchi n'est-ce pas ?
-Hn…Oui. Et j'ai compris. Il ne me reste plus qu'à m'excuser auprès de Cirio. Je lui ai fait du mal…
-…
-Ca va Rye, t'es pas mort ?
-Pas encore Cirio ! Mais ça ne va pas tarder.
-Je n'ai rien pour t'anesthésier. Tu vas souffrir. Tu préfères que j'appelle un médecin ?
-Non…Mais sois doux s'il te plaît.
-Ne t'inquiète pas, seulement quatre points de suture à refaire. Ca ira vite.

Palach, vaut mieux que tu t'en ailles, ça risque d'être éprouvant.

-D'accord, courage Rye !
-Merci capitaine !

Cirio se pencha sur lui et retira doucement les fils arrachés. Rye se saisit le bois du lit.

-Tu as peur ? Demanda-t-il en voyant que Cirio hésitait.
-Je ne voudrais pas te blesser encore plus…
-Comment t'as fait la première fois ?
-Mais la première fois je…Je ne te connaissais pas et je ne ressentais pas ce que maintenant je…Fini de parler aussi non tu vas te noyer dans ton propre sang.

Pendant son minutieux travail Cirio jetait des coups d'œil à Rye pour vérifier qu'il ne sombrait pas dans l'inconscience. Lui le regardait. Sa main se crispait sur le bois et la pression sur ses mâchoires devenait de plus en plus forte. Cirio se redressa et sourit bien qu'il ne se sentait pas très en forme.

-Ca va ? Pas trop de dégâts ?
-Ca a été, j'ai presque rien senti…Mentit Rye pour détendre l'atmosphère.
-Tu peux te reposer maintenant, et plus question de te lever pendant au moins trois jours !
-Tu plaisantes ?!
-Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ? Repose-toi bien, je reviendrais plus tard, lorsque tu te réveilleras.
-Cirio ?
-Je suis là Palach. Que veux-tu ?
-Je peux te parler ?
Cirio sortit de la salle de bain torse nu, enfin sauf qu'il portait son pendentif…
Il enfila rapidement un débardeur blanc sur son jean noir et vérifia que Rye dormait profondément.

-Allons dehors pour ne pas le réveiller…
-Tu vas monter Météore ?
-Oui. Je lui ai promis ce matin. Il commence à se calmer…Et ta jument ?
-Elle vient de mettre bas. C'est un petit mâle qui est venu au monde. Aussi blanc que ses parents ! Il est trop mignon !
-Comment l'as-tu appelé ?
-J'ai attendu que tu m'aides à lui trouver son nom. Tu es plus doué que moi pour ça…
-Allons le voir alors.
-Il est très affectueux…Comment vas-tu Athéa ?

Cirio caressa la jument baie encore épuisée. Le poulain se collait à lui depuis qu'il était entré dans le box avec sa sœur et ne l'avait pas quitté.

-Que dis-tu de Rye ? Proposa Palach très sérieuse. Il semble beaucoup t'apprécier, comme notre ami.
-C'est très gentil à toi de me dire ça, après ce que je t'ai fait…
-Tu n'es en rien responsable Cirio, et j'espère que tu ne m'en veux pas de t'avoir traité ainsi. Je me suis méprise sur les sentiments que je te vouais. Rye me l'a fait comprendre…Alors pardonne-moi, je t'en prie !

Cirio, bouleversé par ses aveux sincères l'a pris dans ses bras et murmura :

-Je te pardonne si tu me pardonnes…
-Alors nous voilà chacun pardonné, on entend Météore d'ici, il a du te flairer.
-Un cheval pot de colle ! Il manquait plus que ça !
-Tu veux dire jaloux ?
-Occupe-toi de Rye junior, je vais monter mon étalon. Et pourras-tu demander à Lucy de ne pas préparer le déjeuner, je vais le faire !

Il s'éloigna heureux comme jamais il ne l'avait été depuis…depuis ce fameux jour…
Cirio sella Météore qui piaffait d'impatience. Pourtant, il ne le monta pas de suite.

-Météore…Sais-tu pourquoi les hommes sont si compliqués ?

Le cheval s'immobilisa devant la voix calme et posée qui l'interrogeait. Il ne pouvait répondre, seulement écouter, comprenait-il ? Dieu seul le savait. Mais il était sûr d'une chose ; il aimait ce maître si gentil qui lui parlait comme à un semblable, comme à un ami de longue date. Ce maître qui pleurait à présent sur le sort d'un autre ami dont il avait clos la vie, rayé le destin, entravé la destinée…Ce poids si lourd et si gênant qu'en y pensant, il en suffoquait presque.

-Je suis désolé mais je ne peux pas te monter, tu as un sabot non ferré. Nous allons voir Charlie, s'il peut arranger ça maintenant, nous nous promènerons après le repas.
-Cirio ? Que comptez-vous faire à déjeuner ?
-C'est un secret !
-Laissez-moi au moins vous aider !
-Tu as d'autres choses plus importantes à faire…Palach doit avoir besoin de toi. Je l'ai vu qui déménageait au troisième étage.
-Quoi ? Mais pourquoi donc ?
-Va savoir…

Une fois la petite femme partie, Cirio commença à préparer un plat japonais exquis dont tout le monde raffolait dans la maisonnée. Le poisson était compliqué à cuisiner mais Cirio avait appris à le préparer d'un grand chef restaurateur. Lorsque tout fut près, il prit un plateau pour Rye et l'emmena en haut.
Le jeune homme dormait le visage au repos les cheveux en bataille sur l'oreiller blanc. Visiblement, Lucy était venue nettoyer la pièce. La fenêtre ouverte laissait apercevoir le parc et l'écurie. Le soleil entrait librement dans la pièce et l'illuminait gaiement. Cirio posa le plateau sur la table de chevet et se dirigea vers l'ouverture animée par les rayons lumineux. Il observa longuement Rye.
Il était si gentil avec lui…Il devait être adorable la plupart du temps et il ne regrettait pas de l'avoir invité. De toutes façons, il voulait qu'il reste pour mieux le connaître et parce qu'il l'attirait. Autant, sinon plus que Bryan lorsqu'il l'avait rencontré.
Bryan…
Son souvenir était trop douloureux… Un mal infini, lancinant et répétitif. Mais il le méritait.
Tout entier dans son souvenir il n'entendit pas Rye se lever et approcher. Il ne l'aperçut que lorsqu'il caressa tendrement sa joue.

-Pourquoi pleures-tu Cirio ?
-Je ne pleure pas ? …

Il se rendit compte du contraire et sécha ses larmes du revers de la main.

-Tu ne devrais pas te déplacer. Ta blessure pourrait encore se rouvrir, dit-il en posant la main sur elle. Il sentit le cœur de Rye battre la chamade sous sa paume et le sien s'emballer également. Leur souffle se mêlèrent en une dangereuse harmonie tandis que Rye capturait les douces lèvres de Cirio qui se laissa aller à cette étreinte corporelle. Il se sentait faible et petit face à la musculature et la hauteur de Rye qui menait la danse pour le moment. Jusqu'à ce que…
-Aïe !
-Ca va ?
-Ca pourrait aller mieux… Je crois que pour l'exercice physique j'ai besoin de récupérer.
-C'est bien fait ! Quelle idée de te lever maintenant !
-Je t'ai vu verser des larmes…Ca m'a fait mal au cœur…Je ne supporte pas de te voir pleurer Cirio…Avoua Rye sincèrement, une réelle lueur d'inquiétude dans les yeux.
-Je…suis désolé…Mais…
-Hé ! Les amoureux ! Vous avez mangé ? C'est en train de refroidir !!!
-Palach !
-Je tombe au mauvais moment ? Sourit-elle diaboliquement.
-Je vais commettre un meurtre !
-Arrêtez de vous peloter et Cirio viens manger !
-Hn…J'arrive. Et toi bouge pas de ton lit ! Et ne recommence jamais ce que tu viens de faire !

Cirio balança cette dernière phrase très sérieusement en regardant ailleurs que dans les yeux de Rye pour que son regard ne trahisse en rien ses dires. Ils descendit avec sa sœur sans rien ajouter. Rye regarda le jeune homme s'en aller, son dos dont on apercevait les courbes musculeuses régulières et la nuque fraîche et tentante balayée par les mèches blondes rebelles.
Il toucha ses lèvres du bout de ses doigts fins et rêva encore et encore de leur baiser. Il se rendit compte qu'il n'obéirait pas à son ami : il recommencerait. Il essayerait, mais le résultat…

-[La beauté intérieure et extérieure de Cirio fait de lui un être que je désire atrocement. Mais il me manque un élément afin que je le comprenne. Il aurait du, il veut venir à moi mais quelque chose ou quelqu'un l'en empêche…Mais qui ?]
-Tout doux !!! Je sais que tu es pressé de galoper, mais le terrain est trop rocheux par ici. Météore ! Tout doux….

Le nom du cheval eut plus d'effet que toutes les injonctions de Cirio qui tentait tant bien que mal de lui faire comprendre quelque chose. Une pluie perçante se mit à tomber et il dut repartir. Sa légère veste ne cachait pratiquement rien de son corps tandis que le soleil se couchait déjà.

-J'ai du rester plus longtemps que je ne le pensais…Lucy va me tuer…

Lorsqu'il parvint enfin chez lui, il rentra sa monture et l'emmena dans son box. Il alla ensuite jeter un coup d'œil à Rye junior qui dormait près de sa maman.
Au dehors la pluie tombait fortement, une tempête se préparait. Le noir de la nuit ne laissait apercevoir aucune étoile, pas même la lune. La maison dormait également, mais il y avait une faible lueur dans sa chambre.

-Rye ?
-Non, c'est moi…Vous n'êtes pas trop trempé ?
-Non mais, Lucy ? Comment es-tu entrée ?
-Vous croyez vraiment qu'après toutes ces années je ne connais pas le code de votre chambre ? Et j'en passe.
-…Pourquoi ?
-Il délirait cet après-midi et il est fiévreux. Il faut qu'il voit un médecin.
-Je…Oui tu as raison. J'ai un téléphone number, il paraît qu'il est spécialiste en discrétion. Appelle ce médecin, qu'il vienne le plus vite possible.
-Très bien.
-Je vais le veiller.
-Il répète souvent votre prénom…Je crois que vous avez marqué son cœur…
-T'es dans un sacré état…T'es peut-être pas si fort que ça ! Tu t'es fait vulgairement tirer dessus. En plus, par des flics minables de provinces, même pas par des professionnels !
-(silence maladif de la part de Rye comateux)
-Tu as l'air si calme, pourtant il doit y avoir du remue ménage là-dedans ! Tu sais que t'as de la chance, le médecin va se déplacer en pleine nuit juste pour toi !

Tout en continuant son dialogue à repartie unique, Cirio passait une serviette humide sur le front en sueur du malade en le contemplant d'un regard doux.

-Cirio ? Le médecin est arrivé, je le fais monter ici ?
-Oui, mais dissimule bien la bibliothèque. Ensuite va te reposer, je m'occupe de tout.
-Je ne dis pas non, je suis exténuée.
-Bonne nuit Lucy.


-Mr Trinnt ?
-Je suis là, approchez. Je vous suis gré d'être venu si vite en pleine nuit.
-Quelle coïncidence ! Cirio avec la Honda noire !
-Je me souviens de toi mais je n'ai pas retenu ton nom, désolé !
-Max.
-Il est mal en point…Un impact de balle près du cœur et de la fièvre. J'ai enlevé la balle et j'ai recousu, mais maintenant il délire sans cesse.
-Je m'en occupe. Tu devrais te changer, tu es trempé…
-Ah oui ! J'avais oublié…Si tu as besoin de quelque chose, je suis à côté ! Je vais me doucher.
-Très bien…

Quand Cirio sortit de la douche, il se mira dans l'immense glace murale. En deux jours à peine il était presque redevenu lui-même. Enfin, il avait retrouvé sa joie de vivre, son assurance, sa fierté…Il avait accepté une mission, mais sans vraiment donner sa promesse. Et il s'était pratiquement épris de Rye…Quelle histoire affreusement compliquée !
Mais il ne fallait pas qu'il faillisse à sa promesse. Il avait tué Bryan, et juré sur sa tombe qu'il ne tuerait plus personne, ni n'aimerait………Enfin…Il ne l'avait pas vraiment promis mais il ne pensait pas pouvoir éprouver des sentiments aussi profonds pour personne d'autre que Bryan…
Il ne s'y était pas attendu…
Il se rendit à moitié habillé dans la chambre et de dirigea vers l'armoire. Il enfila un pull moulant décolleté en V, laissant ses clavicules et sa gorge à l'air libre.

-Est-ce qu-il va mieux ? Demanda-t-il en s'approchant de Rye.
-Ca va, pour l'instant il lui faut du repos et de l'eau. Ainsi qu'une surveillance rapprochée…
-Pour ça il n'y a aucun problème. Que lui as-tu fait ?
-Une injection pour la douleur au niveau de sa blessure qui activera plus d'anticorps à cet endroit, et de la morphine pour qu'il dorme tranquillement.
-Tant mieux…J'espère qu'il se rétablira vite.
-Ca dépend seulement de lui si tu fais ce que je t'ai dit.
-Mais il n'y a pas de danger ?
-Non, mais si la blessure s'ouvre encore, emmène-le à l'hôpital d'urgence.
-Merci…Veux-tu un kawa ?
-Avec le plus grand plaisir ! Je suis crevé…
-Toutes ses courses m'ont épuisé…Au fait ça te dit toujours ?

Cirio observa Rye un petit moment et répondit :

-J'ai assez d'émotions fortes pour l'instant.
-Je n'en doute pas…Bon, je vais m'en retourner. La route est longue jusqu'en ville.
-Oui, plutôt…Je te dois combien ?
-Je t'enverrais la facture demain. Là, je n'ai plus mes notions de mathématiques en tête…
-Cirio ? Que se passe-t-il ? J'ai entendu du bruit…
-Ce n'est rien. Au revoir.
-Salut !

Cirio referma la porte derrière Max. Palach le regardait attentivement.

-Tu as l'air exténué ! C'était qui lui ?
-Un médecin.
-Est-ce que Rye va bien ?
-Oui…
-Je peux aller le voir un moment ? S'il te plait !
-ok…
-Il dort comme un bébé.
-Maintenant oui, mais ce n'était pas le cas il y a un moment…
-Bon je vais me coucher à présent. Essaie de dormir un peu tout de même.
-Oui, j'essaierais.

Il s'installa par terre tournant le dos au lit et s'y accouda après avoir pris le manga qu'il avait commencé avant que Rye n'entre chez lui. Le livre n'était pas très long mais il dut renoncer à le lire s'inquiétant sans arrêt pour le jeune homme endormi.
Il remuait les lèvres dans son sommeil, sans doute se débattait-il contre ses démons.
Cirio se rappela une scène similaire qui datait de huit mois environs.

Flashback

-Cirio ? Pourquoi me regardes-tu ainsi ?
-Parce que je veux graver ton image dans ma mémoire et dans mon cœur. Et tu es si beau que je ne peux que t'admirer…
-Ne te moque pas de moi ! Tu es plus mignon que moi et en plus tu as un cœur en or !
Tu serais incapable de faire du mal à quelqu'un ! Pas comme moi…
-Qu'est-ce que tu racontes ! Au fait, t'as chopé du muscle ! Si tu continues ainsi je te laisse ! Tu sais que j'ai horreur des mecs très musclés !
-Pourquoi es-tu déjà levé ?
-Tu parlais dans ton sommeil…Ca m'a réveillé, mais je n'ai pas compris…Moi qui comptait te faire du chantage…Pas de chance !
-Du chantage ?
-Un baiser.
-Idiot ! Il suffit de demander…


-Pourquoi es-tu assis là tout seul Bryan ?
-On m'a envoyé une lettre, comme quoi je dois partir et abandonner ma place de garde du corps auprès du ministre si je ne veux pas mourir ou subir un échec…

Cirio enlaça le jeune homme en se retenant de tout déballer.

-Peut-être devrais-tu faire ce que cette lettre dit, et appeler la police…
-Tu ne comprends pas ce métier est très important pour moi, et puis le ministre est mon ami à présent. Je ne peux pas lui faire ça !
-Alors tu préfères risquer ta vie pour un mec qui pourrait te renvoyer pour une seule erreur ! Mais moi je ne veux pas te perdre ! Je t'aime merde ! Tu m'entends ! JE T'AIME BRYAN !

Cirio s'effondra en larme et Bryan sourit de bonheur.

-Je t'aime aussi Cirio…


-Ci…Cirio…Pour…quoi ? aaaaa….
-Je suis désolé…Pourquoi n'es-tu pas parti ? Je t'avais dit de partir ! My god ! Bryan ! Je t'aime ! Tu ne peux pas mourir ! Stay with me !
-C'était toi, la lettre...Tu es un tueur à gages pour l'état n'est-ce pas ?
-oui…
-Pro…Promet-moi…Que tu vas arrêter…Arrête de tuer…Cela te rendra malheureux… Je ne veux pas que tu vives dans le malheur, il ne doit pas exister pour toi…
-Je te le promets…
-Ne pleure pas…Chacun son métier…Chacun son destin… Love, Cirio……


Cirio revint dans le présent, le livre était tombé de ses genoux qui tremblaient en s'entrechoquant. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux. Ses souvenirs étaient mauvais pour sa santé. Il avait tué l'homme de sa vie…Son cœur était à jamais brisé…Il ne voulait pas encore souffrir.
Il resta trois nuits au chevet de Rye qui ne se réveillait pas. La journée il faisait de grandes randonnées équestres avec Météore qui ne s'en plaignait pas. Quand il revint le soir du quatrième jour…

-Cirio ! Cirio ! Rye s'est réveillé !!! Il te demande vite ! Cirio !!!!
-Valà valà j'arrive !

Il monta les marches qui menaient au troisième quatre par quatre et lorsqu'il arriva devant la porte il eut le trac… Comme un ado…Ca fout la honte…

-Hello Rye !
-Hi Cirio…
-Comment tu te sens ?
-Et toi ?
-Joue pas au plus fin avec moi…

Cirio s'approcha de lui et s'assit sur le fauteuil aux côtés du lit mais resta à une distance raisonnable (donc 8000 kilomètres~) et observa son visage reposé mais amaigri.

-Un médecin est venu y paraît…C'était si sérieux que ça ?
-Hn…
-Cirio s'il te plaît approche-toi…Supplia Rye avec espoir.

Celui-ci saisit la main tendue et s'assit sur le lit le cœur battant. Rye profila ses doigts vers son visage anxieux et caressa les mèches folles qui s'égaraient sur son front, sur ses tempes, sur son cou…Il agrippa tendrement la nuque fraîche et palpitante en capturant le regard émeraude et implorant son accord. Il joignit ses lèvres à celles de Cirio qui ne réagit pas de suite, pris dans un tourbillon de sentiments contraires, de promesses, de volontés…Mais il répondit fiévreusement à son baiser avide et en même temps si doux…Rye mordit délicatement la lèvre satinée s'imprégnant de leur saveur sucrée…Il la découvrit d'une langue curieuse et maligne, découvrant pour la première fois le plaisir d'un vrai baiser avec l'homme qu'il aimait…

-(L'homme que j'aime ? J'aime Cirio…..J'aime Cirio… et lui ?……………)

Il approfondit leur baiser d'une pression sur la nuque toujours prisonnière et rendit son étreinte vitale pour Cirio, sa main s'aventura hasardeusement sous la chemise pourpre, parcourant la large surface de son dos plat et de son ventre fermement musclé traçant des sillons de feu sur la peau brûlante.
Mais Cirio arrêta là leur contact, s'éloignant jusqu'à la fenêtre, complètement perdu…

-Je n'aurais pas du, j'aurais du t'arrêter…
-Pourquoi ? Tu le désires autant que moi ? Ou peut-être me suis-je trompé ?
-Il ne pourra rien se passer entre nous Rye, tu dois le comprendre…
-Je dois comprendre cette phrase dénuée de sens Cirio ? Et renié ce que me dicte mon cœur ? Même dans la rue ce n'est pas ce qu'on apprend…
-Rien, c'est impossible et je ne veux pas que tu te fasses des idées, c'est pour cette raison que je t'ai stoppé…Pour moi c'est impossible….
-Pour quelle raison ? Je pense que j'ai le droit de savoir ! Tu me dois bien ça !
-Je…
-Rye tu vas bien ? Oups…Je tombe au mauvais moment à chaque fois ma parole ! Je me retire, excusez-moi…
-Non Palach, tu peux rester, Rye et moi on en a fini pour l'instant….On reparlera de ça plus tard…Bonne nuit…
-Cirio ! Cirio ! Qu'as-tu Cirio !

Mais il ne l'entendait déjà plus, chevauchant sa Honda il partit en ville, la conscience et la tête lourde…
Il se retrouva chez John…Un de ses anciens amants de passage après la mort de Bryan. Il ne lui procurait pas beaucoup de plaisir, mais dans ses bras il avait oublié quelques peu ses problèmes, avec une bonne dose d'alcool aussi…Il sonna une fois, la porte s'ouvrit aussitôt…John était seul, il le savait car il lui avait expliqué que lorsqu'il ne répondait pas avant quatre sonneries, il était occupé…

-Cirio ?

Il n'eut pas le temps de parler plus, Cirio l'embrassa désespérément. C'est avec sauvagerie qu'il enleva ses vêtements et les siens en l'entraînant sur le canapé. John répondit à sa précipitation en une totale capitulation…
Cirio était l'un de ses seuls amants capables d'éveiller son corps à l'extase le plus complet.
Il le fit sien brusquement laissant déferler sa colère et toute sa déception sur lui.
Epuisé, il s'écroula sur son torse musculeux et puissant. L'autre l'enveloppa de ses bras et le porta quelques minutes plus tard dans sa chambre…Il recommencèrent leur rituel sexuel mais cette fois plus calmement, trop lascivement au goût de Cirio, qui ne cessait de penser à Rye, voyant son expression douloureuse à sa fuite, revivant à l'infini leurs courts moment passés ensemble. Il eut soudain envie de vomir et se précipita aux toilettes.

-(Qu'est-ce qui m'a pris de venir ici et de baiser avec John, je suis dégueulasse…Je me suis servi de lui…Oh Rye si seulement tu pouvais comprendre que je t'aime trop pour te faire souffrir…Bryan était tout pour moi, toi aussi à présent, mais saurais-je retrouver les gestes ?)

Il se redressa livide et revint dans la chambre s'asseyant à côté de son amant.

-Je suis désolé…
-Ce n'est rien, je ne t'en veux pas…Tu repars déjà ?
-Oui, j'ai des choses à régler…Au revoir John…
-Adieu Cirio…

Il avait senti que le jeune n'avait pas été avec lui dés le début de leurs attouchements…C'était pareil avant mais il en avait eu moins conscience…
Il regarda une dernière fois le corps parfait de son cadet, laissant traîner son regard sur son sexe encore libre, sur ses formes fermes et plates, son visage fin…Ses yeux émeraudes, meurtriers par moment, aimants par d'autres…La bouche sensuelle et douce, les cheveux rebelles et libres, blonds comme les blés. (on se croirait dans blanche-neige ça craint, mais j'ai pas trouvé mieux pour les décrire)
Celui-ci sortit de la maison, enfourcha sa moto et parcourut des kilomètres avant de revenir sur le chemin de sa maison.

-Rye ! Ca fait plusieurs heures qu'on ne retrouve plus Cirio ! Que s'est-il passé ?
-Il est sûrement sorti à l'extérieur…
-C'est exact, j'étais sorti en ville……
-CIRIO ! Je me suis tant inquiétée ! Tu vas bien ?
-Ca va, va dormir à présent je te verrais demain…
-Tu ne m'embrasses pas ?

Cirio lui jeta un regard vide, comprenant son désappointement, mais se dégoûtant lui-même, il décida de ne pas la souiller…

-Pas ce soir, j'empeste l'alcool, je suis saoul…
-…Bonne nuit Rye…Cirio…
-Je vais prendre une douche…J'en ai pour dix minutes…

Il ferma la porte de la salle de bain, régla le thermostat sur la température la plus basse, se déshabilla et laissa son corps sous le jet gelé et meurtrissant. L'eau rougissait son corps exposé et refroidissait son ardeur, ses pensées, sa volonté, tous ce qu'il s'était imposé.
Il sortit de la pièce, se sentant déjà un p'tit peu mieux…

-Tu n'as pas bu, pourquoi lui avoir menti ?
-J'ai couché avec un mec.
-…

La phrase, prononcé clairement et sans sentiment, fit l'effet d'une douche de -50°C à Rye qui sentit son cœur se serrer comme sous un étau métallique.

-Qui ?
-Peu importe son nom, mais c'était un de mes anciens amants…
-Pourquoi ?
-J'en sais rien…Mais c'est trop tard maintenant. Je suis revenu pour qu'on s'explique tous les deux.
-Je t'écoute…
-D'abord, je souhaite que tu restes ici durant ta convalescence, après tu pourras partir si tu le souhaites, mais tu seras toujours le bienvenu.

Ensuite, je ne veux pas que des incidents tels que ce qui s'est passé tout à l'heure se reproduisent…Pour l'instant je ne suis pas près…

-Tu veux dire que tu ne supporte pas un baiser de ma part mais que tu acceptes de coucher avec un autre mec ?…Je veux bien respecter tes conditions quant à notre relation, mais ne peux-tu pas me fournir un minimum d'éclaircissement ?
-Je regrette, c'est impossible…Je ne peux pas te parler de mes raisons…C'est strictement personnel…Maintenant je te laisse, je vais prendre une chambre d'amis, nous nous reverrons demain. Dors bien…

Il sortit de la chambre laissant Rye seul, désorienté.

-[Je ne comprends pas ce qui l'empêche de m'expliquer…Une promesse faite à quelqu'un ? Peut-être a-t-il peur d'aimer ? Peut-être a-t-il peur d'aimer de nouveau et de souffrir ou de souffrir tout court… ?]

Il se retourna et grimaça, sa blessure le démangeait douloureusement mais il accueillait cette souffrance avec une certaine joie, c'était la seule chose qu'il pouvait comprendre et qui était logique et rationnel pour le moment dans sa tête.
Il ne comprenait pas le comportement de Cirio…Lui qui pouvait être si calme doux et attentif aux besoins des autres, savait être cruel et insensible par moment. Enfin il était tueur, ça avait quelque chose de logique…Pourtant, chez Cirio, il ne pouvait pas le concevoir…Un truc le minait de l'intérieur mais quoi ? Même avant qu'il arrive c'était ainsi, même pire, en quelque sorte, son arrivée avait été bénéfique pour lui…Cirio ne pouvait pas nier qu'ils étaient attirés l'un vers l'autre réciproquement, il fallait juste qu'il découvre son problème et qu'il l'aide à le surmonter.

-Voilà bien la première fois que j'aime quelqu'un de la sorte et que je veux établir une relation stable…Pourtant il ne doit pas ressentir les mêmes sentiments à mon égard…Il a couché avec un autre type…Mais il me l'a dit…Bien que ça n'efface rien de la souffrance émotionnelle qu'il ma infligée, ça veut dire qu'il regrette…D'ailleurs, tout en lui prouvait qu'il s'en voulait…Quel cauchemar !

Le lendemain matin il descendit tard dans la cuisine et se mit à questionner Lucy en s'assurant auparavant que Cirio ne serait pas là pour un bon moment…


-Lucy, qu'est-il arrivé à Cirio pour qu'il réagisse ainsi ?

La gouvernante cessa son va et vient dans la cuisine et fixa Rye d'une drôle de façon.

-Vous me jaugez ?
-Oui. Cirio vous connais depuis peu et il a une entière confiance en vous, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Je ne vais pas vous mentir : j'aime Cirio comme un fils, et tous ce que je fais a pour unique objectif son bonheur. Pourquoi voulez-vous connaître son… " secret " ?
-Je ne pense pas que ce soit un secret mais plutôt un poids qui l'empêche de vivre normalement ou de ressentir comme il le devrait…Quant à dire qu'il y a une raison pour que je veuille savoir, oui.
Je l'aime.
-…Je ne peux que vous croire, hélas, il est trop tard pour mon Cirio, le mal est déjà fait…
-…
-Il y a maintenant sept mois, Cirio a eu pour mission de tuer un ministre influent qui au dernier moment aurait retourné sa veste pour se mettre contre l'Etat. Il avait une relation lors de cette mission, avec le garde du corps du ministre, Bryan. Il l'aimait éperdument, ne vivant plus que pour lui, avec lui, en parlant incessamment de lui. Il essaya par des moyens non directement relié à lui-même de dissuader Bryan de continuer son emploi. Mais celui-ci était de la trempe de ceux qui n'abandonnent pas aussi facilement. Croyant l'avoir persuadé, Cirio orchestra donc l'assassinat, mais le jour J, il tua Bryan avant de tuer le ministre…Il jura sur sa tombe de ne plus tuer. Il y clos son cœur également, je pense que c'est ça…Il ne veut pas souffrir de nouveau ou il a sûrement peur de ne plus savoir aimer…
-Je comprends maintenant ses réserves…Je vais l'aider à faire face, qu'il veuille de mon aide ou non…
-Mes pensées vous accompagnent…Vous me plaisez beaucoup et je vous confie ma confiance…
-Magnifique jeu de mots, mais de quoi parliez-vous ?
-Cirio, déjà de retour ? Je croyais que vous resteriez la journée comme les jours précédents…
-Rye est réveillé de son sommeil, je peux maintenant rester ici sans décrocher le téléphone et appeler tous les médecins de la terre !!!

Sa bonne humeur et sa vivacité étaient revenues…C'était vraiment l'idée d'aimer qui l'effrayait…



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